CITE DU VATICAN, Vendredi 24 septembre 2004 (ZENIT.org) – "Seule une meilleure maîtrise de l’eau peut relancer le secteur agricole", affirme M. Jacques Diouf, directeur général de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (Food and Agriculture organization, FAO, www.fao.org), dans son intervention, le 23 septembre à l’assemblée des nonces apostoliques en Afrique et à Madagascar réunis à la Maison Sainte-Marthe du Vatican. M. Diouf souligne avec satisfaction que "la FAO apprécie le soutien qu’elle a reçu de l’Eglise catholique depuis sa naissance" (cf. "Documents" ci-dessous pour le texte intégral, en français).
M. Diouf a remercié le pape Jean-Paul II pour "sa grande sollicitude envers l’Afrique et ses fils". Il rendait encore cet hommage au pape: "C’est pour moi un plaisir d’être parmi vous aujourd’hui, dans cette Cité du Vatican qui a été, à travers l’Histoire et de nos jours sous le Pontificat de Jean-Paul II, un lieu de paix et de défense des libertés, de la démocratie et de la justice".
"La FAO apprécie le soutien qu’elle a reçu de l’Eglise catholique depuis la naissance de l’Organisation, en 1945, pour défendre les droits des pauvres et des victimes de la faim", ajoutait M. Diouf, tout en déplorant qu’aujourd’hui encore, 842 millions de personnes dans le monde "n’ont pas accès à une nourriture suffisante", dont 200 millions en Afrique, soit un tiers de la population.
Il affirmait: "Le problème de la faim et de la pauvreté demeure l’un des défis les plus pressants et les plus redoutables de notre époque. Outre la souffrance qu’elles provoquent, la faim et la pauvreté entravent le progrès économique et social tout en alimentant le crime et la délinquance".
Pour la seule année 2002, les importations agricoles de l’Afrique se sont élevées à 22 milliards de dollars E.U. et l’aide alimentaire a atteint, la même année, 1,7 milliard de dollars.
"En Afrique, 70 pour cent des ruraux tirent leur subsistance directement ou indirectement de l’agriculture et ont besoin d’être protégés des aléas du marché et du climat. La lutte contre la pauvreté et la faim exige de s’attaquer aux problèmes des petits exploitants agricoles et de leurs familles, car ce sont eux qui produisent l’essentiel des denrées dans les pays en développement", affirmait M. Diouf.
Il citait l’engagement pris par les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, lors de leur Sommet à Maputo en juillet 2003, d’allouer, d’ici à 2008, au moins 10 pour cent des budgets nationaux à l’agriculture.
Il rappelait qu’encore en juin dernier, 23 pays africains étaient confrontés à des crises alimentaires graves nécessitant une aide d’urgence.
Il citait également la pandémie du VIH/SIDA, la malaria, les maladies diarrhéiques, la trypanosomiase et d’autres fléaux qui "aggravent l’insécurité alimentaire dans bon nombre de pays africains".
"Un milliard huit cent millions: c’est le nombre de bouches que l’Afrique devra nourrir à l’horizon 2050, contre un peu plus de 800 millions aujourd’hui. Pour relever ce défi, il faudra accroître à la fois la production et la productivité du secteur agricole, notamment au niveau des ménages pauvres. Il faudra également diversifier davantage l’agriculture, car une production agricole plus variée offre une plus grande marge de manœuvre aux agriculteurs tout en les protégeant des fluctuations du marché et du climat", ajoutait M. Diouf.
Il précisait: "Ma conviction est que seule une meilleure maîtrise de l’eau peut relancer le secteur agricole", et c’est pourquoi la maîtrise de l’eau "est une composante essentielle du Programme spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO" lancé en 1994 et opérationnel dans 101 pays dont 42 en Afrique.
Après avoir cité les autres fronts sur lesquels se bat la FAO en particulier, contre les maladies du bétail, M. Diouf ajoutait: "Dans son message délivré lors de la 32e Conférence de la FAO, en décembre 2003, sa Sainteté Jean-Paul II a exprimé sa conviction : " que le travail de la FAO, en établissant une Alliance internationale contre la Faim, portera des fruits (…). Le monde ne peut demeurer sourd aux suppliques de ceux qui réclament la nourriture dont ils ont besoin pour survivre.»"
Il constatait: "Cette Alliance est aujourd’hui une réalité. Son Secrétariat est assuré par la FAO et le Comité de la sécurité alimentaire mondiale suit de près les progrès accomplis depuis son lancement, en octobre 2003, en vue d’en faire un outil efficace de lutte contre la faim".
Il mentionnait que la Caritas-Internationalis et la FAO "oeuvrent ensemble en vue de promouvoir la création d’Alliances nationales établies en fonction des intérêts et priorités spécifiques des organisations non gouvernementales et des autres partenaires dans chacun des pays concernés".
Le bilan des interventions reste pourtant "décevant": "Près de huit ans après la tenue du Sommet mondial de l’alimentation, le bilan par rapport à l’objectif de réduire de moitié le nombre d’affamés, avant 2015, est décevant. Selon les estimations de la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées vivant dans les pays en développement était encore de 798 millions en 2001, soit seulement 19 millions de moins que les 817 millions estimés en 1992".
Le nouvel objectif est donc le suivant: "Si l’on veut atteindre l’objectif fixé par le Sommet, il faudrait que le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde diminue en moyenne de 26 millions par an".
Mais M. Diouf souligne d’autre paramètres indispensables: "Il faut aussi que la paix et la stabilité s’instaurent dans de nombreuses régions du monde durement éprouvées par les conflits armés, générateurs d’insécurité alimentaire et de famine. Au cours de la période 1996-2002, on a compté en moyenne 31 conflits, nouveaux ou en cours, par an, les plus nombreux ayant l’Afrique pour théâtre".
Il concluait: "Les pays africains ont cependant accompli des progrès notables au cours des cinq dernières années, notamment en matière de politiques de lutte contre la pauvreté et la faim. En outre, la redéfinition des priorités dans le cadre du NEPAD – notamment en faveur de la maîtrise de l’eau et des infrastructures rurales – alliée à la volonté de changement et à une meilleure répartition des ressources devraient permettre à l’Afrique d’accélérer le progrès économique et social tout en réduisant les fléaux de la faim, de la sous-alimentation et de la pauvreté".
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Sep 24, 2004 00:00