Irak: Une violence planifiée et perverse, analyse Mgr Sleiman

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Le quotidien tragique de cette situation

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ROME, Vendredi 2 septembre 2005 (ZENIT.org) – Une violence « planifiée » frappe l’Irak, la « confusion » actuelle du pays est marquée par le retour du « tribalisme » et du « fatalisme », et le quotidien est « tragique », affirme aujourd’hui Mgr Jean-Benjamin Sleiman, ocd, évêque latin de Bagdad au micro de Radio Vatican.

L’Irak vit trois jours de deuil, décrétés à la suite de la mort de plus de mille personnes à Bagdad, lors d’une bousculade mortelle qui a eu lieu le 31 août, à l’occasion d’une procession religieuse chiite, au pont al Aimah sur le Tigre. Mais les bombes ne se taisent pas pour autant et les affrontements armés ne cessent pas non plus. A Bassorah les chiites sont descendus dans la rue pour manifester leur soutien au projet de constitution qui devra être soumis à un referendum dans un mois et demi, le 15 octobre prochain.

« Substantiellement, a déclaré l’évêque, depuis la fin de la guerre et jusqu’à aujourd’hui, nous sommes dans une grande confusion. Nous sommes dans un pays vraiment sans règles. Sont réapparues, très fortes, des réalités que l’on croyait mortes, comme le tribalisme, le fatalisme. Ce sont vraiment des réalités fortes aujourd’hui. Nous sommes donc encore dans une grande confusion, mais la parole confusion n’exprime peut-être pas le quotidien tragique de cette situation. La confusion, en effet, est alimentée par une violence, je ne voudrais pas dire « aveugle », parce qu’elle semble au contraire bien planifiée et donc perverse ».

Pour ce qui est du risque d’une guerre civile, Mgr Sleiman répond: « J’espère que non. Qu’il y ait des risques, certainement, ils sont sérieux, mais je pense que de nombreux responsables sont au courant de cela et sont en train de faire tout leur possible pour éviter une guerre civile ».

En ce qui concerne la résolution de la division entre sunnites et chiites, Mgr Sleiman fait remarquer que « jusqu’ici, on s’est mis en route pour résoudre ces problèmes profonds, historiques. La situation actuelle a aussi sa nouveauté. Tant de conflits sont vraiment enracinés dans une culture et une histoire assez conflictuelle et violente. Pour assainir tout cela, il faut un effort supplémentaire, pour aider cette population à se réconcilier avec elle-même, avec son passé, avec ses problèmes, à encourager une nouvelle culture et une nouvelle mentalité ».

Enfin, pour ce qui est du chemin de la démocratie, Mgr Sleiman déclare: « Elle peut arriver vite ou ne jamais arriver. Je pense que le problème de la démocratie est un problème qui va au-delà d’un texte constitutionnel, qui va au-delà du scrutin lui-même. La démocratie est l’expression politique d’une philosophie, d’une anthropologie, d’une culture et je pense qu’il faudra faire encore beaucoup d’efforts. Ce sont des difficultés qui ne sont pas visibles, mais réelles, en plus du problème politique: il y a ceux qui ne veulent pas la démocratie, non pour la démocratie en tant que telle, mais parce que ce sont les autres qui sont en train de la construire. Donc il y a aussi des conflits politiques internes, internationaux, en superficie, mais l’arrière-fond social anthropologique est vraiment à réviser ».

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ZENIT Staff

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