Coopération et dialogue, réponses à la "mondialisation de la terreur"

Le card. Poupard, à la Journée de l’Interdépendance

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CITE DU VATICAN, Mardi 14 septembre 2004 (ZENIT.org) – La coopération et le dialogue entre responsables politiques et religieux sera une réponse à la « mondialisation de la terreur », estime le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture. Il a participé, le 12 septembre à la seconde « Journée de l’Interdépendance » organisée cette année à Rome, au Capitole sur le thème : « En mémoire du 11 septembre-Dialogue pour la Paix » (cf.
Zenit, 13 septembre).

Après la tragique prise d’otage à l’école de Beslan, en Ossétie, et à l’occasion du troisième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, le cardinal Paul Poupard a lancé un appel à s’opposer aux risques d’un « terrorisme sauvage » toujours plus mondialisé, « à travers un processus de dialogue et de collaboration personnelle et de groupe ».

« Nous devons combattre la mondialisation du terrorisme avec la globalisation de l’engagement responsable pour un vivre civil et humain vraiment interdépendant, qui tienne compte des besoins, des attentes, des capacités de qui habite le même monde, le même village global », a déclaré le cardinal français.

« Nous voulons réaffirmer, disait encore le cardinal Poupard, que la coopération entre les peuples, les religions et les cultures n’est pas un choix entre autres, même secondaire ou accessoire, c’est aujourd’hui une urgence pressante, une vraie nécessité ».

« Ce qui arrive aujourd’hui dans le monde nous concerne tous, et nous contraint par conséquent à réfléchir à fond sur les causes, et surtout à nous engager pour une vraie alternative, responsable, décisive, à l’outrage, la haine et la terreur, à la guerre et à la mort ».

« Nous pensions, soulignait le cardinal Poupard, qu’après les horreurs de la seconde guerre mondiale, des situations aussi abominables ne pourraient se répéter », mais, « hélas, il n’en a pas été ainsi » : « Le 11 septembre représente le départ une phase nouvelle de cruauté, et d’inhumanité, marquée par un sanglant massacre des innocents ».

« Nous avons tous été horrifiés, ajoutait le cardinal, devant les images des enfants de Beslan, nous nous sommes demandés : comment une chose semblable est-elle possible au IIIe millénaire ? Comment tant de barbarie, tant d’inhumanité est-elle possible ? Comment peut-on concevoir quelque chose d’aussi cruel, où même l’innocence des enfants n’est plus préservée ni respectée ? »

Il diagnostiquait : « Il ne s’agit plus d’affrontement politique ou militaire, d’opposition des idéologies ou de visions politiques ou religieuses », mais il s’agit d’un « terrorisme sauvage », qui n’a « rien à dire au monde et à l’humanité, qui transforme les hommes et les femmes en bêtes féroces, incapables de quelque signe d’humanité que ce soit ».

« Même les catégories de la folie ou de la pathologie ne peuvent nous donner la plus pâle explication sur ce qui est arrivé à Beslan », observait le cardinal en exprimant sa proximité et sa douleur aux familles victimes de la prise d’otage.

Le cardinal Poupard a salué les nombreux civils engagés dans des activités humanitaires ou de maintien de la paix, elles aussi « victimes du terrorisme », comme les deux jeunes volontaires italiennes enlevées à Bagdad, Simona Torretta e Simona Pari, encore aux mains de leurs ravisseurs.

« Leur enlèvement, affirmait le cardinal Poupard, comme celui de nombreux autres civils, ne peut être en aucune façon justifiée. C’est la négation de la valeur absolue de toute personne humaine, de sa vie, de sa dignité ainsi que de la fraternité humaine, de la collaboration, du dialogue constructif, de la charité fraternelle elle-même ».

Et d’ajouter : « Nous ne pouvons pas accepter cette régression d’humanité de la part de ces gens sans pitié et sans cœur », « nous ne pouvons pas nous habituer à cette façon de vivre, à cette perte de sens de l’existence humaine, de son caractère sacré et intouchable ».

Mais le cardinal discerne également « deux signes positifs ». D’une part le rassemblement de Milan (5-7 septembre) grâce à la coopération du diocèse de Milan et de Sant’Egidio : le cardinal y voit « la beauté d’une rencontre qui ne part pas des préjugés et de visions négatives de l’autre, mais d’un respect réciproque profond et sincère, et de la volonté commune de grandir ensemble, de construire ensemble par le dialogue, l’échange de vues, l’engagement effectif pour la paix ».

Le second signe positif discerné par le cardinal Poupard est « la décision courageuse de tant de Musulmans, italiens et français, de désavouer les terroristes et de nier avec détermination que des actions de violence de ce type, si nombreuses et inhumaines, puissent tirer leur raison d’être du Coran et de l’expérience religieuse de l’Islam ».

« Je peux témoigner, confiait le cardinal français, d’une conscience nouvelle des responsabilités que les religions ont au début de ce millénaire. Nous avons mis en pratique le dialogue de l’amour. Nous avons prié le Dieu d’Amour de nous donner le courage de l’amour ».

« Telle est, ajoutait-il, notre contribution à ce défi : non seulement il est possible, mais il est nécessaire et c’est un devoir, c’est l’essence du projet « politique » de l’humanité. Et l’unité des peuples, dans le respect des mille identités, la fin même de l’interdépendance au niveau planétaire, que la violence terroriste, la guerre, l’injuste répartition des ressources dans le monde et les inégalités sociales et culturelle menacent et minent à la racine ».

« La nécessité et l’importance des événements comme celui-ci, a-t-il affirmé, « résident dans la volonté de nous tous de chercher des réponses efficaces à l’utilisation de la violence aveugle, hélas utilisée par des groupes fanatiques comme l’unique solution à tant de problèmes de notre temps ».

« Une violence alimentée, souvent par l’ignorance, le mensonge, l’incompréhension, l’injustice, le fait de diaboliser l’autre systématiquement, retenu comme l’adversaire, sinon directement comme un obstacle sur le chemin de sa propre réalisation ».

« Notre engagement commun nous pousse à rappeler que les risques d’un terrorisme mondial et de conflit ne peuvent être affrontés qu’à travers un processus de dialogue et de collaboration personnelle et de groupe, en famille comme dans la communauté internationale, parmi les responsables politiques, religieux, et entre les peuples ».

« Devant l’abîme du mal, et la chaîne mortelle de la violence, nous ne nous laissons pas dominer par la peur ni intimider par le terrorisme. Tel est le message des religions qui nous invitent ensemble à l’amour de Dieu et à l’amour des hommes, tous frères. C’est un message d’espérance », a conclu le cardinal poupard.

La première Journée de l’Interdépendance, pensée et organisée par le politologue des Etats unis, Benjamin Barber, ancien conseiller du président Bill Clinton, a eu lieu à Philadelphie, capitale de « l’Independence Day », le « jour après » l’anniversaire de l’attentat du 11 septembre.

Les débats de cette rencontre ont été centrés sur l’aspiration à une mondialisation, expression du « multilatéralisme », qui s’appuie sur les intérêts véritables de l’humanité : lutte contre la pauvreté, écologie, égale dignité des cultures et des peuples, guerre contre le terrorisme.

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ZENIT Staff

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