Le card. Etchegaray souhaite unité et dialogue entre les chrétiens de Chine

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ROME, Vendredi 30 septembre 2005 (ZENIT.org) – Le cardinal Etchegaray appelle de ses vœux une plus grande unité et le développement d’un dialogue en profondeur entre les différentes dénominations chrétiennes de Chine, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA, eglasie.mepasie.org), dans son édition du 1er octobre.

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Une édition dont nous reproduisons trois articles, à la veille de l’ouverture du synode auquel quatre évêques chinois ont été invités par Benoît XVI, et pour ce cinquième anniversaire de la canonisation des premiers martyrs de Chine, le 1er octobre 2005.

Du 16 au 20 septembre dernier, le collège bénédictin Saint-Anselme, à Rome, accueillait la cinquième Conférence œcuménique européenne pour la Chine (1). La conférence, organisée par la branche allemande du Comité œcuménique pour la Chine, a réuni 150 participants, venus d’Europe et de Chine et représentants diverses confessions chrétiennes. Parmi les personnalités qui ont pris la parole lors de la conférence se trouvait le cardinal Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical ‘Justice et paix’. Le cardinal français, qui s’est rendu à plusieurs reprises en Chine populaire au cours de ces vingt dernières années, a appelé les chrétiens de Chine et leurs Eglises à « un dialogue plus profond et empreint d’une plus grande confiance ». Il y a urgence, dans la Chine d’aujourd’hui, a-t-il souligné, à développer ce dialogue car « la crédibilité » du témoignage que la minorité chrétienne de Chine rend au Christ « dépend de la visibilité de son unité ».

Le cardinal a souligné combien, aujourd’hui, l’œcuménisme était embryonnaire en Chine. Selon lui, c’est ce qui le rend plus urgent, chaque Eglise étant par ailleurs fragilisée par ses propres divisions internes et devant faire face seule à un Etat puissant. Aujourd’hui, pour la première fois de leur histoire, les Eglises en Chine, a-t-il dit, « ne dépendent que d’elles-mêmes pour affronter un pouvoir séculier (…). Ces Eglises chrétiennes vont avoir à prendre le chemin d’un dialogue laborieux, mais nécessaire, dans un pays où l’intégration des religions à l’ordre politique remonte à l’ère impériale du ‘mandat céleste’ ». Un dialogue qui n’est pas encouragé par la classification des religions retenue par l’Etat, où catholicisme et protestantisme apparaissent comme deux religions différentes et où l’orthodoxie n’apparaît même pas.

Pour le cardinal, l’urgence de ce dialogue œcuménique n’est pas dictée par le seul face-à-face avec le pouvoir politique. La société « est tiraillée » entre « un matérialisme galopant » et « une idéologie claudicante », constate-t-il, ajoutant que « cela ne laisse pas beaucoup d’espace pour vivre une vie de foi ». Dans ce contexte, « la crédibilité du témoignage donné par les Eglises, en Chine plus qu’ailleurs, dépend de l’unité visible témoignée par elles ». La Chine attend le dévoilement de l’Eglise du Christ, dont les membres témoignent humblement et ensemble d’un même amour du Seigneur pour son peuple, a continué le cardinal. Pour lui, les dirigeants politiques et religieux chinois de même que les chrétiens concernés par l’annonce de l’Evangile en Chine ne peuvent faire l’économie de deux questions : « Dans quelle mesure le christianisme est-il réellement entré en Chine ? Dans quelle mesure la Chine a-t-elle rejoint le concert mondial ? »

A propos des Eglises protestantes en Chine, le cardinal Etchegaray a déclaré regretter que leur réalité ne soit pas plus reflétée par les médias. Par le nombre, les protestants sont plus nombreux que les catholiques, a-t-il noté (2), et, en 1981, les anglicans, les luthériens, les méthodistes et d’autres communautés ont officiellement déclaré former une seule dénomination. Même si cette unité officielle porte en elle le risque que « chaque tradition confessionnelle perde son caractère unique », il est de la plus grande importance pour la mission d’évangélisation que les Eglises chrétiennes en Chine s’engagent dans un dialogue en confiance, a-t-il souligné.

La participation des chrétiens de Chine populaire à cette conférence a été marquée par plusieurs absences. Invités par les organisateurs allemands de la conférence, deux évêques catholiques n’ont pu venir, faute d’être autorisés à quitter le territoire chinois (3). De même, une délégation du Conseil chrétien de Chine, qui réunit les Eglises protestantes « officielles », s’est vue elle aussi refuser une autorisation de sortie. Pour les organisateurs de la conférence, ces interdictions sont le signe de la « division qui persiste entre la politique et la réalité des Eglises en Chine ».

(1) La première Conférence œcuménique a été organisée en 1991. Elle a eu lieu en Allemagne, les suivantes prenant place successivement à Londres, en Norvège et en Irlande. L’origine de ces échanges entre catholiques et protestants d’Europe et de Chine remonte au Colloque international de Louvain, en Belgique, en septembre 1974. L’initiative en avait été prise par le groupe d’étude du marxisme chinois des Eglises luthériennes basé à Genève et le Centre catholique d’études sociologiques Pro Mundi Vita de Louvain.

(2) En 2000, selon des statistiques publiées par les autorités chinoises, les catholiques étaient quatre millions et les protestants dix millions. Depuis, des responsables gouvernementaux ont dit que les catholiques étaient cinq millions. En novembre 2004, le Centre d’études du Saint-Esprit, du diocèse catholique de Hongkong, estimait que le nombre des catholiques en Chine était de douze millions. Par ailleurs, selon les structures officielles du protestantisme chinois, les protestants sont seize millions en Chine.

(3) Voir EDA 425

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ZENIT Staff

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