Discours de Benoît XVI après la projection du film sur Karol Wojtyla

ROME, vendredi 20 mai 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé, hier jeudi, après la projection en présence de plusieurs milliers de personnes, du film sur Karol Wojtyla « Karol, un homme devenu pape », dans la salle Paul VI du Vatican.

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Chers frères et sœurs!

Je suis certain d’interpréter les sentiments communs en exprimant ma profonde gratitude à tous ceux qui ont voulu m’offrir ce soir, ainsi qu’à vous tous, la projection de ce film, qui re-parcourt les étapes de la vie du jeune Karol Wojtyla, le suivant ensuite jusqu’à son élection comme Souverain Pontife sous le nom de Jean-Paul II. Je salue et je remercie le cardinal Roberto Tucci, qui a présenté le film. J’adresse également une parole de profonde reconnaissance au réalisateur et au scénariste Giacomo Battiato, ainsi qu’aux acteurs, avec une pensée particulière pour Piotr Adamczyk, qui interprète le rôle principal, pour le producteur Pietro Valsecchi, et pour les Maisons de production Taodue et Mediaset. Je salue cordialement les autres cardinaux, les évêques, les prêtres, les autorités et tous ceux qui sont présents à cette manifestation en l’honneur du bien-aimé pontife disparu récemment. Nous nous le rappelons tous avec une profonde affection et une intime gratitude. Il aurait fêté, précisément hier, son 85e anniversaire.

«Karol, un homme devenu pape», tel est le titre du film tiré d’un livre de Gian Franco Svidercoschi. La première partie met en évidence ce qui a eu lieu en Pologne sous l’occupation nazie, avec des références, provoquant parfois une très forte émotion, à la répression du peuple polonais et au génocide des juifs. Il s’agit de crimes atroces qui montrent tout le mal que renfermait l’idéologie nazie. Secoué par tant de douleur et tant de violence, le jeune Karol décida de donner un tournant à sa vie, en répondant à l’appel divin au sacerdoce. Le film montre des scènes et des épisodes dont le réalisme suscite chez le spectateur un frisson d’horreur instinctif et le poussent à réfléchir sur les abîmes de cruauté qui peuvent se cacher dans l’âme de l’homme. Dans le même temps, le fait de d’évoquer à nouveau de telles aberrations ne peut manquer de raviver en toute personne ayant des sentiments justes l’engagement à faire tout ce qui est en son pouvoir afin que ne se répètent jamais plus des épisodes de barbarie si inhumaine.

La projection d’aujourd’hui a lieu à quelques jours du 60e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Le 8 mai 1945, se concluait cette tragédie inhumaine, qui avait semé la destruction et la mort en Europe et dans le monde, dans une mesure jamais vue auparavant. Il y a dix ans, Jean-Paul II écrivit que le deuxième conflit mondial apparaît toujours plus clairement comme «un suicide de l’humanité». Chaque fois qu’une idéologie totalisante écrase l’homme, c’est l’humanité tout entière qui se trouve sérieusement menacée. Au fil des temps, les souvenirs ne doivent pas s’estomper; ils doivent plutôt devenir une leçon sévère pour notre génération et pour les générations futures. Nous avons le devoir de rappeler, en particulier aux jeunes, jusqu’à quelles formes de violence inouïe peuvent arriver le mépris de l’homme et la violation de ses droits.

Comment ne pas lire à la lumière d’un providentiel dessein divin le fait que sur la chaire de Pierre, ait succédé à un pontife polonais un citoyen de cette terre, l’Allemagne, où le régime nazi a pu s’affirmer avec une grande virulence, s’attaquant ensuite aux nations voisines, parmi lesquelles en particulier la Pologne? Dans leur jeunesse, ces deux papes — bien que sur des fronts adverses et dans des situations différentes — ont dû affronter la barbarie de la seconde guerre mondiale et de la violence insensée d’hommes contre d’autres hommes, de peuples contre d’autres peuples. La lettre de réconciliation que, lors des derniers jours du Concile Vatican II, les évêques polonais remirent ici, à Rome, aux évêques allemands, contenait ces célèbres paroles qui continuent, aujourd’hui encore, à retentir dans notre âme: «Nous pardonnons et demandons pardon». Dans l’homélie de dimanche dernier, je rappelais aux nouveaux prêtres que «rien ne peut s’améliorer dans le monde si le mal n’est pas surmonté. Et le mal ne peut être surmonté qu’avec le pardon». Que la condamnation commune et sincère du nazisme comme du communisme athée, soit pour tous un engagement à construire la réconciliation et la paix sur le pardon. «Pardonner — rappelait encore le bien-aimé Jean-Paul II — ne signifie pas oublier» et il ajoutait que «si la mémoire est la loi de l’histoire, le pardon est la puissance de Dieu, la puissance du Christ qui agit dans la vie des hommes» (Insegnamenti de Jean-Paul II, XVII/2 [1994], p. 250). La paix est avant tout un don de Dieu, qui fait germer dans le cœur des hommes qui l’accueillent des sentiments d’amour et de solidarité.

Je souhaite que, grâce également au témoignage de Jean-Paul II, évoqué à nouveau par cette production cinématographique significative, se renforce en tous l’intention d’œuvrer, chacun dans son propre domaine et selon ses propres possibilités, au service d’une action de paix décisive en Europe et dans le monde entier. Je confie les vœux de paix que nous portons tous dans notre cœur à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, particulièrement vénérée en ce mois de mai. Qu’Elle réconforte, Elle, la Reine de la paix, les efforts généreux de ceux qui veulent s’engager dans l’édification de la paix véritable sur les solides piliers de la vérité, de la justice, de la liberté et de l’amour. Avec ces sentiments, je donne à tous la Bénédiction apostolique.

Texte original en italien – Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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