CITE DU VATICAN, Mardi 21 septembre 2004 (ZENIT.org) – La vocation de la Turquie : un « pont culturel » entre Europe et monde arabe, a déclaré le cardinal Joseph Ratzinger, rapporte le « Giornale del Popolo » du 20 septembre : un quotidien suisse du Tessin (www.gdp.ch p. 14). Mais le quotidien titre sur la « grande erreur » que représenterait selon le cardinal, l’entrée de la Turquie dans l’UE.
Le quotidien se réfère à un congrès auquel le préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi a participé vendredi dernier, 17 septembre, à Velletri : le cardinal commentait l’exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II sur l’Eglise en Europe, « Ecclesia in Europa ».
Or, le 6 octobre prochain, la Commission européenne doit rendre son rapport sur les progrès de la démocratie en Turquie, et elle fera savoir son avis au Conseil européen – feu vert ou rouge – pour les éventuelles négociations en vue de l’adhésion à l’Union européenne. En mai dernier, le cardinal Camillo Ruini, président de la conférence des évêques italiens avait lui aussi exprimé quelque perplexité devant cette éventualité.
Dans sa conférence, le cardinal Ratzinger a abordé les questions de l’annonce de l’Evangile, de l’engagement politique des chrétiens, de la laïcité de l’Etat (différent du « laïcisme » « dogmatique et intolérant »), et la question des racines chrétiennes de l’Europe.
Puis il a lancé l’idée que « la Turquie doit être respectée dans ses valeurs identitaires », et qu’elle aurait « une autre mission à accomplir » que celle de faire partie de l’Union européenne, celle de « pont culturel », entre l’Europe et le monde arabe. Et de préciser : « La Turquie devrait former un continent culturel » avec les pays arabes, mais « le moment n’est pas propice, à cause des tensions existantes ».
En effet, à une question du « Giornale del Popolo » sur l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’Europe, le cardinal Ratzinger a d’abord fait remarquer qu’il parlait en tant que « petit historien qui a toujours conservé amour et attention pour cette discipline » avant de souligner en substance, selon la même source, que l’Europe est concept non pas « géographique » mais « culturel », qui s’est formé au cours d’un processus historique mais aussi conflictuel, et fondé sur la foi chrétienne.
C’est un fait, faisait observer le cardinal, que l’empire ottoman a toujours été en opposition avec l’Europe. Même si, dans les années vingt, Kemal Attaturk a construit une Turquie laïque, elle demeure le noyau de l’ancien empire et a un fondement islamique. Elle est ainsi très différente de l’Europe, qui est elle-même un ensemble de Nations laïques, mais avec un fondement chrétien, même si elles semblent aujourd’hui le nier.
L’entrée de la Turquie dans l’Union européenne serait donc, selon le cardinal Ratzinger, « anti-historique ». Ce serait aller à l’encontre de « l’âme européenne » et des réalités, et donc une « grande erreur », et la conséquence de raisons économiques. « Mais quelle Europe aurions-nous, qui serait construite seulement sur l’économie? », a protesté le cardinal.
A propos du « non » à la mention des racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de la constitution européenne, le cardinal le considère, selon la même source, comme « incompréhensible » et « inacceptable » : il faut attendre les résultats « des différents référendum ».