ROME, Vendredi 23 juin 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 4, 35-41
Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était ; et d’autres barques le suivaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
© AELF
Survient une violente tempête
L’Evangile de ce dimanche est celui de la tempête apaisée. Un soir, après une journée de travail intense, Jésus monte dans une barque et demande à ses apôtres de passer sur l’autre rive. Mort de fatigue, il s’endort à l’arrière de la barque. Soudain se lève une grande tempête. Les vagues viennent se jeter dans la barque qui se remplit. Très inquiets, les apôtres réveillent Jésus en criant : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, Jésus ordonne à la mer de se calmer : « ‘Silence, tais-toi !’. Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : ‘Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?’ ».
Essayons de comprendre le message contenu pour nous aujourd’hui dans cette page de l’Evangile. La traversée de la mer de Galilée indique la traversée de la vie. La mer représente notre famille, notre communauté, notre cœur lui-même : des petites mers, mais dans lesquelles, nous le savons, peuvent se déclencher à l’improviste, de grandes tempêtes. Qui n’a pas connu une de ces tempêtes, lorsque tout s’assombrit et la petite barque de notre vie commence prendre l’eau de toutes parts, et que Dieu semble être absent ou dormir ? Une réponse alarmante du médecin et nous voilà en pleine tempête. Un fils qui prend un mauvais chemin et fait parler de lui, et voilà les parents en pleine tempête. Une crise financière, la perte d’un travail, de l’amour du fiancé, du conjoint, et nous voilà en pleine tempête. Que faire ? A quoi pouvons-nous nous rattacher, de quel côté pouvons-nous jeter l’ancre ? Jésus ne nous donne pas de recette magique pour éviter toutes les tempêtes de notre vie. Il n’a pas promis de nous épargner toutes les difficultés ; il nous a en revanche promis la force pour les surmonter, si nous la lui demandons.
Saint Paul nous parle d’un problème sérieux qu’il a du affronter au cours de sa vie, qu’il appelle « l’épine dans ma chair ». J’ai demandé « trois fois » (c’est-à-dire un nombre infini de fois) au Seigneur, dit-il, de m’en libérer, et le Seigneur a fini par me répondre. Que lui a-t-il répondu ? Lisons-le ensemble. « ‘Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse’. Je n’hésiterai donc pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. C’est pourquoi j’accepte de grand coeur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ». (2 Co 12, 7-10).
La confiance en Dieu : voilà le message de l’Evangile. Ce jour-là, c’est parce qu’ils avaient pris Jésus avec eux dans la barque avant de commencer la traversée, que les disciples ont été sauvés. Et ceci est pour nous également la meilleure garantie contre les tempêtes de la vie. Avoir Jésus avec nous. Le moyen pour garder Jésus dans la petite barque de notre vie et de notre famille, c’est la foi, la prière et la fidélité aux commandements.
Lorsqu’en mer la tempête se déchaîne, les marins ont l’habitude (ils avaient du moins l’habitude dans le passé) de jeter de l’huile sur les flots pour les calmer. Nous, nous jetons l’huile de la confiance en Dieu sur les flots de la peur et de l’angoisse. Saint Pierre exhortait les premiers chrétiens à avoir confiance en Dieu dans les persécutions en disant : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous » (1 P 5, 7). Le manque de foi que Jésus à cette occasion a reproché aux apôtres est précisément celui d’avoir mis en doute le fait qu’il se soucie d’eux et de leur sécurité : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ».
Dieu prend soin de nous, il se soucie de nous et de quelle manière ! Une anecdote citée fréquemment parle d’un homme qui fit un rêve. Il voyait deux rangées de pas imprimés sur le sable du désert et comprenait que l’une correspondait à ses propres pieds et l’autre à ceux de Jésus qui marchait près de lui. A un moment donné, la deuxième rangée de pas disparaît et il comprend que cela correspond précisément à un moment difficile de sa vie. Il se plaint auprès du Christ qui l’a laissé seul au moment de l’épreuve. « Mais j’étais avec toi ! » répond Jésus. « Mais comment pouvais-tu être avec moi si les traces de tes pas n’apparaissent pas sur le sable ? ». « Les traces sont celles de mes pas à moi, répond Jésus. A ce moment-là je t’avais pris sur mes épaules ! ».
Souvenons-nous de cette histoire lorsque nous sommes nous aussi tentés de nous plaindre auprès du Seigneur parce qu’il nous laisse seuls.