Dans la province du Shaanxi, à Xi’an, les Franciscaines missionnaires de Marie (FMM), religieuses catholiques, ont ouvert une maison d’accueil de jour pour les enfants handicapés mentaux âgés de 6 à 12 ans. Installée dans les bâtiments de l’ancien petit séminaire du diocèse de Xi’an, la structure porte le nom de "Jardin d’enfants de l’amour universel" et est légalement enregistrée auprès des autorités civiles. Selon les religieuses, depuis l’ouverture du centre, en 2001, l’attitude des bien-portants envers les enfants handicapés a évolué et ces derniers sont mieux acceptés qu’auparavant par la société.
Selon Sœur Lu Zhiwei, responsable du jardin d’enfants, ce changement dans la perception par la société des handicapés mentaux est allé de pair avec l’apparition, chez des parents de ces enfants, d’une exigence nouvelle. "Au départ, nous n’avions pas d’expérience sur la manière de prendre soin des enfants, témoigne-t-elle. Les parents étaient bien contents du simple fait que nous nous occupions de leurs enfants avec amour. Aujourd’hui, les parents attendent plus de nous et insistent pour que nous nous montrions plus professionnelles."
Au service de dix-sept enfants, les sept religieuses du centre sont toutes des institutrices diplômées mais elles manquent de formation spécialisée dans le domaine du handicap mental et de sa prise en charge. Sœur Lu rapporte qu’il n’existe pas de centre de formation dans la région qui permettrait de combler cette lacune. "Tout ce que nous pouvons faire est de suivre des formations courtes, à l’occasion, lorsqu’elles se présentent", souligne-t-elle.
Pour Sœur Lu, le fait que les parents souhaitent voir les sœurs mieux formées montre qu’ils sont plus soucieux des soins apportés à leur progéniture. Le handicap mental fait moins l’objet d’ostracisme social qu’il y a quelques années encore quand les parents, par crainte d’être eux-mêmes discriminés, gardaient leurs enfants handicapés chez eux, cachés, jusqu’à un âge avancé. Désormais, les parents osent en parler autour d’eux afin de chercher de l’aide, voire même de s’entraider. Cette évolution est notable en ville mais plus lente dans les campagnes. De plus, note encore Sœur Lu, si les parents se soucient désormais de l’encadrement dont leurs enfants disposent dans le centre, ils ne sont pas encore prêts à s’engager au sein de l’école. Rares sont les parents, par exemple, à prendre part aux sorties organisées par les sœurs pour les enfants. "La plupart des parents doivent courir au travail après avoir déposé leur enfant à l’école", rapporte la religieuse.
Le Jardin d’enfants de l’amour universel compte deux classes où les enfants apprennent les gestes de la vie quotidienne et une base d’éducation générale. L’enseignement est adapté à chacun. Pour la rentrée de septembre, trois nouveaux enfants ont été admis. Sœur Gao Pusong, responsable des études, explique qu’il n’est pas possible d’augmenter plus vite les effectifs tant l’enseignement doit être pensé pour chaque élève, en fonction de ses capacités et de son rythme de développement.
Deux religieuses de la communauté ont été détachées pour servir au sein d’un organisme public de soin aux handicapés. Selon Sœur Gao, "l’expérience acquise par ces deux sœurs a permis d’améliorer le fonctionnement du jardin d’enfants". Elle a aussi permis aux autorités de se familiariser avec le travail des sœurs et cette proximité a rendu possible l’enregistrement officiel du jardin d’enfants (1). Pour autant, aucune subvention publique n’est accordée aux sœurs pour leur travail auprès des enfants et les dons privés n’affluent pas en masse. Pour couvrir – à grand peine – leurs frais, les sœurs demandent aux parents des frais de pension relativement importants : 330 yuans par mois (33 euros) en 2004. Les enfants dont les parents ne peuvent pas payer sont néanmoins admis, gratuitement ou presque.
(1) A propos du développement des services sociaux proposés par l’Eglise catholique, voir EDA 170, 198, 402
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Sep 28, 2004 00:00