CITE DU VATICAN, Vendredi 26 mars 2004 (ZENIT.org) – Pour l’archevêque d’Alger, Mgr Henri Teissier, une nouvelle saison a commencé dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, avec un recul de la mentalité fondamentaliste.
Mgr Teissier a en effet présenté jeudi 25 mars à Rome l’édition italienne de son livre : « Chrétiens en Algérie. L’Eglise de la faiblesse ».
Dans les années 90 le fondamentalisme a en effet tué en Algérie un évêque, 7 moines, 5 prêtres, et 6 religieuses.
Mais Mgr Teissier insiste sur le fait que de nombreux musulmans croient au respect de la diversité et s’ouvrent aux échanges culturels. Il répondait aujourd’hui aux questions de Radio Vatican.
Qu’est-ce qui a changé par rapport aux années 90?
-Nous recevons des témoignages que la société algérienne a davantage confiance et nous accorde plus de crédibilité: ils ont vu que nous sommes restés au moment de la crise, et nous avons eu parmi nous 19 victimes. Pour les gens, cela a été la preuve que nous voulions être proches du peuple. Nous ne sommes pas nombreux, mais nous avons des relations avec les gens, plus fortes que par le passé. Ils nous appellent parce qu’ils désirent notre présence pour souligner qu’ils appartiennent à l’Islam de l’ouverture, de la relation. C’est ainsi que nous pouvons faire ensemble beaucoup de choses, au plan social, culturel, et, même si c’est plus difficile, spirituel.
On peut encore parler de fondamentalisme dans le cadre de l’Algérie?
-Oui, naturellement, mais ces groupes armés qui ont fait le choix de la violence n’ont plus la possibilité de faire ce qu’ils ont fait pendant ces cinq dernières années. Il y a encore des attaques, mais surtout dans les zones les plus isolées, loin des grandes villes. Mais il faut dire que la mentalité des gens n’a pas encore beaucoup changé, un travail plus long est nécessaire.
Qu’est-ce qui est à la base du fondamentalisme?
-Je crois qu’au moins au départ, à la base de ces groupes qui ont décidé d’utiliser la violence, il y avait le chômage; de nombreux jeunes n’ayant pas la possibilité de trouver un travail, sont entrés en contact avec ces groupes qui avaient justement pour objectif de réussir à les mobiliser.
Qu’est-ce que la mémoire de ces 19 martyrs a laissé en Algérie?
-Lorsqu’ils ont été tués, de nombreux Algériens nous ont écrit pour nous dire combien ils étaient désolés et touchés par ces assassinats. Et puis cela a donné à de nombreux Algériens un nouvel élan: ils se sont rapprochés de nous, parce que notre présence était vue comme une preuve de notre fidélité à la société algérienne.
De quoi rêvez-vous pour votre Eglise?
-Je suis heureux parce que, même si nous ne sommes pas nombreux, nous sommes tous engagés à représenter et à être l’Eglise en Algérie. Cela veut dire, que nous tous, chrétiens – prêtres, religieux et religieuses, laïcs – nous travaillons au bien du pays, en cherchant à établir des relations respectueuses et positives avec le peuple algérien.