Les Evangiles apocryphes : menace ou ressource ?

Un bibliste et un théologien auteurs d’un ouvrage sur la question

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ROME, Mercredi 18 juillet 2007 (ZENIT.org) – Qui a inventé le personnage de Marie-Madeleine que l’on voit dans les films ? La résurrection de Jésus est-elle un pur symbole ? Quelle est la place du canon et des hérésies ? Autant de questions, et il y en a d’autres, soulevées par ceux que l’on a appelé les « Evangiles apocryphes », auxquels un livret publié récemment en italien, tente de répondre.

L’ouvrage, intitulé « L’ABC dei Vangeli Apocrifi » ( L’ABC des Evangiles apocryphes) et publié par les Edizioni San Paolo (www.stpauls.it), a été écrit par le bibliste, don Giacomo Perego, de la société Saint-Paul, et par le théologien don Giuseppe Mazza.

Giacomo Perego, professeur d’Ecritures saintes à l’Institut de théologie de la Vie consacrée « Claretianum » à Rome et responsable du secteur biblique des Editions Saint-Paul, a expliqué à ZENIT qu’ « il n’existe pas de thèse unique derrière les Evangiles apocryphes ». Cela dépend beaucoup du contexte qui entoure chaque Evangile apocryphe.

Quand le texte apocryphe naît dans un milieu judéo-chrétien non extrémiste, par exemple le proto-évangile de Jacques, « il est clair que l’objectif sera de mettre en évidence l’importance de la loi, en rappelant certaines vérités mises en discussions par des groupes adverses, en exagérant ‘par excès’”.

« Il suffit d’ailleurs de penser à la façon dont le proto-évangile de Jacques présente la virginité de Marie, son ‘excellence’ par rapport à toutes les autres créatures, sa relation très particulière avec Joseph réduit à sa seule fonction de gardien », explique don Perego.

« Si le texte est en revanche issu d’un milieu gnostique, il est évident que l’évangile ne reflètera pas la doctrine. C’est le cas de l’évangile de Marie ou de l’évangile de Philippe, où émergent de manière forte les principes antithétiques de l’homme et de la femme, du charisme et de l’institution, de l’esprit et du corps… La vérité de foi de l’incarnation sera mise au ban, tout comme la réalité de la mort et celle de la résurrection du Christ », observe-t-il.

Par contre, dans les textes qui fleurissent dans des milieux très hostiles au judaïsme (si l’on pense, par exemple, à l’évangile de Marcion), « on exaltera, enfin, la figure de Paul et refusera tout ce qui se réfère à la loi hébraïque et à l’Ancien Testament, finissant dans ce cas par créer des antithèses absurdes et inutiles », a-t-il dénoncé.

Mais « si d’un côté, les apocryphes semblent refleurir – librairies, kiosques et salons mondains débordent désormais de brochures et de livrets sur ces illustres oubliés », poursuit le professeur de Théologie fondamentale Giuseppe Mazza, de l’université pontificale Grégorienne, « de l’autre, le fait que la valeur attribuée aujourd’hui à ces écrits se présente, bien au-delà du simple boom éditorial, comme un indicateur et un ‘effet de condensation’ d’une nébuleuse culturelle aux contours pas toujours définis, ne peut échapper à un regard attentif ».

« Mais que racontent les apocryphes, en parlant de Dieu et de Jésus Christ ? », s’interroge le professeur Mazza qui répond : « Ils relatent avant tout, avant même le fait et au-delà du récit de l’événement en soi, un désir : le désir d’exprimer et de rendre accessible un dialogue divino-humain où les attentes de l’homme sont interceptées par un Dieu non distant, non abstrait, non indifférent ».

« Le principe est admirable : raconter un Dieu qui me répond. N’est-ce pas ce que l’on désire, plus ou moins explicitement, de tous temps ? N’est-ce pas là le défi d’un christianisme qui sait finalement montrer le visage personnel de Dieu ? N’est-ce pas le moment de redécouvrir la valeur dialogique et interlocutoire des pratiques confessionnelles, et celle de la prière en premier lieu ? », se demande don Mazza.

En partant de ces provocations, cet ouvrage tente d’offrir des aides pastorales pour affronter la question.

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ZENIT Staff

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