Discours de Benoît XVI aux évêques du Brésil (11 mai)

Texte intégral

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ROME, Vendredi 18 mai 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé le vendredi 11 mai, dans le cadre de son voyage au Brésil, aux évêques du Brésil réunis dans la Catedral da Sé, au terme de la célébration des Vêpres.

* * *

Bien-aimés frères dans l’épiscopat !

« Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion ; et ainsi, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel » (cf. He 5, 8-9).

1. Le texte que nous venons d’entendre dans la brève lecture des Vêpres d’aujourd’hui contient un profond enseignement. Dans ce cas aussi, nous constatons que la Parole de Dieu est vivante et plus tranchante qu’une épée à double tranchant, elle pénètre jusqu’aux portes de l’âme, lui procurant un réconfort et encourageant ses serviteurs fidèles (cf. He 4, 12).

Je rends grâce à Dieu de m’avoir accordé de rencontrer un épiscopat prestigieux, qui préside à l’une des populations catholiques les plus nombreuses du monde. Je vous salue avec des sentiments de profonde communion et d’affection sincère, connaissant bien le dévouement avec lequel vous suivez les communautés qui vous ont été confiées. L’accueil chaleureux de la part du curé de la Catedral da Sé et de toutes les personnes présentes m’a donné l’impression d’être chez moi, dans cette grande Maison commune qu’est notre Sainte Mère, l’Eglise catholique.

J’adresse un salut spécial à la nouvelle présidence de la Conférence nationale des évêques du Brésil et, tout en exprimant ma reconnaissance pour les paroles de son Président, Mgr Geraldo Lyrio Rocha, je forme les vœux d’un travail fructueux dans la tâche de consolider toujours davantage la communion entre les évêques et de promouvoir l’action pastorale commune sur un territoire aux dimensions continentales.

2. Le Brésil accueille avec son hospitalité traditionnelle les participants à la Ve Conférence de l’épiscopat latino-américain. J’exprime mes remerciements pour l’accueil courtois de la part de ses membres et ma profonde satisfaction pour les prières du peuple brésilien, élevées en particulier pour le succès de la rencontre des évêques à Aparecida.

Il s’agit d’un grand événement ecclésial qui s’inscrit dans le cadre de l’effort missionnaire que l’Amérique latine devra assumer, précisément à partir d’ici, du sol brésilien. C’est pourquoi j’ai tout d’abord voulu m’adresser à vous, évêques du Brésil, en évoquant ces paroles riches de contenu de la Lettre aux Hébreux : « Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion ; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel » (He 5, 8-9). Ces versets, qui possèdent une signification très riche, parlent de la compassion de Dieu à notre égard, exprimée dans la passion de son Fils ; et ils parlent de son obéissance, de son adhésion libre et consciente aux desseins du Père, explicitée de manière particulière dans la prière au mont des Oliviers : « Pas ma volonté, mais la tienne » (Lc 22, 42). Ainsi, c’est Jésus lui-même qui nous enseigne que la véritable voie du salut consiste à conformer notre volonté à celle de Dieu. C’est précisément ce que nous demandons dans la troisième invocation de la prière du Notre Père : que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au Ciel, car là où règne la volonté de Dieu, le Royaume de Dieu est présent. Jésus nous attire par sa volonté, par la volonté du Fils, et de cette manière, il nous guide vers le salut. En allant à la rencontre de la volonté de Dieu, avec Jésus Christ, nous ouvrons le monde au Royaume de Dieu.

Nous, évêques, sommes convoqués pour manifester cette vérité centrale, car nous sommes liés directement au Christ Bon Pasteur. La mission qui nous est confiée, comme Maîtres de la foi, consiste à rappeler, comme l’Apôtre des Nations l’écrivait lui-même, que notre Sauveur « veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité » (1 Tm 2, 4-6). Telle est la finalité de l’Eglise – et il n’y en a aucune autre – : le salut des âmes, une par une. C’est pourquoi le Père a envoyé son Fils, et « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie », est-il dit chez saint Jean (Jn 20, 21). C’est à partir de là que commence le mandat d’évangéliser : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20). Ce sont des paroles simples et sublimes, dans lesquelles sont indiquées l’obligation de prêcher la vérité de la foi, l’urgence de la vie sacramentelle et la promesse de l’aide permanente du Christ à son Eglise. Il s’agit de réalités fondamentales et elles se réfèrent à l’instruction dans la foi et dans la morale chrétienne, ainsi qu’à la pratique des sacrements. Là où Dieu et sa volonté ne sont pas connus, là où n’existe pas la foi en Jésus Christ et dans sa présence lors des célébrations sacramentelles, il manque également l’essentiel pour résoudre les problèmes sociaux et politiques urgents. La fidélité au primat de Dieu et de sa volonté, connue et vécue en communion avec Jésus Christ, est le don essentiel que nous, évêques et prêtres, devons offrir à notre peuple (cf. Populorum progressio, n. 21).

3. Le ministère épiscopal nous pousse ainsi au discernement de la volonté salvifique, dans la recherche d’une pastorale qui éduque le Peuple de Dieu à reconnaître et à accueillir les valeurs transcendantales, dans la fidélité au Seigneur et à l’Evangile.

Il est vrai que l’époque actuelle est difficile pour l’Eglise et un grand nombre de ses fils affrontent des épreuves. La vie sociale traverse actuellement une période d’égarement déconcertante. On attaque impunément la sainteté du mariage et de la famille, en commençant à faire des concessions face aux pressions en mesure d’influencer négativement les processus législatifs ; on justifie certains délits contre la vie au nom des droits de la liberté individuelle ; on porte atteinte à la dignité de l’être humain ; on diffuse la blessure du divorce et des unions libres. Plus encore, lorsqu’au sein de l’Eglise est remise en question la valeur de l’engagement sacerdotal comme don total à Dieu à travers le célibat apostolique et comme disponibilité totale à servir les âmes, et que l’on accorde la préférence à des questions idéologiques et politiques, liées à des partis, la structure de la consécration totale à Dieu commence à perdre sa signification la plus profonde. Comment ne pas ressentir de la tristesse dans notre âme ? Mais ayez confiance : l’Eglise est sainte et incorruptible (cf. He 5, 27). Saint Augustin disait : l’Eglise vacillera, si son fondement vacille ; mais le Christ peut-il vaciller ? Etant donné que le Christ ne vacille pas, l’Eglise restera intacte jusqu’à la fin des temps » (Enarrationes in Psalmos, 103, 2, 5 ; PL 37, 1353).

Parmi les problèmes que doit affronter votre sollicitude pastorale se trouve, sans aucun doute, la question des catholiques qui abandonnent la vie ecclésiale. Il semble clair que la cause principale de ce problème, parmi d’autres, peut être attribuée au manque d’une évangélisation dans laquelle le Christ et son Eglise se trouvent au centre de toute explication. Les personnes les plus vulnérables au prosélytisme agressif des sectes — qui constituent un juste motif d’inquiétude — et incapables de résister aux assauts de l’agnosticisme, du relativisme et du laïcisme sont en général les baptisés qui ne sont pas suffisamment évangélisés, facilement influençables car ils poss
èdent une foi fragile et parfois confuse, hésitante et naïve, même s’ils conservent une religiosité innée. Dans l’Encyclique Deus caritas est, j’ai rappelé qu’« à l’origine du fait d’être chrétien il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (n. 1). Il est donc nécessaire de lancer l’activité apostolique comme une véritable mission dans le cadre du troupeau constitué par l’Eglise qui est au Brésil, en promouvant une évangélisation méthodique et ramifiée en vue d’une adhésion personnelle et communautaire au Christ. Il s’agit, en effet, de ne pas épargner les efforts pour aller à la recherche des catholiques qui se sont éloignés et de ceux qui connaissent peu ou pas du tout Jésus Christ, à travers une pastorale de l’accueil les aidant à percevoir l’Eglise comme le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu, et au moyen d’un parcours catéchistique permanent.

En un mot, une mission évangélisatrice qui interpelle toutes les forces vives de cet immense troupeau est nécessaire. Ma pensée s’adresse donc aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs qui se prodiguent, très souvent avec d’immenses difficultés, pour la diffusion de la vérité évangélique. Un grand nombre d’entre eux collaborent ou participent activement dans les Associations, dans les Mouvements et dans les autres réalités ecclésiales nouvelles qui, en communion avec leurs pasteurs et conformément aux orientations diocésaines, apportent leur richesse spirituelle, éducative et missionnaire au cœur de l’Eglise, comme une expérience précieuse et une proposition de vie chrétienne.

Dans cet effort évangélisateur, la communauté ecclésiale se distingue par ses initiatives pastorales, en envoyant ses missionnaires, laïcs ou religieux, en particulier dans les foyers des banlieues urbaines et de l’intérieur du pays, en cherchant à dialoguer avec tous dans un esprit de compréhension et de charité attentive. Toutefois, si les personnes rencontrées vivent dans une situation de pauvreté, il faut les aider comme le faisaient les premières communautés chrétiennes, en pratiquant la solidarité pour qu’elles se sentent vraiment aimées. Les personnes pauvres des banlieues urbaines ou de la campagne ont besoin de sentir la proximité de l’Eglise, que ce soit à travers l’aide pour les nécessités les plus urgentes, ou la défense de leurs droits et la promotion commune d’une société fondée sur la justice et sur la paix. Les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Evangile, et l’évêque, formé à l’image du Bon Pasteur, doit être particulièrement attentif à offrir le baume divin de la foi, sans négliger le « pain matériel ». Comme je l’ai souligné dans l’Encyclique Deus caritas est, « l’Eglise ne peut pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les Sacrements ni la Parole » (n. 22).

La vie sacramentelle, en particulier à travers la Confession et l’Eucharistie, prend ici une importance de premier ordre. C’est à vous, Pasteurs, que revient la tâche principale d’assurer la participation des fidèles à la vie eucharistique et au sacrement de la réconciliation ; vous devez veiller à ce que la reconnaissance et l’absolution des péchés soient individuelles, de la même façon que le péché constitue un fait profondément personnel (cf. Exhort. apos. Reconciliatio et paenitentia, 31, III). Seule l’impossibilité physique ou morale exempte le fidèle de cette forme de confession, qui peut dans ce cas obtenir la réconciliation par d’autres moyens (cf. can. 960 ; cf. Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, n.311). Il est donc opportun d’enseigner aux prêtres la pratique de la disponibilité généreuse à accueillir les fidèles qui ont recours au aacrement de la miséricorde de Dieu (cf. Lett. apost. Misericordia Dei, n. 2).

4. Repartir du Christ dans tous les domaines de la mission, redécouvrir en Jésus l’amour et le salut que le Père nous donne, à travers l’Esprit Saint : telle est la substance, la racine de la mission épiscopale qui fait de l’évêque le premier responsable de la catéchèse diocésaine. En effet, c’est à lui que revient la direction supérieure de la catéchèse, en s’entourant de collaborateurs compétents et dignes de confiance. Il est donc évident que ses catéchistes ne sont pas de simples communicateurs d’expériences de foi, mais qu’ils doivent être d’authentiques hérauts, sous la direction de leurs pasteurs, des vérités révélées. La foi est un chemin guidé par l’Esprit Saint qui se résume en deux mots : conversion et imitation. Ces deux paroles-clé de la tradition chrétienne indiquent clairement que la foi dans le Christ implique une pratique de vie fondée sur le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain, et elles expriment également la dimension sociale de la vie.

La vérité suppose une connaissance claire du message de Jésus, transmise grâce à un langage inculturé compréhensible, mais nécessairement fidèle à la proposition de l’Evangile. A l’époque actuelle, une connaissance adéquate de la foi, bien résumée dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, dans son Compendium, est urgente. L’éducation aux vertus personnelles et sociales du christianisme fait elle aussi partie de la catéchèse essentielle, ainsi que l’éducation à la responsabilité sociale. Précisément parce que la foi, la vie et la célébration de la sainte liturgie comme source de foi et de vie sont inséparables, une application plus correcte des principes indiqués par le Concile Vatican II concernant la liturgie de l’Eglise est nécessaire, y compris les dispositions contenues dans le Directoire pour les Evêques (cf. nn. 145-151), en vue de restituer à la liturgie son caractère sacré. C’est dans ce but que mon vénérable prédécesseur sur la Chaire de Pierre, le Pape Jean-Paul II, a voulu renouveler « un vigoureux appel pour que, dans la célébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité. […] La liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés » (Lett. enc. Ecclesia de Eucharistia, n. 52). Redécouvrir et apprécier l’obéissance aux normes liturgiques de la part des évêques, en tant que « modérateurs de la vie liturgique de l’Eglise », signifie rendre témoignage de l’Eglise elle-même, une et universelle, qui préside dans la charité.

5. Il est nécessaire d’effectuer un saut de qualité dans la vie chrétienne du peuple, afin qu’il puisse témoigner de sa foi de manière limpide et claire. Cette foi, célébrée et communiquée dans la liturgie et dans la charité, nourrit et renforce la communauté des disciples du Seigneur, tandis qu’elle les édifie comme Eglise missionnaire et prophétique. L’épiscopat brésilien possède une structure très large, dont les statuts ont récemment été revus en vue d’une meilleure application et d’un dévouement plus exclusif au bien du Brésil. Le Pape est venu au Brésil pour demander que, en suivant la Parole de Dieu, tous ses Vénérables Frères dans l’épiscopat sachent être les porteurs du salut éternel pour tous ceux qui obéissent au Christ (cf. He 5, 10). Nous, Pasteurs, dans le sillage de l’engagement pris en tant que successeurs des Apôtres, nous devons être de fidèles serviteurs de la Parole, sans vision réductrice ni confusion dans la mission qui nous est confiée. Il ne suffit pas d’observer la réalité à partir de la foi personnelle ; il est nécessaire de travailler avec l’Evangile à la main, en étant ancrés à l’authentique héritage de la Tradition apostolique, sans interprétations motivées par des idéologies rationalistes.

Ainsi, « dans les Eglises particulières, il revient à l’évêque de conserver et d’interpréter la Parole de Di
eu et de juger avec autorité ce qui est ou n’est pas conforme à celle-ci » (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction sur la vocation ecclésiale du théologien, n. 19). Celui-ci, comme Maître de foi et de doctrine, pourra compter sur la collaboration du théologien qui, « dans son dévouement au service de la vérité, devra, pour rester fidèle à sa fonction, tenir compte de la mission propre du Magistère et collaborer avec celui-ci » (ibid., n. 20). Le devoir de conserver le dépôt de la foi et de garder son unité requiert une étroite vigilance, de manière à ce que celui-ci soit « conservé et transmis fidèlement, et que les positions particulières soient unifiées dans l’intégrité de l’Evangile du Christ » (Directoire pour le ministère pastoral des évêques, n. 126).

Voilà donc l’immense responsabilité que vous assumez en tant que formateurs du peuple, en particulier de vos prêtres et de vos religieux. Ce sont eux vos fidèles collaborateurs. Je connais l’engagement avec lequel vous cherchez à former les nouvelles vocations sacerdotales et religieuses. La formation théologique et dans les disciplines ecclésiastiques demande une formation permanente constante, mais toujours en accord avec l’authentique Magistère de l’Eglise.

Je fais appel à votre zèle sacerdotal et à votre sens de discernement des vocations, également pour savoir compléter la dimension spirituelle, psycho-affective, intellectuelle et pastorale chez les jeunes mûrs et disponibles au service de l’Eglise. Un accompagnement spirituel correct et assidu est indispensable pour favoriser la maturation humaine, et il évite le risque de déviations dans le domaine de la sexualité. Ayez toujours à l’esprit que le célibat sacerdotal constitue un don « que l’Eglise a reçu et veut conserver, convaincue qu’il représente un bien pour elle et pour le monde » (Directoire pour le Ministère et la vie des prêtres, n. 57).

Je voudrais également recommander à votre sollicitude les Communautés religieuses qui s’insèrent dans la vie de votre diocèse. Celles-ci offrent une précieuse contribution, car « les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit » (1 Co 12, 4). L’Eglise ne peut manquer de manifester sa joie et sa satisfaction pour tout ce que les religieux réalisent dans les Universités, les écoles, les hôpitaux et les autres œuvres et institutions.

6. Je connais la dynamique de vos assemblées et l’effort pour définir les divers programmes pastoraux de manière à ce qu’ils accordent la priorité à la formation du clergé et des agents de la pastorale. Certains d’entre vous ont encouragé des mouvements d’évangélisation pour faciliter le regroupement des fidèles selon une certaine ligne d’action. Le Successeur de Pierre compte sur vous, pour que votre préparation repose toujours sur la spiritualité de communion et de fidélité au Siège de Pierre, afin qu’il soit sûr que l’action de l’Esprit Saint ne soit pas vaine. En effet, l’intégrité de la foi, avec la discipline ecclésiale, est et sera toujours un thème qui exige de l’attention et un engagement de votre part à tous, en particulier lorsqu’il s’agit de tirer les conséquences du fait qu’il existe « une seule foi et un seul baptême ».

Comme vous le savez, parmi les divers documents qui traitent de l’unité des chrétiens, se trouve le Directoire pour l’œcuménisme, publié par le Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. A notre époque, où l’on assiste à la rencontre des cultures et au défi du sécularisme, l’œcuménisme, c’est-à-dire la recherche de l’unité des chrétiens, devient une tâche toujours plus urgente pour l’Eglise catholique. A la suite de la multiplication de dénominations chrétiennes toujours nouvelles et, surtout, face à certaines formes de prosélytisme, souvent agressives, l’engagement œcuménique devient cependant un travail complexe. Dans ce contexte, une bonne formation historique et doctrinale est indispensable, qui permette le discernement nécessaire et aide à comprendre l’identité spécifique de chacune des communautés, les éléments qui divisent et ceux qui rassemblent sur le chemin vers la construction de l’unité. Le grand domaine commun de collaboration devrait être la défense des valeurs morales fondamentales, transmises par la tradition biblique, contre leur destruction dans une culture relativiste et de consommation ; ainsi que la foi en Dieu créateur et en Jésus Christ, son Fils incarné. En outre, le principe de l’amour fraternel et de la recherche de compréhension et de rapprochement réciproque vaut toujours ; mais également la défense de la foi de notre peuple, en le confirmant dans la joyeuse certitude que l’« unica Christi Ecclesia… subsistit in Ecclesia catholica, a successore Petri et Episcopis in eius communione gubernata » (« l’Unique Eglise du Christ… subsiste dans l’Eglise catholique, gouvernée par le Successeur de Pierre et par les Evêques en communion avec lui » (Lumen gentium, n. 8).

On avancera ainsi vers un dialogue œcuménique sincère, par l’intermédiaire du Conseil national des Eglises chrétiennes, en s’engageant en vue du plein respect des autres confessions religieuses, qui désirent rester en contact avec l’Eglise catholique qui est au Brésil.

7. Il n’est pas nouveau de constater que votre pays connaît un retard historique de développement social, dont les manifestations extrêmes sont le grand nombre de Brésiliens qui vivent dans des situations d’indigence et une inégalité dans la distribution des revenus, qui peuvent atteindre des niveaux très élevés. C’est à vous, Vénérés Frères, comme hiérarchie du peuple de Dieu, qu’il revient de promouvoir la recherche de nouvelles solutions, riches d’esprit chrétien. Une vision de l’économie et des problèmes sociaux sur la base de la doctrine sociale de l’Eglise, conduit à toujours considérer les choses du point de vue de la dignité de l’homme, qui transcende le simple jeu des facteurs économiques. Il faut donc travailler inlassablement en faveur de la formation des hommes politiques, ainsi que de tous les Brésiliens qui possèdent un certain pouvoir de décision, aussi grand ou petit soit-il, et en général de tous les membres de la société, de manière à ce qu’ils assument pleinement leurs responsabilités et qu’ils sachent donner un visage humain et solidaire à l’économie.

Il est nécessaire de former dans les classes politiques et dans le monde de l’entreprise un authentique esprit de vérité et d’honnêteté. Ceux qui jouent un rôle de responsabilité dans la société doivent chercher à prévoir les conséquences sociales, directes ou indirectes, à court ou à long terme, de leurs décisions, en agissant selon des critères d’optimalisation du bien commun, au lieu de rechercher des profits personnels.

8. Très chers frères, si Dieu le veut, nous trouverons d’autres opportunités pour approfondir les questions qui interpellent notre sollicitude pastorale commune. Aujourd’hui j’ai voulu, d’une manière non exhaustive, certes, exposer les thèmes les plus importants qui s’imposent à ma considération de pasteur de l’Eglise universelle. Je vous exprime mon encouragement affectueux, qui est dans le même temps une prière fraternelle et sincère afin que vous continuiez toujours à travailler, comme vous le faites déjà, dans la concorde, sur la base d’une communion qui trouve dans l’Eucharistie son point culminant et sa source intarissable. Je vous confie tous à la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ et Mère de l’Eglise, alors que je donne de tout cœur à chacun de vous et à vos communautés respectives ma Bénédiction apostolique.
Merci !

© Copyright du texte original : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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