Isaïe 66: Réconfort et joie dans la cité de Dieu

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CITE DU VATICAN, Mercredi 23 juillet 2003 (ZENIT.org) – « Réconfort et joie dans la cité de Dieu », c’est le titre donné par L’Osservatore Romano en langue française du 22 juillet à la catéchèse de Jean-Paul II en italien du 16 juillet, sur le cantique du livre d’Isaïe (Is 66). Voici la traduction intégrale en français de L’OR.

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Lecture: Is 66, 10.12.13-14a

1. L’hymne que nous venons d’entendre est tiré de la dernière page du Livre d’Isaïe, il s’agit d’un chant de joie dominé par la figure maternelle de Jérusalem (cf. 66, 11), puis par la sollicitude pleine d’amour de Dieu lui-même (cf. v. 13). Les chercheurs dans le domaine biblique considèrent que cette section finale, ouverte à un avenir splendide et festif, est le témoignage d’une voix postérieure, celle d’un prophète qui célèbre la renaissance d’Israël après la parenthèse obscure de l’exil babylonien. Nous sommes donc au VI siècle ap. J.C., deux siècles après la mission d’Isaïe, le grand prophète dont toute l’œuvre inspirée porte le nom.

Nous suivrons à présent le cours joyeux de ce bref cantique, qui s’ouvre sur trois impératifs qui sont précisément une invitation au bonheur: « Réjouissez-vous », « exultez », « soyez dans l’allégresse » (cf. v. 10). C’est un fil lumineux qui parcourt souvent les dernières pages du Livre d’Isaïe: les affligés de Sion sont égayés, couronnés, couverts d' »huile de joie » (61, 3); le prophète lui-même « est plein d’allégresse en Yahvé, son âme exulte en son Dieu » (cf. v. 10); « c’est la joie de l’époux au sujet de l’épouse que ton Dieu éprouvera » pour son peuple (62, 5). Dans la page précédant celle qui est à présent l’objet de notre chant et de notre prière, c’est le Seigneur lui-même qui participe au bonheur d’Israël, qui va renaître en tant que nation: « Mais soyez pleins d’allégresse et exultez éternellement de ce que moi, je vais créer: car voici que je vais faire de Jérusalem une exultation et de mon peuple une allégresse. J’exulterai en Jérusalem, en mon peuple je serai plein d’allégresse » (65, 18-19).

2. La source et la raison de cette exultation intérieure se trouve dans la vitalité retrouvée de Jérusalem, ressuscitée des cendres de la ruine, dont elle avait été la victime lorsque les armées babyloniennes la démolirent. On parle, en effet, de son « deuil » (66, 10) qui se trouve désormais derrière elle.

Comme cela a souvent lieu dans diverses cultures, la ville est représentée par des images féminines, et même maternelles. Lorsqu’une ville est en paix, elle est semblable à un sein maternel protégé et sûr; elle est même comme une mère qui allaite ses enfants avec générosité et tendresse (v. 11). Sous cette lumière, la réalité que la Bible appelle, en utilisant une expression féminine, « la fille de Sion », c’est-à-dire Jérusalem, redevient une ville-mère qui accueille, nourrit et fait les délices de ses enfants, c’est-à-dire de ses habitants. Sur cette scène de vie et de tendresse descend ensuite la parole du Seigneur qui a le ton d’une bénédiction (cf. vv. 12-14).

3. Dieu a recours à d’autres images liées à la fécondité: il parle, en effet, de fleuves et de torrents; c’est-à-dire d’eaux qui symbolisent la vie, la luxuriance de la végétation, la prospérité de la terre et de ses habitants (cf. v. 12). La prospérité de Jérusalem, sa « paix » (shalom), don généreux de Dieu, assurera à ses enfants une existence remplie de tendresse maternelle: « On vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant sur les genoux » (ibid.) et cette tendresse maternelle sera la tendresse de Dieu lui-même: « Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai » (v. 13). Le Seigneur utilise ainsi la métaphore maternelle pour décrire son amour pour ses créatures.

Auparavant également, dans le Livre d’Isaïe, on peut lire un passage qui attribue à Dieu un profil maternel: « Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas » (49, 15). Dans notre cantique, les paroles du Seigneur adressées à Jérusalem finissent en reprenant le thème de la vitalité intérieure, exprimée par une autre image de fertilité et d’énergie: celle de l’herbe fraîche, image appliquée aux membres, pour indiquer la vigueur du corps et de l’existence (cf. 66, 14).

4. A ce point, il est facile, face à la ville-mère, d’étendre notre regard jusqu’à parvenir au profil de l’Eglise, vierge et mère féconde. Nous concluons notre méditation sur Jérusalem ressuscitée par une réflexion de saint Ambroise, tirée de son œuvre Les Vierges: « La sainte Eglise est immaculée dans son union conjugale: féconde en raison de ses enfants, elle est vierge en raison de sa chasteté, bien qu’étant une mère pour les enfants qu’elle engendre. Nous sommes donc nés d’une vierge, qui a conçu non par l’œuvre d’un homme, mais par l’œuvre de l’Esprit. Nous sommes donc nés d’une vierge non dans les douleurs physiques, mais dans la joie des anges. C’est une vierge qui nous nourrit non pas avec le lait de son corps, mais avec celui dont parle l’Apôtre, lorsqu’il dit avoir allaité le peuple de Dieu à l’âge faible de l’adolescence.

Quelle femme mariée a plus d’enfants que la sainte Eglise? Elle est vierge en raison de la sainteté qu’elle reçoit dans les sacrements et elle est mère des peuples. Sa fécondité est également attestée par l’Ecriture qui dit: « Plus nombreux sont les fils de la délaissée que les fils de l’épouse » (Is 54, 1; Ga 4, 27), notre mère n’a pas de mari, mais elle a un époux, car l’Eglise au sein des peuples et l’âme de chaque personne – exemptes de toute infidélité, fécondes dans la vie de l’esprit – épousent, sans que la pudeur vienne à manquer, le Verbe de Dieu comme un époux éternel » (I, 31: SAEMO 14/1, pp. 132-133).

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ZENIT Staff

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