"L'Église d'Haïti, promesses d'avenir…" (3)

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Portrait et point de vue d’un Jésuite belge sur place

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CITE DU VATICAN, Vendredi 19 mars 2004 (ZENIT.org) – Le mercredi 17 mars 2004, le nouveau gouvernement haïtien a reçu l’investiture officielle. Le Premier ministre Gérard Latortue a formé son gouvernement d’union nationale dans une atmosphère perturbée par l’arrivée du président déchu Jean Bertrand Aristide dans l’île voisine de la Jamaïque. Voici la suite et fin du « récit » d’Éric Vollen, sj, qui se trouve actuellement dans le pays. Multipliant les rencontres avec des personnes engagées dans l’Église, citoyens d’Haïti ou étrangers y résidant, ce jésuite belge a fait part à l’agence catholique belge CathoBel (www.cathobel.be) de son point de vue sur la situation – complexe – et l’évolution de l’Église d’Haïti.

Parti en Haïti pour travailler et vivre avec des paysans pauvres et les petites soeurs et frères de l’Incarnation fondés par le Frère Francklin Armand, Éric Vollen, un jésuite belge, a vécu l’escalade de la violence de l’intérieur. Après avoir apporté quelques éclaircissements quant à l’histoire de l’Église d’Haïti – sans prétention de l’analyser en profondeur – les raisons de son action et de dégager certaines pistes d’explication, Éric Vollen expose quelques pistes d’avenir, livrées par les nombreux haïtiens engagés dans l’Église qu’il a rencontrés. Par discrétion, il a préféré ne pas mentionner les positions des celles-ci en les citant nommément.

La contribution de l’Église à une union nationale ?

Aujourd’hui, Aristide a quitté le pays, sous la contrainte des forces armées étrangères américaines, canadiennes et françaises et sous l’influence de la rue, des opposants armés et de l’opposition. Le pays est dans une crise économique profonde. Pour la première fois dans l’histoire politique de Haïti, des intellectuels, des travailleurs, des syndicats, des associations, des partis politiques, des paysans, des étudiants, la plupart de la classe moyenne et des chefs d’entreprises se sont organisés autour d’un objectif commun : la dénonciation et la fin d’un régime intolérable. Ceci représente un point positif de cette crise politique du pays.

Face à l’intransigeance et à l’attitude dangereuse et indigne d’un chef d’État, il ne restait qu’une solution : le départ du Président. Aujourd’hui les divers groupes de l’opposition et des partisans Lavalas sont toujours armés. L’insécurité règne encore. De plus, Haïti connaît une armée d’occupation qui lui rappelle celle de 1994 et qui n’˛uvre pas au désarmement des divers groupes, ni à la sécurité des citoyens.

Le défi politique de cette crise est d’arriver à une union nationale de toutes les composantes de la société en vue de remettre le pays debout. Éduquer à la citoyenneté, encourager le dialogue et la concertation, assurer les bases d’un État honnête et démocratique, au service du développement de la nation, du bien commun et de la sécurité, telles sont quelques pistes auxquelles l’Église pourrait apporter sa contribution à travers ses institutions et ses ˛uvres.

Des divers échanges que j’ai pu avoir, il ressort l’urgence d’une éducation à la citoyenneté et à la démocratie des jeunes générations.

‘Ann travèse ak Jezi’, faire le passage avec Jésus

‘Réconciliation et Paix’, voici les deux thèmes choisis dans le temps de Carême en Haïti. ‘Ann travèse ak Jezi’, faire le passage avec Jésus. Tel est le chant qui ouvrait le carême, le dimanche du départ d’Aristide.

Dans l’immense pauvreté et détresse dans laquelle est plongée la population, la vie et la persévérance de ce peuple me touchent profondément. Pour une grande majorité des Haïtiens, ils trouvent en Dieu le désir et la force de repartir, d’avancer et de recommencer. C’est là la promesse d’Haïti. À condition que la communauté internationale et l’Église aident la société haïtienne à déterminer elle-même le chemin de sa citoyenneté, sans ingérence et en garantissant les conditions socioéconomiques nécessaires à un réel développement intégral et durable

Haïti, jadis baptisée la Perle des Antilles, est un pays splendide et les Haïtiens un peuple accueillant et courageux, qui a beaucoup souffert. C’est là sa force et sa grandeur.

« Puisse l’Église contribuer à la croissance morale, sociopolitique et économique du pays en restant à sa juste place », conclut le jésuite.

© CathoBel 2004

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ZENIT Staff

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