ROME, Dimanche 2 avril 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous un extrait d’une déclaration du cardinal Stanislaw Dziwisz, actuel archevêque de Cracovie, ancien secrétaire de Jean-Paul II, publiée dans l’ouvrage intitulé « Lasciatemi andare. La forza nella debolezza di Giovanni Paolo II » (Laissez-moi partir. La force dans la faiblesse de Jean-Paul II) publié aux Editions San Paolo. La traduction française du livre est en cours.
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La profonde union de Jean-Paul II avec Dieu, et sa participation au misterium pascal se révélèrent dans toute leur plénitude les derniers jours de sa vie. Son corps s’affaiblissait toujours davantage, mais il avait gardé une grande force d’esprit et il « aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1). Pour la première fois, le pape ne put présider les rites du Triduum pascal. « Je suis spirituellement avec vous au Colisée », écrivit-il le vendredi saint dans son message adressé à ceux qui participaient au Chemin de Croix, et il ajouta : « L’adoration de la Croix nous renvoie à un engagement auquel nous ne pouvons nous soustraire : la mission que saint Paul exprimait à travers les paroles : ‘Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ, pour son Corps, qui est l’Eglise’ (Col 1, 24). J’offre moi aussi mes souffrances, afin que le dessein de Dieu s’accomplisse et que sa parole imprègne les peuples ».
Il était assis devant l’autel dans sa chapelle privée. Il suivait la célébration sur un écran de télévision et priait. Lors de la quatorzième station il prit dans ses mains le crucifix qu’il serra contre son visage marqué par la souffrance, comme s’il voulait dire, comme Pierre : « Seigneur, tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime » (Jn 21, 17).
L’amour du Christ, plus fort que la mort, le réconfortait spirituellement et il aurait voulu le dire le dimanche de la Résurrection lorsqu’il apparut à midi à la fenêtre pour donner la bénédiction Urbi et Orbi. La souffrance et l’émotion l’empêchèrent de prononcer les paroles de la bénédiction. Il fit seulement le signe de croix avec la main et d’un geste répondit aux saluts des fidèles. Ce geste d’impuissance, de souffrance et d’amour paternel, comme ce silence émouvant du successeur de Pierre, laissèrent une impression indélébile dans les cœurs des hommes du monde entier. Le Saint-Père lui-même fut profondément bouleversé par cet événement. Après s’être éloigné de la fenêtre il déclara : « Ce serait peut-être mieux que je meure, si je ne peux pas accomplir la mission qui m’a été confiée », puis il ajouta immédiatement : « Que Ta volonté soit faite… Totus tuus ». Il n’avait jamais rien désiré d’autre au cours de sa vie.
Il n’avait pas peur de la mort. Toute sa vie il avait eu le Christ comme guide et il savait qu’il allait vers lui. Pendant les célébrations du Grand Jubilé de l’an 2000, il écrivit dans son Testament : « Je lui demande de bien vouloir me rappeler lorsque Lui-même le souhaitera. ‘Dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur’ (Rm 14, 8). Il a toujours été profondément conscient du fait que l’homme, au terme de son pèlerinage terrestre, n’est pas condamné à tomber dans les ténèbres, dans un vide existentiel ou dans l’abîme du néant, mais qu’il est appelé à la rencontre avec le meilleur des pères, qui accueille son fils dans ses bras avec amour, pour lui donner la plénitude de vie dans la Très Sainte Trinité.
Sachant que pour lui le moment de passer à l’éternité approchait, en accord avec les médecins il avait décidé de ne pas se rendre à l’hôpital mais de rester au Vatican, où les soins médicaux indispensables étaient assurés. Il voulait souffrir et mourir chez lui, en restant près de la tombe de l’apôtre Pierre. Le dernier jour de sa vie – le samedi 2 avril – il prit congé de ses collaborateurs les plus proches de la Curie romaine. A son chevet se poursuivaient les prières, auxquelles il participait malgré une fièvre élevée et une faiblesse extrême. A un moment donné, au cours de l’après-midi, il déclara : « Laissez-moi aller à la maison du Père ».