« Hitler : Enlevez Pie XII », enquête de Salvatore Mazza dans « Avvenire »

CITE DU VATICAN, Mercredi 19 janvier 2005 (ZENIT.org) – Un journaliste « vaticaniste » du quotidien italien « Avvenire »), Salvatore Mazza, fait le point sur le projet d’Hitler de faire enlever le pape Pie XII. Nous traduisons de l’italien.

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« Hitler : Enlevez Pie XII » (première partie)

« J’ai reçu de Hitler en personne l’ordre d’enlever Pie XII… », c’est ce qu’a affirmé, explique l’auteur, Karls friedrich Otto Wolff, « Obergruppenführer d’Etat majeur des SS et général des Waffen SS, ancien chef du secrétariat personnel de Heinrich Himmler et ensuite Höchster SS und Polizei-Führer (i.e. chef suprême des SS) en Italie, dans un mémoire écrit déposé le 24 mars 1972, sur les événements qui ont risqué de modifier le cadre des dernières années de la guerre. C’est un mémoire qui confirme l’idée hitlérienne peut-être la plus délirante : enlever Pie XII et « effacer » le Vatican. Sinon le christianisme.

Seulement du délire ? Il y a plus. Un projet médité pendant des années et mis au point dans le détail. Et auquel le témoignage de Wolff ajoute la pièce manquante, utile pour définir un chapitre de la seconde guerre mondiale qui jusqu’ici n’avait pas vraiment été mis au clair, et qui révèle une fois de plus combien la haine vouée par Hitler au pape Pacelli qu’il considérait comme « anti-national-socialiste » et « ami des juifs ». Le témoignage de Wolff, qui se trouve aujourd’hui dans les dossiers de la cause de béatification, a été recueilli en Bavière, à Munich, où s’est déroulé l’un des sept procès rogatoires pour la cause de Pacelli, (les autres, à côté du procès principal de Rome, ont écouté des témoins à Gênes, à Varsovie, Lisbonne, Montevideo, Berlin et Madrid). Depuis quelques années déjà, au mépris de l’histoire, et des reconnaissances qui étaient parvenues de partout en raison de son action en faveur des juifs, l’ombre diffamatrice du « Vicaire », la pièce de Rolf Hochhuth (1963) s’était projetée sur la figure de Pie XII.

Wolff avait déjà déposé au procès de Nuremberg, contre les criminels de guerre nazis, sur différents aspects du conflit en Italie. Il avait mentionné le fait que Hitler, au printemps 1943, avait déjà donné l’ordre de séquestrer le pape Pacelli, mais qu’à cette occasion, il avait réussi à détourner le Führer de ses intentions. Mais étrangement, comme le regrettait, en 1972, l’historien jésuite Robert Graham, à Nuremberg, justement, la question du projet d’enlèvement du pape n’a pas été approfondie. Wolff l’a pour sa part souligné en 1972 a Munich, en révélant qu’après le 8 septembre l’insistance de Hitler pour exécuter le plan devint chaque jour plus paroxystique.

Dans les premiers jours de mai 1944, au quartier général de Hitler, Wolff reçut probablement une forme d’ultimatum. En Italie, les événements se précipitaient et Hitler n’admettait plus de renvois ni de prétextes. Rentré à Rome, cependant, le commandant des SS demanda – peut-être par l’intermédiaire de l’ambassadeur Weizäcker qui était au courant du projet – de pouvoir rencontrer le pontife « pour le mettre au courant de questions graves et très urgentes concernant sa personne » selon la communication qu’il avait faite parvenir au pape. L’audience eut lieu le soir du 10 mai, à moins d’un mois de ce qui devait être la fuite des Allemands de Rome, dans la nuit du 4 au 5 juin suivant. Le général, en civil, fut accompagné au Vatican par le Supérieur des Salvatoriens, le P.Pancrazio Pfeiffer (qui, pendant toute la guerre a été la lunga manus de Pacelli dans son œuvre d’aide des juifs). En présence de Pie XII, Wolff rapporta les intentions de Hitler et il exhorta le pontife à être sur ses gardes parce que si lui n’avait en aucun cas l’intention d’exécuter de tels ordres, la situation était de toute façon confuse et hérissée de risques. Le pape demanda alors à Wolff, pour preuve de sa sincérité, de libérer deux condamnés à mort, ce que le général fit, le 3 juin (l’un des deux était Giuliano Vasalli).

Selon la reconstruction de Graham (qui n’était pas au courant du témoignage de Wolff à Munich), pour enlever Pie XII, on aurait mobilisé les SS, tandis que pour « mettre en lieu sûr », les archives du Vatican, ce sont les Kunsberg-Kommando, une organisation des mêmes SS spécialisées dans la classification de documents, qui en auraient été chargés.

(à suivre)

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ZENIT Staff

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