CITE DU VATICAN, lundi 20 septembre 2004 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous la biographie du père Joseph-Marie Cassant, qui sera béatifié le 3 octobre, publié dans le site du Vatican (cf. www.vatican.va).
Joseph-Marie Cassant est né le 6 mars 1878 à Casseneuil, dans le Lot-et-Garonne (diocèse d’Agen, France) dans une famille d’arboriculteurs qui compte déjà un garçon âgé de neuf ans. Il fait ses études au pensionnat des frères de Saint Jean–Baptiste de la Salle, toujours à Casseneuil: il y éprouve progressivement des difficultés en raison de sa mémoire défaillante.
A la maison et au pensionnat, il reçoit une solide éducation chrétienne et, peu à peu, grandit en lui le désir profond d’être prêtre. L’abbé Filhol, curé de la paroisse, estimant beaucoup le garçon, le fait aider dans ses études par un vicaire, mais le manque de mémoire continue à s’opposer à l’entrée au petit séminaire. Cependant l’adolescent est porté au silence, au recueillement et à la prière. L’abbé Filhol lui suggère de s’orienter vers la Trappe: le jeune homme de seize ans accepte sans hésiter. Après un temps de probation au presbytère, Joseph entre donc à l’abbaye cistercienne de Sainte-Marie du Désert (diocèse de Toulouse, France) le 5 décembre 1894.
Le maître des novices est alors le Père André Malet. Il sait percevoir les besoins des âmes et y répondre avec humanité. Dès la première rencontre il a manifesté sa bienveillance: «Ayez confiance! je vous aiderai à aimer Jésus». Quant à eux, les frères du monastère ne tardent pas à apprécier le nouveau venu: Joseph n’est ni raisonneur ni grognon, mais toujours content, toujours souriant. En contemplant souvent Jésus dans sa passion et sur la croix, le jeune moine s’imprègne de l’amour du Christ. La «voie du Cœur de Jésus», que lui enseigne le Père André, est un appel incessant à vivre l’instant présent avec patience, espérance et amour. Frère Joseph-Marie est conscient de ses lacunes, de sa faiblesse. Mais il compte, de plus en plus, sur Jésus qui est sa force. Ce n’est pas un partisan des demi-mesures. Il veut se donner totalement au Christ. Sa devise en témoigne: «Tout pour Jésus, tout par Marie». Il est ainsi admis à prononcer ses vœux définitifs, le 24 mai 1900, en la fête de l’Ascension.
C’est alors la préparation au sacerdoce. Frère Joseph-Marie l’envisage surtout en fonction de l’Eucharistie. Celle-ci est bien pour lui la réalité présente et vivante de Jésus: le Sauveur tout donné aux hommes, dont le Cœur transpercé sur la croix accueille avec tendresse ceux qui vont à lui dans la confiance. Toutefois les cours de théologie donnés par un frère peu compréhensif occasionnent des affronts très douloureux pour la vive sensibilité du jeune moine. Dans toutes les contradictions il s’appuie sur le Christ présent dans l’Eucharistie, «le seul bonheur de la terre», et confie sa souffrance au Père André qui l’éclaire et le réconforte. Finalement, les examens s’étant passés de façon satisfaisante, il a la grande joie de recevoir l’ordination sacerdotale le 12 octobre 1902.
Cependant on constate qu’il est atteint de tuberculose. Le mal est très avancé. Le jeune prêtre n’a révélé ses souffrances qu’au moment où il ne pouvait plus les cacher: pourquoi se plaindre quand on médite assidûment le chemin de croix du Sauveur? Malgré un séjour en famille durant sept semaines, exigé par le Père Abbé, ses forces déclinent de plus en plus. A son retour au monastère, on l’envoie bientôt à l’infirmerie, nouvelle occasion d’offrir, pour le Christ et l’Eglise, ses souffrances physiques de plus en plus intolérables, aggravées par les négligences de son infirmier. Plus que jamais, Père André l’écoute, le conseille et le soutient. Il avait dit: «Quand je ne pourrai plus dire la Messe, Jésus pourra me retirer de ce monde». Le 17 juin 1903, au petit matin, après avoir communié, Père Joseph-Marie rejoint pour toujours le Christ Jésus.
Le 9 juin 1984, le Saint-Père Jean-Paul II a reconnu l’héroïcité de ses vertus.
On a parfois souligné la banalité de cette courte existence: seize années discrètes à Casseneuil et neuf années dans la clôture d’un monastère, en faisant des choses simples: prière, études, travail. Des choses simples, oui, mais il a su les vivre de façon extraordinaire; de petites actions, mais accomplies avec une générosité sans limites. Le Christ avait mis en son esprit, limpide comme une eau de source, la conviction que Dieu seul est le suprême bonheur, que son Royaume est semblable à un trésor caché et à une perle précieuse.
Le message du Père Joseph-Marie est très actuel : dans un monde de défiance, souvent victime de désespérance, mais assoiffé d’amour et de tendresse, sa vie peut être une réponse, surtout pour les jeunes en quête du sens de leur vie. Joseph-Marie était un adolescent sans relief et sans valeur aux yeux des hommes. Il doit la réussite de sa vie à la rencontre bouleversante de Jésus. Il a su se mettre à sa suite dans une communauté de frères, avec le soutien d’un Père spirituel, à la fois témoin du Christ et capable d’accueillir et de comprendre.
Il est pour les petits et les humbles un entraîneur magnifique. Il leur montre comment vivre, jour après jour, pour le Christ, avec amour, énergie et fidélité, en acceptant d’être aidés par un frère, par une sœur, expérimentés, capables de les mener sur les traces de Jésus.