CITE DU VATICAN, Jeudi 29 avril 2004 (ZENIT.org) – A l’occasion du séminaire sur Ethique et Administration publique organisé à Rome sous la houlette du Conseil pontifical Justice et paix, nous publions cette seconde partie de la conférence donnée par Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, jeudi 12 février, au centre culturel de Rome Saint Louis de France, lors d’un débat avec M. Jean Baubérot, historien de la laïcité et membre de la Commission Stasi.

Mgr Claude Dagens rend compte des travaux récents des évêques de France sur la situation de l'Eglise catholique dans une société laïque. Après une introduction (AU-DELÀ DES TURBULENCES ACTUELLES), l’évêque évoque successivement :
I - DES ENJEUX CULTURELS : LA LAÏCITÉ, L’ÉGLISE ET L’ÉDUCATION DES JEUNES (cf. ZF040428)
II - DES ENJEUX SPIRITUELS : L’EXPRESSION DE L’EXPÉRIENCE CROYANTE

II - DES ENJEUX SPIRITUELS : L’EXPRESSION DE L’EXPÉRIENCE CROYANTE


1. Comprendre l’expérience croyante ou les expériences croyantes dans leur spécificité : cela me semble conforme aux intentions affirmées en 2002 par le rapport de Régis DEBRAY sur l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque, et aussi à l’esprit de la loi de 1905, puisqu’elle reconnaît que les cultes sont l’expression de la liberté de conscience et qu’ils ont le droit de s’exprimer publiquement.

Il est donc très important de permettre aux croyances religieuses de se manifester de façon intelligente et raisonnable, et non pas en se prêtant à toutes sortes de manipulations qui obéiraient à des logiques non religieuses, et tout particulièrement à des logiques de séduction ou de domination politiques, voire guerrières.

Tel est l’enjeu proprement spirituel du travail qui va devoir s’engager
à la suite des turbulences actuelles autour du voile islamique. Les
croyances religieuses doivent pouvoir se manifester de l’intérieur des consciences croyantes, et non pas seulement à partir de signes extérieurs, qu’ils soient ostensibles ou discrets. Et il faudra éviter aussi que, de manière inconsciente, on en revienne aux vieux clichés politiques du XIXe siècle, selon lesquels les religions étaient appréciées et tolérées en fonction de leur utilité sociale : comme si le christianisme, et aujourd’hui l’Islam, devaient être les garants de l’ordre social, voire de l’ordre moral, et comme si la laïcité à la française était une sorte d’idéologie supérieure aux religions, elles-mêmes réduites à des idéologies plus ou moins dépassées !

2. Dieu merci, l’affirmation de la liberté de conscience et de la
liberté religieuse a progressé dans la société et dans l’Église depuis deux siècles. Ce n’est donc pas l’heure de revenir en arrière. C’est plutôt l’heure, pour ceux et celles qui se réclament d’une tradition religieuse, de pouvoir rendre compte de ce qui constitue cette tradition et de leurs raisons de s’en réclamer. Sinon, on favorisera des revendications violentes, qui opposent les particularismes à l’unité du corps social.

Un grand travail de dialogue nous attend donc entre traditions
religieuses et tradition laïque. On ne peut pas laisser des jeunes sans
mémoire et sans culture religieuses manipuler leurs propres traditions pour s’y enfermer. Sur ce terrain-là, tous les responsables religieux ont aujourd’hui une responsabilité majeure d’éducation : d’éducation religieuse, spirituelle, qui ne soit pas séparée de l’éducation civique et morale.

3. Quant à nous, catholiques en France, compte-tenu des tensions et des inquiétudes qu’ont fait surgir les débats actuels, nous ne serons pas dispensés de nous expliquer, nous aussi, de l’intérieur de notre foi en Dieu, avec ce qu’elle a de spécifique. À moins de faire preuve d’une
intolérance digne des pires systèmes totalitaires, on ne pourra pas nous empêcher de nommer cette expérience croyante qui est la nôtre, quand nous nous réclamons de la foi chrétienne en Dieu, ou plus exactement de la foi judéo-chrétienne au Dieu d’Abraham et de Moïse, au Dieu qui s’est ouvert aux hommes en leur parlant, jusqu’à venir lui-même en notre humanité en cet homme nommé Jésus qui est son Fils.

Je m’abstiendrai ici de tout développement théologique, même si la
théologie peut être reconnue comme une discipline universitaire. Je ferai seulement remarquer que nous-mêmes, chrétiens, catholiques romains, nous avons besoin d’être clairs avec le signe dont nous nous réclamons, et je le dis à Rome, en n’oubliant pas toute l’histoire si complexe du catholicisme en ce centre vital de l’Église.

Le signe dont nous nous réclamons est celui de l’humanité de Dieu
révélée d’abord dans une étable à Bethléem, et ensuite sur une croix et à partir d’un tombeau vide à Jérusalem. Et nous croyons que ce signe est celui de l’Amour de Dieu qui ne passe pas, au milieu des violences et des peurs de l’histoire.

4. C’est ce signe-là qui nous permet de résister aux peurs qui nous
menacent toujours, particulièrement face à l’Islam, surtout après les
attentats du 11 Septembre 2001 à New York, et aussi à cause du conflit interminable entre les Israéliens et les Palestiniens, sur la terre d’Abraham et de Jésus.

Il est d’autant plus urgent de reprendre aujourd’hui le chemin du
dialogue avec les autres croyants, tout d’abord avec les Juifs, qui sont nos frères aînés et que nous ne comprenons pas assez à partir de leur expérience croyante, et tout autant avec les musulmans, que nous ne pouvons pas tous considérer comme des terroristes en puissance.

Je fais moi-même l’expérience de ces dialogues à Angoulême. On y a
commémoré en 2002 l’anniversaire de la rafle des Juifs intervenue en 1942 à deux pas de notre cathédrale : j’ai constaté alors à quel point cet événement a été refoulé dans la mémoire catholique pour des raisons sur lesquelles on n’aime pas s’expliquer. Mais j’ai compris aussi à quel point l’intégration sociale des musulmans suppose que l’on fasse droit à leur expérience religieuse. Je le dis en pensant à cet Algérien qui avait fait la grève de la faim devant notre cathédrale, en Mai 1999, et qui m’avait dit alors : "Ici, c’est un lieu sacré. On sait qu’il y aura toujours des gens pour nous écouter." Cet Algérien a été régularisé il y a quelques mois. Je l’ai reçu récemment. Notre échange a porté essentiellement sur notre expérience de la prière. Je n’oserai pas dire que nous avons le même Dieu, mais je suis sûr que nous avons besoin de pratiquer de réels dialogues sur ce terrain de l’expérience religieuse de Dieu. Nous sommes alors bien au-delà ou en deçà des signes. Mais de tels dialogues sont inséparables de ce respect et de cette compréhension qui appartiennent de plein droit à la tradition laïque et à la tradition chrétienne, dans ce qu’elles ont l’une et l’autre de plus authentique.

Claude DAGENS
évêque d’Angoulême
Rome, le 12 Février 2004

La fin de vie en France : vers une modification du code de déontologie

CITE DU VATICAN, Mercredi 28 avril 2004 (ZENIT.org) – Le ministre français de la justice, M. Dominique Perben, s’est prononcé mardi 28 avril, dans l’après midi, devant la mission d’information parlementaire sur la « fin de vie ». Il a annoncé son souhait de modifier le code de déontologie médicale, indique la revue de presse de la fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org).