La fête de la Pentecôte à Jérusalem au temps d’Ethérie, par Jean-Marie Allafort

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« Un Echo d’Israël », chrétiens en ligne et info de première main

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ROME, Jeudi 31 mai 2007 (ZENIT.org) – Au moment où les chrétiens viennent de célébrer la fête de la Pentecôte, Jean-Marie Allafort, rédacteur en chef de « Un Echo d’Israël », propose ce récit de la pèlerine Ethérie (ou Egérie) qui décrit la liturgie de cette fête à Jérusalem à la fin du IVe siècle (cf. http://www.un-echo-israel.net).

Cette journée est très chargée avec des processions et des célébrations particulièrement longues. Dans la Jérusalem chrétienne d’aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose des rites décrits par la célèbre pèlerine.

Le début de la fête se célèbre, comme chaque dimanche, dans l’Eglise du St Sépulcre (Anastasis) : « Le 50e jour après Pâques, qui est le dimanche, jour de très grande fatigue pour le peuple, tout se passe, depuis le premier chant du coq, comme d’habitude : on fait les vigiles à l’Anastasis, l’évêque lisant le passage de l’évangile qui se lit toujours le dimanche, celui de la résurrection du Seigneur ; après quoi on fait à l’Anastasis les cérémonies habituelles, comme toute l’année.

Quand le matin est arrivé, tout le peuple va en procession à l’église majeure, au Martyrium, et on fait aussi tout ce qu’on a l’habitude de faire ; les prêtres prêchent, puis l’évêque, on fait tout ce qui est de règle, c’est à dire l’oblation (eucharistie) comme d’habitude, ainsi qu’on la fait tous les dimanches ; mais, ce jour là, on avance le renvoi au Martyrium, de manière qu’il ait lieu avant la troisième heure. »

Liturgie au Mont Sion

Puis la pèlerine détaille la liturgie particulière de ce jour de fête qui se poursuit au Mont Sion : « Quand le renvoi a eu lieu au Martyrium, tout le peuple sans exception, au chant des hymnes, conduit l’évêque à Sion, mais de manière à être à Sion juste à la troisième heure. Arrivé là, on lit le passage des Actes des Apôtres (Ac 2, 1 12) où l’Esprit descendit, en sorte que des hommes de toutes les langues comprenaient ce qui était dit ; après quoi a lieu l’office de la façon ordinaire. Les prêtres s’appuient sur ce texte qui a été lu, d’après lequel c’est là l’endroit, à Sion (il y a maintenant une autre église), où jadis, après la passion du Seigneur, s’était rassemblée la multitude avec les apôtres et où se passa ce que nous venons de dire : on y lit donc le texte des Actes des Apôtres. Après quoi, a lieu régulièrement la messe, on y fait l’oblation et, au moment de congédier le peuple, l’archidiacre élève la voix et dit : « Aujourd’hui, aussitôt après la 6e heure, soyons tous là, à l’Eléona, à l’église de l’Imbomon. » Tout le monde rentre donc, chacun chez soi, pour se reposer et, aussitôt après le déjeuner, on monte au mont des Oliviers, c’est à dire à l’Eléona, dans toute la mesure du possible, en sorte que pas un des chrétiens ne reste dans la ville et personne ne manque d’y aller. »

Liturgie au Mont des Oliviers

Le troisième moment des festivités de la pentecôte se déroule au Mont des Oliviers d’abord au lieu de l’Ascension puis dans la basilique de l’Eléona (aujourd’hui le lieu du Pater) qui était la plus importante église de Jérusalem après celle du St Sépulcre au IVème siècle. Selon le témoignage d’Ethérie, la fête de l’Ascension quarante jours après Pâques n’existe pas encore à cette époque. C’est le jour de la pentecôte que les chrétiens se souviennent de cet événement.

Ethérie raconte : « Une fois donc qu’on est arrivé sur le mont des Oliviers, c’est à dire à l’Eléona, on va d’abord à l’Imbomon, c’est à dire à l’endroit d’où le Seigneur est monté aux cieux ; et là, l’évêque s’assied ainsi que les prêtres, tout le peuple s’assied, on fait des lectures, on dit des hymnes qu’on intercale, on dit aussi des antiennes appropriées au jour et au lieu ; de même les prières intercalées expriment toujours des pensées qui conviennent au jour et au lieu ; on lit aussi le passage de l’évangile qui parle de l’ascension du Seigneur (Me 16, 19 ; Le 24, 50 53) ; on lit en outre celui des Actes des Apôtres qui parle de l’ascension du Seigneur dans les cieux après sa résurrection (Ac 1, 4 13). Quand c’est fait, on bénit les catéchumènes, puis les fidèles, et à la neuvième heure, on redescend ; au chant des hymnes, on va à l’autre église qui est, elle aussi, à l’Eléona, c’est à dire à la grotte où le Seigneur s’asseyait pour instruire ses apôtres. Quand on est arrivé là, il est maintenant plus de la dixième heure ; on y fait le lucernaire, on dit une prière, on bénit les catéchumènes, puis les fidèles. »

Procession jusqu’au St Sépulcre

Ethérie décrit une procession au flambeau depuis l’Eléona jusqu’au St Sépulcre : « De là, on descend au chant des hymnes, tout le peuple sans exception, tous avec l’évêque, en disant des hymnes tout doucement, tout doucement jusqu’au Martyrium. Quand on arrive à la porte de la ville, il fait déjà nuit et on apporte des flambeaux d’église, au moins deux cents, pour la foule.

De la porte, comme il y a pas mal de chemin jusqu’à l’église majeure, c’est à dire au Martyrium, alors on n’y arrive qu’à la seconde heure de la nuit, à peu près, parce qu’on va toujours tout doucement, tout doucement, à cause du peuple, de peur qu’on ne soit fatigué d’aller à pied. On ouvre les grandes portes qui donnent sur le marché et tout le peuple entre au Martyrium au chant des hymnes, ainsi que l’évêque. Une fois entré dans l’église, on dit des hymnes, on fait une prière, on bénit les catéchumènes, puis les fidèles ; on repart de là au chant des hymnes pour aller à l’Anastasis. De même, quand on est arrivé à l’Anastasis, on dit des hymnes et des antiennes, on fait une prière, on bénit les catéchumènes, puis les fidèles ; et on fait de même à la Croix. »

Ultime procession jusqu’au Mont Sion

« Repartant de là, tout le peuple chrétien sans exception, au chant des hymnes, conduit l’évêque jusqu’à Sion. Arrivé là, on fait des lectures appropriées, on dit des psaumes et des antiennes, on fait une prière, on bénit les catéchumènes, puis les fidèles, et c’est le renvoi. Après le renvoi, tous s’approchent pour baiser la main de l’évêque, puis chacun rentre chez soi, à peu près vers minuit. Ainsi donc, on a une très grande fatigue à supporter ce jour là, puisque, dès le premier chant du coq, on a célébré les vigiles à l’Anastasis et qu’ensuite, pendant toute la journée, on n’a jamais eu de cesse ; et toutes les cérémonies se prolongent tellement que c’est à minuit, après le renvoi qui a eu lieu à Sion, que tout le monde rentre chez soi. »

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ZENIT Staff

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