Card. K. – C’est une référence stable très importante pour l’œcuménisme. La communion existant déjà est une communion très riche, très profonde. Et à travers ces rencontres, l’amitié et la communion grandissent chaque année. C’est aussi très important pour approfondir le dialogue sur les problèmes qui subsistent, pour approfondir la connaissance mutuelle.
RV. – On peut donc parler d’amélioration dans les relations entre Rome et les Eglises orthodoxes ?
Card. K. – Oui, et d’une amélioration continue, surtout ces deux dernières années. Nous avons fait des progrès inimaginables il y a deux ans: avec les Serbes, les Bulgares, les Roumains, les Grecs, avec lesquels les relations n’étaient pas faciles. Maintenant, au contraire, il y a amitié, collaboration mutuelle. Je pense que l’œcuménisme avec les Eglises orthodoxes est dans une très bonne phase. Hélas, pour le moment, on ne peut pas dire la même chose des relations avec le patriarcat de Moscou.
RV. – Cette visite arrive à un moment où l’Europe marche à grands pas vers l’unification entre Est et Ouest. L’Eglise en occident a peut-être de plus en plus besoin de connaître et d’approfondir le patrimoine de l’Eglise orientale, hérité des saints Cyrille et Méthode?
Card. K. – Ces deux saints natifs de Thessalonique étaient en communion avec Constantinople et avec Rome. Ces deux frères sont très importants pour leurs contacts et le pape lui-même a écrit une lettre apostolique, “Slavorum Apostoli”, où il les définit comme « des anneaux de conjonction », un « pont spirituel entre la tradition orientale et la tradition occidentale ». L’alphabet qu’ils ont créé est utilisé par toutes les Eglises et les pays slaves. Le pape les a proposés comme des exemples d’inculturation de l’Evangile.
RV. – Du point de vue spirituel aussi, ils ont apporté un patrimoine auquel on peut puiser encore aujourd’hui…
Card. K. – La culture orthodoxe des pays slaves est très ancienne et importante. Nous, en Europe occidentales, nous courons le danger de la sécularisation. Nous aussi nous pouvons par conséquent apprendre beaucoup de ces Eglises. L’œcuménisme n’est pas à sens unique. C’est un échange non seulement d’idées, mais aussi des dons, et des richesses spirituelles, comme le pape l’a dit dans l’encyclique “Ut Unum Sint”. Nous avons beaucoup à apprendre. Ils ont conservé le sens du mystère dans la liturgie. Nous, en revanche, nous courons souvent le danger de l’oublier.