Nathalie Franze dont le bébé est enterré là bas témoigne. Le 10 novembre dernier, cette jeune femme, enceinte de 20 semaines subit une interruption médicale de grossesse après qu’on lui eut révélé que le foetus était porteur d’une trisomie 21. « Cette décision a été une épreuve terrible. J’ai pensé à mon bébé et à ce que j’allais devenir », explique t-elle.
Conformément à la loi, il n’y eut pas d’acte de naissance, ni de certificat de décès. Rappelons qu’une circulaire interministérielle du 30 novembre 2001 autorise l’inhumation des foetus à compter de 22 semaines d’aménorrhée. A partir de ce seuil une déclaration à l’état civil est désormais obligatoire, que le foetus soit né vivant ou mort. Les parents peuvent inscrire le nom de l’enfant sur le livret de famille. En deçà de ce seuil, l’inscription à l’état civil n’est obligatoire que si le foetus est né vivant. L’inscription sur le livret de famille est par contre impossible.
Or depuis des années, une sage femme de l’hôpital de Belfort-Montbéliard veut mettre fin « à la conspiration du silence » qui règne dans les services de maternité. Elle explique que les médecins « ne parvenant pas à admettre l’échec d’une grossesse, préfèrent fuir ces femmes et leur souffrance ». « Banaliser ce deuil ne les aide en rien », explique t-elle. Après plusieurs années de combat, elle a convaincu son service et le conseil général de créer un lieu d’inhumation pour les foetus.
Début mai, le Jardin des anges a été inauguré. Nathalie Franze a été la première à y faire inhumer son bébé. Autour d’elle, beaucoup ont été choqués d’apprendre qu’elle avait fait enterrer son enfant : « Ils me disaient : mais enfin, Nathalie, tu n’as pas perdu d’enfant…Si, j’ai perdu un enfant. Et je dis d’ailleurs maintenant que j’ai été mère quatre fois », ajoute-t-elle.
Source: Libération (Marie-Joëlle Gros) 30/05/05
(Rappel: chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse des articles parus dans la presse et dont les sources sont indiquées dans l’encadré noir. Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction).