Ps 146 : “Puissance et bonté du Seigneur”

CITE DU VATICAN, Mercredi 30 juillet 2003 (ZENIT.org) – “Puissance et bonté du Seigneur”, titre L’Osservatore Romano en français qui publie cette traduction de l’allocution de Jean-Paul II en italien du 23 juillet, lors de l’audience générale. Le pape commentait le Ps 146.

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Lecture: Ps 146, 1.4-7.11

1. Le Psaume qui vient d’être chanté est la première partie d’une composition qui comprend également le Psaume 147, qui suit, et que l’original hébreu a conservé dans son unité. Ce sont l’ancienne version grecque et la version latine qui ont divisé le cantique en deux Psaumes distincts.

Le Psaume commence par une invitation à louer Dieu, puis énumère une longue série de motifs de louange, tous exprimés au présent. Il s’agit d’activités de Dieu considérées comme caractéristiques et toujours actuelles; elles sont cependant de genres très divers: certaines concernent les interventions de Dieu dans l’existence humaine (cf. Ps 146, 3.6.11) et en particulier en faveur de Jérusalem et d’Israël (cf. v. 2); d’autres concernent l’univers créé (cf. v. 4) et plus particulièrement la terre avec sa végétation et les animaux (cf. vv. 8-9).

En disant, à la fin, de qui le Seigneur est satisfait, le Psaume nous invite à une double attitude: de crainte religieuse et de confiance (cf. v. 11) Nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes ou aux énergies cosmiques, mais nous sommes toujours entre les mains du Seigneur pour son projet de salut.

2. Après l’invitation joyeuse à la louange (cf. v. 1), le Psaume se déploie en deux mouvements poétiques et spirituels. Dans le premier (cf. vv. 2-6), est introduite avant tout l’action historique de Dieu, sous l’image d’un bâtisseur qui reconstruit Jérusalem revenue à la vie après l’exil de Babylone (cf. v. 2). Mais ce grand artisan qu’est le Seigneur se révèle également comme un père qui se penche sur les blessures intérieures et physiques, présentes chez son peuple humilié et opprimé (cf. v. 3).

Faisons place à saint Augustin qui, dans le Commentaire au Psaume 146 fait à Carthage en 412, commentait la phrase « Le Seigneur guérit les coeurs brisés » de la manière suivante: « Celui qui n’a pas le coeur brisé n’est pas guéri… Qui sont ceux qui ont le coeur brisé? Les humbles. Et ceux qui ne l’ont pas? Les orgueilleux. Quoi qu’il en soit, le coeur brisé est guéri, le coeur gonflé d’orgueil est abaissé à terre. Et même, selon toute probabilité, s’il est abaissé à terre, c’est pour pouvoir être redressé, pour pouvoir être guéri… « Il guérit les coeurs brisés et bande leurs blessures »… En d’autres termes, il guérit ceux qui ont le coeur humble, ceux qui confessent, qui se punissent, qui se jugent avec sévérité pour pouvoir faire l’expérience de sa miséricorde. Voilà ceux qu’il guérit. La santé parfaite ne sera toutefois atteinte qu’au terme de l’état mortel présent, lorsque notre être corruptible se sera revêtu d’incorruptibilité et que notre être mortel se sera revêtu d’immortalité » (5-8: Commentaires sur les Psaumes, IV, Rome, 1977, pp. 772-779).

3. Mais l’oeuvre de Dieu ne se manifeste pas seulement en guérissant son peuple de ses souffrances. Lui qui entoure de tendresse et d’attention les pauvres, s’élève en juge sévère à l’égard des impies (cf. v. 6). Le Seigneur de l’histoire n’est pas indifférent face à la fureur des tyrans qui croient être les seuls juges de l’histoire humaine; Dieu abaisse jusqu’à terre ceux qui défient le ciel par leur orgueil (cf. 1 S 2, 7-8; Lc 51-53).

L’action de Dieu ne se limite pourtant pas à la domination sur l’histoire; il est également le roi de la création, l’univers tout entier répond à son appel de Créateur. Il peut non seulement compter le nombre infini d’étoiles, mais il est également en mesure de donner un nom à chacune d’elles, définissant ainsi sa nature et sa caractéristique (cf. Ps 146, 4).

Le prophète Isaïe chantait déjà: « Levez les yeux là-haut et voyez: qui a créé ces astres? Il déploie leur armée en bon ordre, il les appelle tous par leur nom » (40, 26). Les « armées » du Seigneur sont donc les étoiles. Le prophète Baruch poursuivait ainsi: « Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses; les appelle-t-il, elles répondent: Nous voici! elles brillent avec joie pour leur créateur » (3, 34-35).

4. Après une nouvelle invitation joyeuse à la louange (cf. Ps 146, 7), voici que s’ouvre le deuxième mouvement du Psaume 146 (cf. vv. 7-11). Celui-ci met encore en scène l’action créatrice de Dieu dans le cosmos. Dans un paysage souvent aride comme peut l’être le paysage oriental, le premier signe de l’amour divin est la pluie qui féconde la terre (cf. v. 8). Par ce moyen, le Seigneur organise un festin pour les animaux. Il se préoccupe même de donner de la nourriture aux plus modestes êtres vivants, comme les petits corbeaux qui crient de faim (cf. v. 9). Jésus nous invitera à regarder « les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit! » (Mt 6, 26; cf. également Lc 12, 24 avec une référence explicite aux « corbeaux »).

Mais une fois de plus, l’attention passe de la création à l’existence humaine. Et ainsi, le Psaume se conclut en montrant le Seigneur qui se penche sur celui qui est juste et humble (cf. Ps 146, 10-11), comme il était déjà apparu dans la première partie de l’hymne (cf. v. 6). A travers deux symboles de puissance, le cheval et le « jarret de l’homme » qui court, est définie l’attitude divine, qui ne se laisse pas conquérir ou intimider par la force. Une fois de plus, la logique du Seigneur ignore l’orgueil ou l’arrogance du pouvoir, mais prend le parti de ceux qui sont fidèles et « espèrent son amour » (v. 11), c’est-à-dire qui se laissent entièrement guider par Dieu dans leur action et leur pensée, dans leur programme et dans leur vie quotidienne elle-même.

L’orant doit lui aussi se placer parmi ces derniers, en fondant son espérance sur la grâce du Seigneur, assuré d’être enveloppé par le manteau de l’amour divin; « L’oeil de Yahvé est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour, pour préserver leur âme de la mort et les faire vivre au temps de la famine… en lui la joie de notre coeur, en son nom de sainteté notre foi » (Ps 32, 18-19.21).

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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