ROME, Mercredi 21 septembre 2005 (ZENIT.org) – « Nous pardonnons et nous demandons pardon », ont déclaré à nouveau solennellement aujourd’hui les évêques allemands et polonais, 40 ans après l’échange de lettres de réconciliation et de pardon entre leurs épiscopats, au lendemain de la seconde guerre mondiale.
La rencontre a eu lieu à Fulda, ce mercredi, et elle a commencé dès 7 h 30, par la célébration de la messe dans la cathédrale. Le 24 septembre prochain, samedi, une délégation de la conférence des évêques allemands, se rendra à Wroclaw, à l’occasion de l’assemblée de la conférence épiscopale polonaise, pour signer la version polonaise de cette déclaration commune.
Les évêques catholiques de ces deux pays ont exprimé le désir de continuer sur cette route en donnant une nouvelle impulsion à l’engagement commun de défense de la vie, du mariage et de la famille, pour l’identité chrétienne de l’Europe, et pour la paix dans le monde.
Tel est le contenu de l’appel lancé par la déclaration commune de ce mercredi, en Allemagne, à Fulda, lors de l’assemblée plénière de la conférence épiscopale allemande. Cette déclaration a été signée dans sa version en allemand, en présence de délégations des deux épiscopats, par Mgr Józef Michalik, métropolite Przemy, et président de la conférence épiscopale polonaise, et par le cardinal Karl Lehmann, évêque de Mayence, et président de la conférence épiscopale allemande.
A Rome, pendant le concile Vatican II, le 18 novembre 1965 en effet, et en pleine guerre froide, les évêques polonais ont invité leurs confrères allemands « au dialogue, à la réconciliation, et à la fraternité », en vue de la célébration du millénaire du baptême de Mieszko Ier, en 966 et 20 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. L’archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla, assistait alors à la signature de cette déclaration.
La déclaration publiée ce mercredi par le bureau de presse de la conférence épiscopale allemande souligne : « Leurs paroles touchantes, et même prophétiques : « Nous pardonnons et nous demandons pardons », eurent une forte influence sur le cours de l’histoire ».
Les évêques allemands ont répondu le 5 décembre 1965 à ce message des Polonais en disant : « Nous accueillons avec un respect fraternel les mains tendues. Que le Dieu de la paix, par l’intercession de la Regina Pacis, fasse que le spectre de la haine, ne sépare jamais plus nos mains ».
C’est aujourd’hui la seconde fois de l’histoire que les évêques allemands et polonais se retrouvent pour signer un document commun.
Ils l’ont fait une première fois le 13 décembre 1995, avec la publication d’un message commun à l’occasion du 30e anniversaire de l’échange de lettres de 1965.
Ils disent aujourd’hui qu’en se retournant en arrière pour contempler « cet événement d’une importance cruciale », les évêques reconnaissent le « pas décisif en faveur d’un nouveau début des relations mutuelles » entre leurs nations, accompli par leurs prédécesseurs.
« Dans des conditions politiques particulièrement difficiles, écrivent-ils, ils ont mis, par ce signe d’une volonté de pardon, un fondement solide à l’œuvre de réconciliation germano-polonaise ».
« Nous en faisons mémoire afin que nous aussi, aujourd’hui, nous nous sentions responsables de ce processus d’entente, de réconciliation et d’amitié ».
« Le don de la réconciliation peut devenir aussi nôtre, écrivent-ils, alors que nous reconnaissons sincèrement toute la vérité, que nous nous repentons des fautes et que nous obtenons le pardon ».
« Dans cet esprit, continue le document des évêques polonais et allemands, devant l’assaut belliqueux et criminel de l’Allemagne nazie, devant l’énormité des maux, infligés aux Polonais par les Allemands, et les maux soufferts par les Allemands chassés de leur patrie perdue, nous répétons ensemble : Nous pardonnons et nous demandons pardon ».
La déclaration souligne également qu’en 1965 les évêques polonais et allemands « ont été en mesure d’abattre les murs qui les divisaient encore en cette période de guerre froide, et de donner une nouvelle vision de l’Europe en route vers son unité ».
« Ils ont témoigné du fait que les fondements chrétiens ne peuvent pas rester longtemps dominés par l’injustice et la domination ».
A propos de la fondation de Solidarnosc, les évêques soulignent le coup porté alors au régime communiste, et la capacité de ces fondateurs à « vaincre la captivité et la division du continent européen ».
Ils redisent donc avec force : « Il n’est plus permis aux Polonais et aux Allemands de diriger leur force spirituelle et matérielle les uns contre les autres. Leur devoir est au contraire l’engagement pour le bien commun de tous les peuples de l’Europe qui s’unifie, et le renforcement de son identité chrétienne ».
Les évêques lancent aussi un appel à tous les hommes de bonne volonté des deux nations pour assumer les défis qui interpellent les chrétiens d’aujourd’hui surtout sur le front de la défense de la vie, du mariage et de la famille.
« Des nouveaux devoirs sont présents dans le domaine de la bioéthique, qui souvent est corrompue et menacé par des intérêts égoïstes dans les milieux de la recherche et les sphères de la vie économique », avertissent les évêques.
« Pour le bien des générations futures, nous devons former ensemble, en esprit chrétien, le visage de notre continent, comme milieu de vie qui respecte et assure l’inaliénable dignité et la véritable liberté de l’homme », ajoutent les évêques.
« Par notre sollicitude pour cet aspect de l’Europe, nous désirons, concluent-ils par ailleurs, apporter notre contribution à la construction de la paix dans le monde ».