Etre chrétien en terre d’islam

Entretien avec le père Luis Montes

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ROME, Vendredi 11 mai 2007 (ZENIT.org) – La foi ne s’impose pas, elle se propose, et la vivre dans des contextes minoritaires comme au Moyen Orient, est « très stimulant ».

Tel est le point de vue du père Luis Montes, provincial de l’IVE (Institut du Verbe incarné) au Moyen-Orient (Province « Nuestra Señora del Destierro »), qui a accordé cet entretien à Zenit et qui vit actuellement en Egypte.

La congrégation religieuse du Verbe Incarné a été fondée par le père Carlos Buela V.E., en Argentine. Ses deux branches, masculine (Institut du Verbe Incarné) et féminine (Institut des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matarà), sont présentes sur les 5 continents.

Zenit : Vous avez des missionnaires en Palestine, en Jordanie, en Egypte, en Tunisie, en Ethiopie et au Soudan. Que vous apporte le fait de vivre dans des pays où le christianisme est minoritaire par rapport à l’islam ?

P. Montes : Le Christ nous a envoyés prêcher l’Evangile dans le monde entier. Le mandat de notre Seigneur n’exclut aucun peuple et aucun endroit de la terre. Vivre dans un lieu où le christianisme est minoritaire nous permet de toucher du doigt cette nécessité de prêcher l’Evangile. C’est un stimulant énorme pour nous efforcer d’être davantage fidèles à notre mission.

Zenit : L’œcuménisme et au dialogue interreligieux sont des priorités pour vous. Pourquoi ?

P. Montes : La foi ne peut naître par la force. Elle doit être proposée. Ceci signifie que nous devons tenir compte de la conscience personnelle de chacun mais qu’il est aussi en notre devoir de montrer au monde ce don gratuit, pour que d’autres puissent ensuite le recevoir.

Le dialogue interreligieux fait partie de la mission permanente de l’Eglise. Il a pour but essentiel de promouvoir la justice, la paix et une meilleure compréhension entre les hommes de différentes religions.

Il nous faut créer un climat de compréhension pour que la vérité puisse émerger sans obstacle car, comme disait Jean-Paul II, la vérité ne s’impose que par la force même de cette vérité.

L’œcuménisme repose sur deux grands fondements bibliques : « Il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » et « qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé ». Blesser cette unité est contraire à la volonté du Christ et est un obstacle à la prédication de l’Evangile.

Tous nos efforts doivent aller dans ce sens car, nous disait Jean-Paul II, ces deux voies sont les « priorités de l’Eglise pour le Troisième millénaire ».

Zenit : Dans quelle mesure les œuvres socio-caritatives constituent-elles un moyen privilégié pour prêcher l’Evangile dans les pays musulmans ?

P. Montes : Dans les pays musulmans, la liberté religieuse est très limitée. Même dans les pays dits « modérés » la liberté de prêcher n’est pas totale. Dans certains pays, les restrictions sont très fortes et les persécutions continuent. Le témoignage de la charité ouvre des portes qui, autrement, resteraient fermées.

La charité du Christ sauvera le monde et les œuvres de miséricorde en sont un témoignage éloquent.

Zenit : En Egypte, vous travaillez dans des zones reculées et accueillez également dans vos missions des enfants de familles aisées, dont la plupart sont musulmans. Quelle signification donnez-vous à ces apostolats ?

P. Montes : Comme nous le disions tout à l’heure, l’aide aux plus nécessiteux est essentielle. Mais il ne faut pas tomber dans la dialectique.

Pouvoir toucher ceux qui deviendront demain les futurs dirigeants du monde arabe est de première importance pour le dialogue interreligieux et pour freiner le fondamentalisme. Les écoles catholiques ont fait un travail important en ce sens et nous voulons également apporter notre collaboration.

Zenit : Quelle est la mission du Centre « Unus Dominus » à Alexandrie ?

P. Montes : La fondation de ce centre est récente. C’est là que nous avons commencé à former nos missionnaires au dialogue œcuménique et interreligieux (www.dialogoreligioso.org). Les activités y sont nombreuses : cours, conférences, voyages culturels et religieux, rencontres etc.…

Malheureusement l’œcuménisme est mal compris, ce qui crée de la confusion chez beaucoup de catholiques. Le fait que le Magistère de l’Eglise ne soit pas compris est inquiétant. Pensons par exemple que même dans des milieux ecclésiastiques on a opposé l’encyclique « Ut unum sint » et de la déclaration « Dominus Iesus »…

Zenit : Y a-t-il des vocations dans ces pays de mission ?

P. Montes : Dieu choisit qui il veut, quand il veut et où il veut. En Egypte, Dieu nous a bénis par d’abondantes vocations : entre séminaristes (petits séminaires), aspirants, novices, sœurs, frères et séminaristes (grand séminaire), nous avons 80 jeunes arabes qui ont tout quitté pour suivre le Christ, pauvre, chaste et obéissant. Et ça, dans un pays qui ne compte que 200.000 catholiques ! Nous pouvons dire que ces dix années ont été très fructueuses.

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ZENIT Staff

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