Dans sa lutte sans cesse réaffirmée contre la corruption, le Parti communiste chinois a publié à la fin du mois de février dernier de nouvelles directives concernant sa discipline interne et les règlements s’appliquant à ses membres. Présentées comme un amendement à un précédent texte édicté en 1997, ces directives, fortes de 178 articles, fixent des peines plus sévères qu’auparavant pour les membres et les cadres du Parti qui, dans leurs activités privées comme publiques, seraient engagés dans des activités contraires à « la morale socialiste ». Au nombre des interdits se trouve réaffirmée l’interdiction faite aux membres et aux cadres du Parti d’appartenir à « une organisation religieuse ». Il est à nouveau précisé, comme en 1997, que ceux des membres du Parti qui prennent part à des activités religieuses doivent être encouragés à quitter le Parti et ceux qui deviennent membres d’une Eglise doivent être exclus « sans exception ».
Le nouveau règlement concerne tous les membres du Parti, y compris ceux d’entre eux qui sont à la retraite. Les cas de démission des fonctions occupées, voire d’expulsion du Parti, sont énumérés et constituent comme une liste en creux des écarts de conduite les plus fréquents qui sont reprochés par une grande partie de la population chinoise aux membres du Parti, officiellement fort de 65 millions de membres. Ainsi, les infractions qualifiés de « graves » comprennent l’opposition à la ligne politique du Parti, les crimes économiques tels que l’acceptation de pots-de-vin, l’entretien de maîtresses, le visionnage de spectacles pornographiques, la visite à des prostituées, la participation à des jeux d’argent ou encore la consommation de stupéfiants. Dans cette longue liste, on trouve enfin, sur le même plan que les « crimes » ainsi énumérés, le fait de « devenir membre d’un groupe religieux » (1).
Pour Wang Changjiang, professeur à l’Ecole centrale du Parti, ces nouvelles directives sont importantes dans la mesure où elles indiquent que le Parti institutionnalise les mesures prises contre la corruption. Ces derniers temps, les journaux ont régulièrement fait état des sanctions, des procédures judiciaires et, à l’occasion, des condamnations à mort prononcées contre des membres du Parti (2). Selon le Quotidien du droit, 95 % des officiels relevés de leur poste pour corruption ont reconnu entretenir une ou des maîtresses.
(1) A propos des conversions religieuses de membres du Parti communiste, voir EDA 200, 205
(2) Voir EDA 304, 305
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