Jean-Paul II a en effet reçu ce lundi matin à Castelgandolfo des fonctionnaires de l’Administration pénitentiaire italienne, l’Inspecteur général des aumôniers de prison catholiques, Mgr Giorgio Caniato, ainsi qu’un groupe d’agents de la Police pénitentiaire féminine en fin de formation.
« La valeur fondamentale qu’est la personne doit être au cœur de toute éthique civique ou professionnelle, au cœur même de la formation. Je suis donc heureux de vous placer, vous et votre mission, sous la protection de Monsieur Vincent », a déclaré Jean-Paul II.
« C’est aujourd’hui la fête de saint Vincent de Paul, un grand saint de la charité, qui a connu la dureté de la prison. Il a enseigné aux Dames puis aux Filles de la Charité à être attentives à cette catégorie particulière de pauvres que sont les forçats. Il leur a demandé de la compréhension envers ces hommes et de réclamer pour eux un traitement humain ». Il était animé de l’amour du Christ qui, « dans l’Evangile s’identifie avec les prisonniers ».
Jean-Paul II recommandait aux gardiennes de prison d’avoir un souci particulier de leur « vie spirituelle » en précisant : « Votre travail requiert une grande maturité, capable de conjuguer fermeté et attention aux personnes. Votre féminité est en cela un avantage certain car vos qualités spécifiques favorisent les relations humaines ». Leur tâche, expliquait le pape, demande cette « force intérieure qui vient de la prière, c’est-à-dire de l’union intime avec Dieu en toute situation de la vie, même dans les occupations quotidiennes ».
Le pape a également redit son souhait qu’une volonté de promouvoir une justice authentique soit mise en œuvre avec succès dans tous les secteurs de l’Administration pénitentiaire.
Jean-Paul II avait voulu que le Grand Jubilé de l’An 2000 prévoie le jubilé des prisonniers et s’est rendu dans une prison romaine où il a célébré la messe à cette occasion. Il appelait à une réforme (cf. ci-dessous in « Documents », Message pour le Jubilé dans les prisons) : « Il arrive que la prison devienne un lieu de violence comparable aux milieux d’où proviennent bien souvent les détenus. Il est évident que cela rend vain tout effort éducatif des mesures de détention », déplorait le pape.
Il notait aussi : « D’autres difficultés s’opposent à ce que les prisonniers puissent maintenir des contacts réguliers avec leurs familles et leurs amis, et l’on trouve souvent de graves carences dans les structures qui devraient aider ceux qui sortent de prison et les accompagner dans leur réinsertion sociale ».
Le pape faisait entre autres cette suggestion : « On devrait effacer de la législation des États les normes contraires à la dignité et aux droits fondamentaux de la personne humaine, ainsi que les lois qui font obstacle à l’exercice de la liberté religieuse pour les détenus. Il faudra revoir également les règlements des prisons qui ne prêtent pas suffisamment attention aux détenus atteints de maladie grave ou en phase terminale; de même, il faut renforcer les institutions préposées à la sauvegarde légale des plus pauvres ».
« Les États et les gouvernements qui auraient entrepris ou entendraient entreprendre des révisions de leur système carcéral, pour mieux l’adapter aux exigences de la personne humaine, méritent d’être encouragés à poursuivre cette œuvre si importante, en prévoyant également un recours plus fréquent à d’autres mesures que la peine de détention (…). La prison doit être non pas un lieu de négation de l’éducation, un lieu d’oisiveté, voire de vice, mais de rédemption », recommandait le pape en en appelant aux gouvernants.
Enfin, à propos de la pratique religieuse en prison, il insistait : « Les détenus seront certainement aidés si on leur offre la possibilité d’approfondir leurs rapports avec Dieu, et aussi leur implication dans des projets de solidarité et de charité. Cela contribuera à accélérer le processus de leur récupération sociale, tout en rendant plus vivable le milieu carcéral ».