« Le carême est le temps privilégié du pèlerinage intérieur vers Celui qui est la source de la miséricorde, écrit Benoît XVI. C’est un pèlerinage au cours duquel Lui-même nous accompagne à travers le désert de notre pauvreté, nous soutenant sur le chemin vers la joie profonde de Pâques ».
Le pape actualise ce verset en affirmant : « Aujourd’hui encore le Seigneur écoute le cri des multitudes affamées de joie, de paix, d’amour. Comme à chaque époque, elles se sentent abandonnées. Cependant, même dans la désolation de la misère, de la solitude, de la violence et de la faim, qui frappent sans distinction personnes âgées, adultes et enfants, Dieu ne permet pas que l’obscurité de l’horreur l’emporte ».
Or, affirme le pape, le mal a une limite sûre : « Comme l’a en effet écrit mon bien-aimé Prédécesseur Jean-Paul II, il y a une « limite divine imposée au mal », c’est la miséricorde. C’est dans cette perspective que j’ai voulu placer au début de ce Message l’annotation évangélique selon laquelle, « Voyant les foules, Jésus eut pitié d’elles ». »
Le pape évoque la question du développement « intégral » en soulignant la compassion du Christ jusqu’à l’offrande de lui-même : « Aujourd’hui encore le « regard » de compassion du Christ ne cesse de se poser sur les hommes et sur les peuples. Il les regarde sachant que le « projet » divin prévoit l’appel au salut. Jésus connaît les embûches qui s’opposent à ce projet et il est pris de compassion pour les foules: il décide de les défendre des loups, même au prix de sa vie. Par ce regard, Jésus embrasse les personnes et les multitudes, et il les remet toutes au Père, s’offrant lui-même en sacrifice d’expiation ».
« Eclairée par cette vérité pascale, souligne Benoît XVI, l’Eglise sait que, pour promouvoir un développement plénier, il est nécessaire que notre « regard » sur l’homme soit à la mesure de celui du Christ ».
Benoît XVI cite à ce propos le pape Paul VI, qui, dit-il, « identifiait déjà avec précision les dommages du sous-développement comme étant un amoindrissement d’humanité ».
« Dans cet esprit, il dénonçait dans l’Encyclique Populorum Progressio «les carences matérielles de ceux qui sont privés du minimum vital, et les carences morales de ceux qui sont mutilés par l’égoïsme (…), les structures oppressives, qu’elles proviennent des abus de la possession ou des abus du pouvoir, de l’exploitation des travailleurs ou de l’injustice des transactions». »
« Comme antidote à de tels maux, Paul VI suggérait, rappelle Benoît XVI, comme pour prévenir toute lecture réductrice, non seulement «la considération accrue de la dignité d’autrui, l’orientation vers l’esprit de pauvreté, la coopération au bien commun, la volonté de paix», mais aussi, «la reconnaissance par l’homme des valeurs suprêmes et de Dieu, qui en est la source et le terme». »