Une commission de l'UNESCO pourrait approuver le clonage humain "thérapeutique"

Entretien avec le délégué de l’Eglise catholique aux débats

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ROME, Vendredi 3 septembre 2004 (ZENIT.org) – Des délégations de différents pays ont exprimé leur préoccupation concernant le projet de l’UNESCO de rédiger une « Déclaration sur les Normes Universelles de Bioéthique ». Cette déclaration pourrait entre autres approuver le « clonage thérapeutique ». Elle devrait être rédigée avant le vote des Nations unies sur la proposition d’interdiction de tout type de clonage humain.

La XIe session du Comité International de Bioéthique (CIB) chargé de l’élaboration de cette Déclaration a eu lieu à Paris les 23 et 24 août derniers. Cette session était consacrée à la révision du projet de déclaration.

Des représentants des grandes religions sont intervenus au cours de cette session. L’Eglise catholique était représentée par le père Gonzalo Miranda, L.C., doyen de la Faculté de bioéthique de l’Athénée pontifical Regina Apostolorum, de Rome.

Nous publions ci-dessous l’entretien que le père Miranda a accordé à Zenit.

Zenit : Pourquoi a-t-on invité des représentants des grandes religions à cette session ?

P. Miranda : Même si la rédaction du document est déjà bien avancée, les membres du Comité International de Bioéthique ont jugé opportun d’entendre l’opinion des religions sur ce sujet. Les mois précédents, les représentants des principales agences internationales et des experts en bioéthiques du monde entier, avaient été entendus. Quelqu’un s’est visiblement rendu compte que les religions ont, elles aussi, quelque chose à dire, et que le fait de les considérer aiderait à travailler avec cet esprit de vrai pluralisme que le directeur général de l’UNESCO lui-même, M. Koichiro Matsuura rappelait dans son discours au Comité en avril.

Même si les représentants des religions n’ont disposé chacun que de dix minutes pour faire leur exposition, et de dix autres minutes pour les questions-réponses, je crois que cette expérience a été positive pour toutes les personnes présentes. A la fin du deuxième jour, au moment d’analyser ensemble les différentes parties du projet de Déclaration, quelqu’un m’a dit que c’était la première fois qu’il voyait que l’UNESCO consacrait une telle importance à la religion.

De nombreux participants ont en effet fait allusion aux interventions de la veille. L’un d’entre eux a déclaré par exemple que puisque la majorité des êtres humains appartient à une religion on ne peut pas faire abstraction de la vision des religions en matière de bioéthique, si l’on veut vraiment élaborer une Déclaration ayant un caractère universel.

Zenit : Quelles étaient les grandes lignes de votre intervention ?

P. Miranda : Comme je n’avais pas beaucoup de temps à disposition j’ai choisi d’insister sur un aspect qui me semble crucial dans la situation actuelle : l’obligation de ne discriminer personne et de ne violer les droits humains de personne. Le projet du document reprend très clairement le principe du respect de la dignité humain et la défense des droits humains, mais nous savons malheureusement que beaucoup de ceux qui soutiennent cela, justifient sans problème des pratiques comme l’avortement, l’utilisation d’embryons humains pour l’expérimentation et le clonage pour produire des embryons permettant d’obtenir des cellules troncales.

J’ai donc insisté sur le fait que tous les êtres humains jouissent de la même dignité intrinsèque car ils appartiennent à la famille humaine, et que nous les chrétiens savons que nous sommes tous fils du même Dieu. J’ai dit que le principe d’égalité universelle des êtres humains s’étend à tous sans distinction. J’ai cité la célèbre phrase de saint Paul : « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus »; et j’ai ajouté : « Il n’y a ni enfant né ni enfant non-né, nous ne faisons qu’un dans le Christ Jésus ».

J’ai par ailleurs souligné la question du respect dû à l’être humain depuis son état embryonnaire, qui ne dépend pas de la vision religieuse; il s’agit plutôt de l’expression du principe de la dignité et de l’égalité universelles de tous les êtres humains, fondement même de la coexistence entre les hommes et entre les peuples.

Zenit : Avez-vous fait des remarques concernant le projet de la Déclaration ?

P. Miranda : Oui. J’ai dit qu’un document de l’UNESCO (c’est-à-dire d’une agence des Nations unies) ne doit pas proposer, approuver ou avaliser une pratique contraire à la Déclaration des droits de l’homme de 1948, spécialement le droit à la vie, proclamé dans l’article 3. J’ai également rappelé que l’article 2 dit que les droits et les libertés énoncés dans la Déclaration s’appliquent à « chacun », « sans distinction aucune, notamment de race, … ou de toute autre situation ». « Ou de toute autre situation » signifie tout simplement « d’aucune situation ».

Je me suis également permis d’attirer l’attention sur le risque que le texte puisse approuver indirectement ou implicitement certaines pratiques qui vont contre ces droits fondamentaux, simplement par le fait de réprouver les modalités de certaines pratiques sans mentionner d’autres modalités. Ce serait le cas par exemple si l’on réprouvait le soi-disant « clonage reproductif » sans mentionner le « clonage thérapeutique »: ceci pourrait être interprété comme une approbation tacite de ce dernier. Une telle opération me semblerait, ai-je précisé, une expression de malhonnêteté intellectuelle. Il serait en tout cas plus honnête, à mon avis, de dire que l’on n’est pas parvenu à une vision commune en ce qui concerne cette deuxième forme, et le texte ne se prononcerait donc pas à ce sujet.

Zenit : Quel sera l’avenir et le caractère de la Déclaration que l’UNESCO est en train de préparer ?

P. Miranda : La Déclaration devrait être prête pour septembre-octobre 2005. J’ai l’impression qu’elle aura du mal à se prononcer sur les problèmes spécifiques de bioéthique. Tout d’abord parce qu’il y en a énormément et qu’ils sont extrêmement complexes (lorsque j’ai salué le responsable du groupe de rédaction je lui ai rappelé qu’il existait une Encyclopédie de bioéthique, de plusieurs volumes, et qu’elle n’était pas complète du tout; il a ri, en acquiesçant de la tête).

Par ailleurs, au cours de la session, la question de l’existence de différentes visions – parfois inconciliables – sur de nombreux problèmes, a été plusieurs fois soulevée. C’est pour cela que l’idée qu’il serait peut-être plus opportun que la Déclaration se limite à affirmer les principes généraux de bioéthique et à donner quelques indications fondamentales, et que l’on ne fasse qu’une liste des multiples problèmes spécifiques, annonçant que le Comité International de Bioéthique continuerait à publier des études plus concrètes à leur sujet, en suivant l’esprit et les orientations de la Déclaration Universelle, s’est peu à peu renforcée. Je crois que ce serait la meilleure solution.

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ZENIT Staff

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