Le 22 juin dernier, dans le village d’Ahuru, proche de la ville d’Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, plusieurs centaines de personnes, catholiques, protestants et musulmans mêlés, ont uni leurs forces pour commencer à déblayer les ruines laissées par trois années d’affrontements sanglants. On se souvient que de 1999 à 2001, les heurts entre communautés chrétiennes et musulmanes ont causé la mort de plus de 6 000 personnes et séparé les communautés de façon presque étanche (1). Après les accords dits de « Malino II » (2), le calme est revenu dans la province et, peu à peu, les 700 000 Moluquois chassés de chez eux par les violences ont pu, pour une grande partie d’entre eux, regagner leurs domiciles. A Ahuru, chrétiens et musulmans réunis se sont consacrés ensemble à nettoyer et remettre en état les lieux de culte abandonnés lors des affrontements.
S’exprimant devant la petite foule d’Ahuru au nom des responsables religieux des trois communautés, Mgr Petrus Canisius Mandagi, évêque du diocèse catholique d’Amboine, s’est dit heureux de voir les villageois s’embrasser et se serrer la main comme si les divisions de ces dernières années n’avaient jamais eu lieu. Entre deux averses, à l’occasion d’une percée du soleil, Mgr Mandagi a ajouté : « Puisse ce rayon de soleil apporter au cœur des trois communautés d’Ahuru une nouvelle lumière pour commencer ici une nouvelle vie en commun ! » Les outils utilisés pour cette opération de nettoyage avaient été auparavant remis par le gouverneur par intérim de la province, Sinyo Haris Sarundayang. Le nettoyage ne put cependant se faire qu’à l’intérieur du périmètre délimité par les autorités et débarrassé par elles de tous les engins explosifs et munitions laissés sur le terrain par trois années de combats. A l’issue de la journée, les ruines d’une mosquée et de l’église catholique St. Yakobus avaient été déblayées.
Ahuru est un village particulièrement cher aux catholiques des Moluques. Selon Mgr Mandagi, il abritait en effet, avant 1999, un petit sanctuaire marial, un orphelinat, un noviciat de religieuses, plusieurs écoles élémentaires et secondaires, un église et la tombe de Mgr Jacobus (Jacques) Grent, missionnaire du Sacré-Cœur et ancien évêque d’Amboine. Mgr Grent est décédé à Amboine en 1983 à l’âge de 94 ans.
(1) Voir 309, 310, 311, 312, 320, 321, 331, 332, 334
(2) Voir EDA 346 à 352
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