« Souviens-toi de sanctifier les vacances »

Homélie du dimanche 23 juillet, du père Raniero Cantalamessa

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ROME, Vendredi 21 juillet 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 6, 30-34

Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger. Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.

© AELF

Venez à l’écart et reposez-vous un peu

Dans ce passage de l’Evangile Jésus invite ses disciples à s’éloigner de la foule, à faire une pause dans leur travail, à se retirer avec lui dans un « endroit désert ». Il leur enseigne à faire ce qu’il faisait lui : équilibrer l’action et la contemplation, passer du contact avec les personnes au dialogue régénérateur avec eux-mêmes et avec Dieu, dans le secret.

Ce thème est très important et d’actualité. La vie se déroule à un rythme qui dépasse nos capacités d’adaptation. La scène de Charlot aux prises avec la chaîne de montage dans les Temps modernes est la représentation parfaite de cette situation. L’on perd ainsi la capacité de recul critique qui permet de maîtriser le cours souvent chaotique et désordonné des événements et des expériences de la vie quotidienne.

Jésus, dans l’Evangile, ne donne jamais l’impression d’être pressé. Parfois il perd même du temps : tout son entourage le cherche mais il est absorbé par la prière et ne répond pas. Parfois, comme dans ce passage de l’Evangile, il invite également ses disciples à perdre du temps avec lui : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Il recommande souvent de ne pas se laisser angoisser. Ces moments de répit sont particulièrement bénéfiques à notre corps lui-même.

Les vacances d’été que nous sommes en train de vivre constituent précisément l’une de ces pauses. Celles-ci sont pour la majorité des personnes, la seule occasion pour se reposer un peu, pour dialoguer de manière détendue avec son conjoint, pour jouer avec ses enfants, pour lire un bon livre ou contempler en silence la nature ; en somme, l’occasion pour se reposer. Faire des vacances un moment plus frénétique que le reste de l’année signifie les gâcher.

Au commandement : « Souviens-toi du jour du Sabbat pour le sanctifier », il faudrait ajouter : « Souviens-toi de sanctifier les vacances ». « Arrêtez ! (littéralement, vacate prenez des vacances !) Sachez que je suis Dieu » dit Dieu dans un psaume (Ps 45 (46)). Un moyen simple de faire cela serait peut-être de rentrer dans une église ou une chapelle de montagne, à une heure où celle-ci est déserte et y passer un peu de temps « à l’écart », seul avec soi-même, devant Dieu.

Cette exigence de moments de solitude et d’écoute se manifeste surtout pour les annonciateurs de l’Evangile et les animateurs de la communauté chrétienne qui doivent rester constamment en contact avec la source de la Parole qu’ils doivent transmettre à leurs frères. Les laïcs devraient se réjouir et non se sentir délaissés, chaque fois que leur prêtre s’absente pour un temps de ressourcement intellectuel et spirituel.

Il faut reconnaître que le moment de repos de Jésus avec les apôtres fut de courte durée car les gens, les voyant partir, les précédèrent à pied à l’endroit où ils devaient débarquer. Mais Jésus ne se fâche pas avec les foules qui ne lui laissent aucun répit. Voyant les gens abandonnés à eux-mêmes, « comme des brebis sans berger », il est « saisi de pitié » et se met « à les instruire longuement ».

Ceci signifie qu’il faut être prêt à interrompre même le repos mérité, devant une situation de grave nécessité du prochain. On ne peut par exemple abandonner à elle-même ou placer dans un hôpital une personne âgée qui est à notre charge, pour passer ses vacances sans être dérangé. On ne peut oublier toutes les personnes qui n’ont pas choisi la solitude mais la subissent, et pas pour quelques semaines ou quelques mois mais peut-être pour toute la vie. Ici également, un petit conseil pratique : regarder autour de soi et voir si l’on ne peut pas aider une personne à se sentir moins seule dans la vie, à travers une visite, un coup de téléphone, l’invitation à nous rejoindre un jour sur le lieu de nos vacances : quelque chose, en somme, que le cœur et les circonstances nous suggèrent.

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ZENIT Staff

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