1er anniversaire des JMJ de Toronto : Déclaration du Père Thomas Rosica, C.S.B.

ROME, lundi 14 juillet 2003 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la déclaration que le Père Thomas Rosica, C.S.B. directeur des JMJ de Toronto, aujourd’hui directeur général de la Télévision Sel et Lumière, a faite en ce premier anniversaire de la Journée mondiale de la jeunesse à Toronto 2002.

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« Lorsque je me rappelle le grand événement de la Journée mondiale de la jeunesse 2002, et que je lui laisse prendre ses dimensions réelles et authentiques, une image semble dominer : les presque violents et féroces vents et tempêtes qui ont déferlé sur le parc Downsview le matin du dimanche 28 juillet 2002. Une puissante tempête qui a soufflé de l’ouest -une tempête qui a quasiment empêché le décollage de l’hélicoptère papal à Morrow Park. Une tempête qui a déchiré une partie du toit de la plus large scène jamais construite en Amérique du Nord. Une tempête qui a trempé les centaines de milliers (+ 850 000) de jeunes campant sur cette ancienne base militaire et piste d’atterrissage. Une tempête qui a mouillé plus de 600 évêques et cardinaux, de même que le Pape quand nous l’avons amener sur scène. Ce moment où quatre jeunes le menèrent à la vue de la foule -les vents déferlaient plus que jamais -fut le seul moment durant tout l’événement où j’ai été en quelque sorte terrifié. Les évêques devaient tenir leur mitre transportée dans les airs. Tout sur la scène était prêt à s’envoler -livres, la nappe de l’autel, les chaises. Entouré par les chefs de police de presque partout au Canada, j’ai prononcé quelques prières en silence, implorant Dieu de nous laisser passer ce dernier défi, cet ultime obstacle. Pour moi et pour beaucoup d’autres, ce fut le vent de la Pentecôte dont nous entendons parler dans les Actes des Apôtres, Chapitre 2.

Au milieu de cette violente tempête, les nations de la Terre -au moins 172 d’entre elles étaient réunies sur ce terrain -se comprirent en se rassemblant autour de Pierre en ce matin de juillet. C’était ce vent qui a mené la croix de la JMJ d’un océan à l’autre, partout au Canada -«ad mari usque ad mare». Et maintenant sur la rive du lac Ontario, je crois que l’Église est née de nouveau au Canada. Plus que tout -c’est le vent et les arbres qui ont servi de témoins privilégiés aux jeunes pèlerins qui ont honoré notre terre et notre Église l’été dernier. Les arbres de l’avenue University ont étendu leurs branches tel un enveloppant et verdoyant manteau autour du demi million de personnes en cet inoubliable vendredi soir, le 26 juillet 2002, lorsque Jésus et ses amis marchèrent sur ce majestueux boulevard à l’occasion de cette poignante Via Crucis, regardée par plus d’un milliard de personnes à travers le monde.

L’un des plus incroyables moments de l’été dernier fut lorsque les médias du monde, plus de 4 000 venus à Toronto et au Canada, ont grimpé aux arbres pour capter au passage cet incroyable événement se déroulant devant eux. L’image gravée en ma mémoire en pensant à toutes ces activités est l’histoire de Zachée. Les médias ont grimpé bien haut dans les arbres et ont regardé. Et au moment où des centaines de milliers de jeunes disciples ont défilé, un par un, les sceptiques et curieux sont descendus de leurs branches pour prendre part au grand pèlerinage.

Plusieurs journalistes accrédités à l’événement étaient critiqués par leurs plus sceptiques collègues : « Vous avez sauté la clôture, vous avez perdu votre objectivité professionnelle -vous prenez part à l’histoire. » Ils sont venus pour voir le Pape -ils ont finalement rencontré Jésus. Ils ont pleuré -ils ont été touchés, ils se sont fait de nouveaux amis. Les théories précédentes sur les jeunes sans foi et la « génération sans Dieu » ont été laissées de côté pour en formuler de nouvelles. En journalisme, certains estiment qu’il s’agit d’un manque d’objectivité. Pour nous en Église, nous appelons cela « évangélisation », « transformation » et « conversion ». Ils ont simplement voulu toucher ce qu’ils avaient entendu et vu de leurs propres yeux. Et ils l’ont fait.

Nous préférons peut-être parler de la JMJ comme quelque chose tenant du passé -qui a illuminé les ombres et la monotonie de nos vies lors d’un brillant moment de notre histoire en 2002. Dans un monde empreint de terreur et de peur, d’écroulement financier et de scandales ecclésiaux, la Journée mondiale de la jeunesse a présenté une vision alternative du monde, d’une touchante beauté. Certains ont qualifié ces fastes journées de juillet 2002 de moments « Camelot ». Voilà une façon de considérer la JMJ -vagues souvenirs d’un extraordinaire moment de l’histoire canadienne.

Il y a, cependant, une autre voie : la voie de l’Évangile. L’histoire de l’Évangile n’est pas à propos de Camelot mais plutôt de « Magnificat », invitant constamment les chrétiens à prendre pour exemple l’hymne de louanges et d’actions de grâce de Marie face aux multiples façons que Dieu Tout-Puissant s’est dévoilé au cours de l’histoire de l’Humanité. La résurrection de Jésus n’est pas un souvenir distant, mais une Bonne Nouvelle qui continue de s’accomplir encore aujourd’hui. L’histoire chrétienne ne tient pas du folklore ou de la nostalgie -un rappel des débuts triomphants de l’Église. Si les disciples avaient choisi cette voie, le message de l’Évangile serait maintenant sous protection au Louvre ou au « British Museum », et non pas en vie et coulant dans les veines de millions de chrétiens partout sur la planète. Les souvenirs de la JMJ 2002 s’évaporent tranquillement, prenant le chemin du légitime passé dans le royaume de notre mémoire et de l’Histoire. Ces mémoires ne mourront qu’à la manière du grain de blé qui meurt pour porter fruit.

Ce qui reste de cette extraordinaire rencontre entre Jésus et ses jeunes amis -entre les jeunes pèlerins et ce bien-aimé vieil homme en blanc qui voyagea des berges du Tibre aux rives du lac Ontario pour une réunion -une rencontre -un moment « Kairos » l’été dernier. Nous commençons tranquillement à comprendre le mélange d’émotions qui nous vient de ce temps et de ces endroits et pourquoi, lorsqu’ils disparaissent, nous devons intensément valoriser l’expérience de la Journée mondiale de la jeunesse et chérir les ombres de lumières qui se sont lancées sur Toronto, l’Ontario et tout le Canada à un moment où nous avions besoin d’être soutenu et encouragé pour que nous puissions « avancer au large ».

Je prie pour que le vent puissant de la Pentecôte continue de souffler partout au sein de l’Église canadienne et spécialement dans le grand Archidiocèse de Toronto -et avec ce vent une intense flamme envoyée par l’Esprit de Dieu. Que ce vent souffle maintenant d’un océan à l’autre, à l’autre, amenant à son plein épanouissement une Église qui est née de nouveau en ce 28 juillet 2002 au Parc Downsview, au cœur de Toronto. Que les langues de feu que nous avons expérimentées en grande quantité en juillet dernier s’allument doucement une nouvelle fois et nous donnent le courage de constamment laisser dans notre Église la place aux jeunes, qui sont la garantie du Christ d’une joie et d’une jeunesse éternelle.

Durant l’Angélus au Parc Dowsview le dimanche 28 juillet 2002, le Saint Père a merveilleusement résumé le sentiment de millions de jeunes qui ont été touchés d’une façon ou d’une autre par la Journée mondiale de la jeunesse 2002.

« Alors que nous nous apprêtons à rentrer chez nous, je vous dis, avec saint Augustin: « Nous nous sommes sentis bien sous la commune lumière. Nous nous sommes réjouis et nous avons exulté de joie ensemble. Maintenant que nous devons nous séparer, essayons de ne pas nous détacher de Lui, le Christ ».

Un an plus tard, pouvons-nous désirer quelque chose de plus que ces mots et pensées pour notre propre Magnificat de louanges, d’actions de grâce et promesses d’actions ? »

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ZENIT Staff

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