Lettre du présidium de la CES au Président de la Confédération
Monsieur le Conseiller fédéral
Pascal COUCHEPIN
Président de la Confédération et Chef du Département fédéral de l’Intérieur
Palais fédéral
3003 BERNE
Fribourg, le 17 juillet 2003
Situation en République Démocratique du Congo
Monsieur le Président,
Préoccupés par les dernières nouvelles en provenance de République Démocratique du Congo (RDC) relatées par les médias durant ces dernières semaines ou qui nous sont parvenues de citoyens de ce pays (notamment du Cardinal de Kinshasa, Son Eminence Frédéric Etsou), nous nous permettons d’attirer votre attention sur cet Etat en proie à des barbaries atroces et touché par une guerre qui a pris au cours des derniers mois une tournure génocidaire.
Le Cardinal Etsou, dans sa lettre du 17 juin dernier à Mgr Amédée Grab OSB, président de la Conférence des évêques suisses (CES), écrit : « La situation de la République démocratique du Congo en général, et à Bunia en particulier, devient très préoccupante et m’oblige à tirer la sonnette d’alarme afin de m’aider à faire entendre les cris de détresse que lancent au monde entier ces hommes, femmes et enfants, qui sont égorgés, violés, torturés, etc. … ; et par manque de quoi manger, ils n’hésitent plus à se nourrir de chaire humaine ! … Les gens qui fuient devant la mort, qui abandonnent leurs maisons et villages, transportant avec eux des blessés de tout genre, se sont réfugiés au sein de l’évêché de Bunia, ainsi que dans d’autres bâtiments publics de Bunia … ».
Dans cette situation, les organismes de charité publics ou rattachés à l’Eglise, manquent de moyens pour soigner les blessés et les malades, pour enterrer les morts, loger et nourrir les déplacés de guerre. Nous savons bien, Monsieur le Président, qu’il est très difficile d’engager une aide directe et immédiate. Mais nous osons tout de même vous demander s’il y a des possibilités, du côté de l’Etat, d’aider ce pays non seulement matériellement, mais aussi dans le sens d’un engagement pour la paix, d’un soutien à toutes les personnes collaborant à une pacification de cette nation et d’une aide pour rendre fonctionnelles les infrastructures de la RDC.
Nous sommes soulagés de savoir que des troupes de l’ONU sont censées garantir une présence pour maintenir un minimum de paix sur place et pour améliorer les structures politiques du gouvernement de ce pays si vaste.
Cette initiative pourrait-elle faire l’objet d’un engagement accru de la Suisse ?
Le projet de la Cour Pénale Internationale (CPI) de mettre l’accent dès le début de son activité sur la recherche des crimes de guerre commis dans le cadre du conflit actuel en RDC nous encourage à croire que justice sera faite et qu’une aide internationale efficace pourra changer la situation actuelle.
Nous vous remercions, ainsi que l’ensemble du Conseil fédéral, pour ce que vous entreprenez déjà en faveur de ce pays en détresse et nous vous saurions gré de bien vouloir prendre notre demande en considération et d’examiner les possibilités d’une aide au peuple de la RDC, qui vit une situation dramatique. Ceci pour ne pas sombrer dans une situation analogue à celle qu’a vécue le Rwanda au cours de la décennie passée.
En vous remerciant de votre attention et de votre engagement en faveur de la paix, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre profond respect.
Le présidium de la CES :
– Mgr Amédée GRAB OSB, Président
– Mgr Kurt KOCH, Vice-Président
– Mgr Norbert BRUNNER, membre