Chine : L’évêque de Shaanxi et les questions foncières

Restitution de trois des vingt-deux lieux de culte confisqués

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ROME, Jeudi 6 juillet 2006 (ZENIT.org) – En Chine, dans le Shaanxi, dans un diocèse où les autorités ont rendu à l’Eglise seulement trois des vingt-deux lieux de culte confisqués il y a des décennies, l’évêque se consacre à régler des questions foncières, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA n. 444, eglasie.mepasie.org).

Situé dans le sud-est du Shaanxi, le diocèse d’Ankang est administré par Mgr Jean-Baptiste Ye Ronghua. Agé de 75 ans, Mgr Ye aurait souhaité que son anniversaire, célébré le 20 juin dernier, soit l’occasion pour lui de se retirer et de confier à d’autres la responsabilité pastorale d’un diocèse isolé et financièrement démuni. Mais, ce 20 juin, à une date où le Code de droit canon prescrit à un évêque de remettre sa démission au pape, Mgr Ye arpentait le territoire montagneux de son diocèse pour régler des questions foncières liées à la reconstruction d’une église.

Depuis la mise en place des réformes, à la fin des années 1970, et la reprise progressive des activités religieuses, seules trois églises sur les vingt-deux que comptait le diocèse avant la Révolution culturelle (1966-1976) ont été rendues au culte par les autorités. Ces derniers temps, il est question que trois autres lieux de culte soient rendus aux catholiques, dont celle de Shiquan, à 90 km. au nord-est d’Ankang. Le 19 juin, Mgr Ye, à l’aide des cannes sans lesquelles il ne peut se déplacer, a pris un bus pour Shiquan, où il avait rendez-vous avec les autorités locales. Celles-ci lui avaient signifié leur accord pour céder à l’Eglise un terrain en échange d’une église confisquée lors de la Révolution culturelle, mais il fallait que l’évêque se rende sur place pour vérifier l’emplacement et la taille du terrain ainsi que pour l’enregistrement officiel de la tractation. Sur place, Mgr Ye a déclaré qu’il avait désormais à cœur de réunir les fonds nécessaires pour bâtir une église à l’usage de la communauté catholique locale, forte de 500 fidèles. Il a ajouté qu’il espérait que les choses pourraient avancer rapidement, d’ici la fin de cette année, en dépit du fait que les autorités locales ne montrent pas d’empressement à boucler le dossier et que le diocèse n’a pas l’argent nécessaire pour indemniser les quelques familles installées sur le terrain alloué à la future église. C’est en effet à l’Eglise de payer pour leur relogement.

Selon le P. Lawrence Fan Zhichao, curé de la cathédrale d’Ankang, le diocèse figure parmi les diocèses pauvres de la province. Les prêtres n’y reçoivent qu’une indemnité de 100 yuans (10 euros) par mois et ils ne touchent rien de plus pour leur couverture médicale ou pour les activités liées à l’évangélisation. La plupart des familles ont tout juste de quoi vivre et peu ont les moyens de faire des dons à l’Eglise, explique le prêtre, qui ajoute qu’Ankang compte, outre son évêque, cinq jeunes prêtres, âgés d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années, et que trois autres sont en formation en-dehors du diocèse.

Les catholiques sont environ 3 000 dans le diocèse. Depuis l’ordination épiscopale de Mgr Ye, le 10 décembre 2000, leur nombre a doublé, retrouvant le niveau qui était celui du début des années 1950. Toujours selon le P. Fan, trois décennies après la fin de la Révolution culturelle, les séquelles de cette période de « chaos » se font encore sentir. Les catholiques se sont dispersés. « Certains ont quitté l’Eglise ; d’autres, qui ont trop souffert, n’osent plus s’identifier comme catholiques ; d’autres encore ont conservé une pratique religieuse, mais préfèrent le faire de manière privée plutôt que de se montrer et d’aller à la messe », explique le prêtre.

Aujourd’hui, « les prêtres sont occupés à retrouver ces brebis perdues » et à évangéliser les non-chrétiens. Là où les autorités se montrent disposées à rendre une église ou à céder un terrain, les prêtres mobilisent leurs amis et les catholiques pour financer la construction d’un nouveau lieu de culte. Pour Mgr Ye, ce n’est pas le manque de ressources financières qui est la cause de ses soucis, mais il ressent un sentiment d’urgence à régler ces questions foncières avant de céder la direction du diocèse à plus jeune que lui.

Pour le P. Fan, Mgr Ye est « un véritable témoin des persécutions subies par l’Eglise catholique ». S’il boîte aujourd’hui, c’est parce qu’il a été battu durant ses années de « rééducation par le travail », en camps. Diplômé du grand séminaire de Kaifeng, dans la province du Henan, en 1958, l’année même de sa fermeture, Mgr Ye est revenu dans sa ville natale de Hanzhong où il a été emprisonné peu après. Libéré à la fin des années 1970, ordonné prêtre en 1982, il a servi à Ankang en tant qu’administrateur diocésain de 1987 à 2000, année où Mgr Li Du’an, évêque de Xi’an, l’a ordonné évêque. Mgr Ye est ainsi devenu le premier évêque chinois de ce diocèse, autrefois administré par des missionnaires italiens.

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ZENIT Staff

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