ROME, Vendredi 30 septembre 2005 (ZENIT.org) – « Savez-vous la différence entre un prêtre et un curé ? » « Le curé d’Ars la connaissait bien », répondait Mgr Bagnard, évêque de Belley Ars, lors de son intervention au début de la retraite sacerdotale internationale réunissant, au village du Saint Curé, des prêtres venus de 71 pays.
Il s’agit d’une retraite « charismatique » de cinq jours proposée aux prêtres du monde entier dans la ville de saint Jean Marie Vianney, patron des curés du monde entier, pour « se laisser renouveler dans la grâce du sacerdoce ». Elle s’adresse aussi aux cardinaux et aux évêques. Elle se déroule depuis dimanche 25 septembre et jusqu’à samedi matin, 1er octobre. Mgr Guy Bagnard présidera la messe de conclusion, et la « consécration du sacerdoce » des retraitants à la Vierge Marie.
La retraite est retransmise en direct par Radio Espérance, basée à Saint-Etienne, avec une quinzaine d’émetteurs en France (www.radio-esperance.com), pour permettre à tous les prêtres qui ne peuvent se déplacer de participer aussi à cette retraite. Et ceci également par satellite WorldSpace en Afrique et au Moyen Orient, grâce au transistor « du troisième millénaire ».
Denis Jagou, envoyé spécial de Radio Espérance rapporte, pour les lecteurs de Zenit, ces quelques « flash » de cette retraite, organisée conjointement par le Service International du Renouveau Charismatique Catholique (International Catholic Charismatic Renewal Services, ICCRS, la Communauté des Béatitudes et la Société Jean-Marie Vianney).
La retraite est prêchée par une religieuse irlandaise reconnue dans le monde entier pour son don pour les retraites sacerdotales, Sr Briege McKenna, o.s.c., et par un Lazariste, le P. Kevin Scallon, irlandais également.
Etre prêtre, une joie ; être curé, une épreuve
« Nous savons tous, continuait Mgr Bagnard, ce que représente le sacrement de l’ordre devant l’image de Jésus Bon Pasteur, la prière, l’adoration, le mystère de la réconciliation, de l’Eucharistie… Pour cela, « être prêtre, c’est une joie. Mais, être curé, c’est une épreuve ». »
Dans l’église souterraine du sanctuaire d’Ars, les applaudissements qui ont suivi cette remarque sont révélateurs de la situation des 850 prêtres venu vivre ces cinq jours de grâce exceptionnels.
Face aux difficultés que rencontre les prêtres dans le monde d’aujourd’hui, il était bon de leur donner l’occasion d’un renouvellement en profondeur des grâces liées à leur ministère sacerdotal. C’est du moins ce que pense Cathy Brenti, organisatrice du projet.
La joie de la première messe
« Le Père Kevin Scallon et Sister Briege McKenna ont un ministère de prédication depuis plus de vingt ans auprès des prêtres, et connaissent bien leurs difficultés, leurs peines, leur souffrance. Ils n’ont pas manqué, fait observer Denis Jagou, d’aborder des sujets délicats comme la chasteté, le célibat, le mariage des prêtres, les problèmes d’abus… Ces questions ont été l’occasion d’exhorter les prêtres à revenir à la grâce du « premier amour », à retrouver la joie de la première messe. Tous ont été invités à se rappeler combien est puissant leur ministère, combien cet appel est un don de Dieu dont il faut être convaincu. Sister Briege citait le Curé d’Ars : « Si le prêtre connaissait le sacerdoce, il mourrait d’amour » . »
C’est un mystère a approfondir pour être, comme le soulignait également Mgr Bagnard, ces « guetteurs sur la Maison d’Israël », ces « bergers qui défendent les brebis contre les loups », ces « gagneurs d’âmes à Dieu », à l’image de Jean Marie Vianney.
Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus. En prêchant sur ce thème, Le Père Kevin Scallon a invité les retraitants à retrouver leur « identité sacerdotale » : « Plus que « faire », un prêtre doit « être »…Le prêtre est présence du Christ à l’endroit où il est… Beaucoup ont de multiples charges, mais ils doivent être prêtres avant tout… Le prêtre est un homme qui rend Jésus Christ présent… Ses mains qui bénissent sont les mains du Christ. »
« La prière, c’est le langage de l’Espérance »
Tout cela implique « que le curé soit un homme proche du Christ, très proche et donc soit un homme de prière et un homme d’espérance ». Pour le prédicateur, les deux vont de pair, et de citer Benoît XVI : « la prière, c’est le langage de l’Espérance ».
En invitant les prêtres à recevoir une nouvelle effusion de l’Esprit Saint, il les a exhortés à « convertir leur sacerdoce » pour ne pas mettre de limite à ce que Jésus veut accomplir en eux.
« Ces « paroles de feu » ont conduit les participants à une démarche de repentance et de réconciliation. « Il était touchant de voir ces prêtres se confesser mutuellement tout au long de la deuxième journée de la récollection, de se pardonner les uns les autres au nom de Jésus Christ. Ils ont fait l’expérience d’une grande fraternité sacerdotale avant de vivre un temps de guérison (le sacrement des malades a été donné durant la messe du mercredi) et, avec l’effusion de l’Esprit, de renouvellement des promesses sacerdotales », rapporte Denis Jagou.
Tout invite les prêtres à recentrer leur vie sur le Saint Sacrement, à être comme le rappelait Sister Briege « des prêtres eucharistiques ». L’adoration perpétuelle est assurée tout au long de la retraite.
A entendre Cathy Brenti, de la Communauté des Béatitudes, beaucoup de détails de cet événement « prophétique » sont la « signature de Dieu ». Cette retraite est partie d’une « distraction », de ces distractions dont le Père Emiliano Tardif disait qu’elles étaient « la manière de parler de l’Esprit Saint », raconte-t-elle. A la fin d’une retraite sacerdotale, Cathy Brenti a demandé à Sister Briege et au Père Kevin : « Bien sûr, vous avez déjà prêché à Ars ». A son étonnement, la réponse est négative… L’idée du projet est née. Ensuite se sont enchaînées ce qu’elle appelle des « coïncidences de la Providence ».
Pour des raisons pratiques, continue Cathy Brenti, il a fallu reporter deux fois la date de cette retraite qui se trouve correspondre aujourd’hui avec la fin de l’année de l’Eucharistie, et avec le centenaire de la béatification du Curé d’Ars et pratiquement avec la reconnaissance officielle du renouveau charismatique catholique.
Des prêtres d’horizons très différents
Elle interroge : « Qui aurait imaginé un tel événement, il y a 20 ans, à l’époque où la communauté des Béatitudes organisait à Ars ces grandes sessions charismatiques qui laisseraient presque nostalgiques les anciens de la communauté revenus pour participer à cette retraite? Qui aurait imaginé une telle démonstration d’unité. Ce rassemblement réunit dans un même lieu des prêtres d’horizons très différents. Des Dominicains, des Jésuites, des Franciscains, les communautés nouvelles et de nombreux curés diocésains dans une même démarche de prière dite « charismatique ». « C’est ça, la beauté de l’Eglise , s’exclame Cathy Brenti. Certains – et de tous âges – ont même reçu pour la première fois l’effusion de l’Esprit ».
Elle précise que toutes les instances ecclésiales ont bien accueilli cette retraite, à commencer par Mgr Csaba Ternyak, secrétaire de la Congrégation romaine pour le Clergé qui a présidé la célébration eucharistique de ce vendredi 30 septembre. Les vêpres de mardi ont été présidées par Mgr Renato Bocc
ardo, responsable des voyages pontificaux.
Et face aux craintes d’afficher la dimension « charismatique » sur les tracts, les encouragements n’ont pas manqué. « Qu’est-ce qui est le plus important » ? confiait à peu près en ces termes à Cathy Brenti lors de la préparation, le président du Conseil pontifical pour les Laïcs, Mgr Stanislas Rylko : « Que les prêtres qui viendront puissent accueillir la grâce qui vous a été donnée, à la communauté des Béatitudes et au Renouveau. Vous avez reçu une grâce, vous avez des prêtres dans votre communauté qui l’ont reçue. Ils seront un témoignage pour les autres ».
Contemplatifs et missionnaires avec Thérèse de Lisieux
Dans son homélie, mercredi 28 septembre, Mgr Rylko n’a pas manqué de présenter le renouveau charismatique comme une « ressource pour le sacerdoce, une école de communion et de mission, une nouvelle voie pour l’évangélisation ».
Cette retraite a également reçu le soutien de la conférence des évêques de France en la personne de Mgr Ricard venu présider la première célébration eucharistique, souligne Denis Jagou. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, est venu se joindre aux évêques présents. Il est difficile de compter le nombre d’évêques qui seront passés. Ils sont à peu près 15 à chaque messe. Le cardinal Peter Kodwao Appiah Turkson, archevêque de Cape Coast, a présidé la messe de jeudi 29 septembre.
A noter également la présence d’une invitée surprise : les reliques de Sainte Thérèse ont été apportées par Mgr Guy Gaucher à l’occasion de son carrefour, mercredi 28 septembre, sur ce docteur de l’Eglise, modèle sacerdotal et patronne des missions, sur le thème : « Contemplatifs et missionnaires avec Thérèse de Lisieux, docteur de l’Eglise ».
Denis Jagou précise que « ce rassemblement est une expérience de communion pour les prêtres mais aussi pour les communautés contemplatives de France qui ont été sollicitées pour porter dans la prière ce temps de renouvellement : leur liste est affichée au fond de l’église. En moyenne, 8 communautés de sœurs contemplatives (Bénédictine, Carmélites, Clarisses… ) portent la retraite dans la prière chaque jour de cette semaine. On compte aussi la participation de la Chartreuse du diocèse de Belley Ars. Mais la retraite s’appuie aussi sur la participation par la prière des auditeurs de Radio Espérance, car elle est retransmise intégralement en direct. A ce sujet, un témoignage a été donné devant les retraitants. Un auditeur qui ne s’était pas confessé depuis longtemps s’est décidé, en voyant l’exemple de repentance des prêtres, à venir sur place et a demandé un Père pour recevoir le sacrement de réconciliation ».
Devant tant d’encouragements, face à un tel signe de communion, quand Cathy Brenti se souvient de sa « distraction », elle ne peut s’empêcher de dire avec sourire et spontanéité : « ça, c’était vraiment du Saint Esprit. »
La consécration du sacerdoce à Marie
Les prêtres ont également vécu jeudi une célébration eucharistique en commémoration de l’institution de la Cène, et vendredi un pèlerinage à Paray le Monial, au sanctuaire du Cœur du Christ, pour une journée consacrée à la réparation. La retraite se conclura demain, en la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, par l’eucharistie – une messe d’envoi en mission, le jour de la fête de la Patronne des Missions – , et la consécration du sacerdoce à Marie.
« En faisant cette expérience d’un renouvellement sacerdotal, dans cette rencontre fraternelle, les prêtres entrent plus avant dans le mystère de l’Eglise. Assemblés dans la basilique, ils évoquent l’image des apôtres montés dans la chambre haute, dans l’attente d’une nouvelle Pentecôte. La joie et l’espérance ont pris le pas sur les soucis…. Là, sauraient-ils encore nous dire s’il sont prêtres ou curés ? », conclut Denis Jagou.