CITE DU VATICAN, Mardi 1er juillet 2003 (ZENIT.org) – Jean-Paul II signe l’Exhortation apostolique post-synodale sur l’Eglise en Europe, « Ecclesia in Europa ». Voici la traduction de l’homélie de Jean-Paul II publiée par L’Osseratore Romano du 1er juillet.
Dans la soirée du samedi 28 juin 2003, au cours de la célébration des Premières Vêpres de la solennité des saints Pierre et Paul, dans la Basilique Saint-Pierre, le Pape Jean-Paul II a rendu publique l’Exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Europa ». A cette occasion, le Saint-Père a prononcé l’homélie suivante:
1. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Bienheureux toi, Simon: le Père te l’a révélé » (Antienne 1).
Avec cette Antienne s’ouvre la psalmodie des Premières Vêpres de la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul. Ces paroles nous ramènent au dialogue entre Jésus et Simon Pierre, près de Césarée de Philippe. Elles retentissent constamment dans cette basilique: elles sont comme gravées dans les pierres, dans les mosaïques et, surtout, dans ce lieu central appelé « Confession ».
Tu es le Christ! – répète ce soir le Successeur de Pierre avec ses frères évêques, aux prêtres et au peuple chrétien de l’Europe et de chaque lieu de la terre. Il proclame cette vérité fondamentale de la foi chrétienne avec vigueur et une joie profonde. Seul le Christ est le Rédempteur de l’homme, seul le Christ est notre espérance.
2. « Jésus Christ, vivant dans son Eglise, source d’espérance pour l’Europe ». Tel était le thème de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Europe du Synode des Evêques, qui s’est déroulée au Vatican du 1 au 23 octobre 1999.
C’est avec joie que, ce soir, je signe et je rends publique l’Exhortation apostolique « Ecclesia in Europa », qui recueille et met en forme ce qui est apparu au cours de cette assemblée synodale significative.
La brève lecture biblique que nous avons entendue – le début de la Lettre aux Romains – inscrit ce geste dans la perspective plus authentique et vaste de la mission évangélisatrice de l’Eglise, modelée sur celle des Apôtres. Les trois caractéristiques par lesquelles saint Paul se définit devant la communauté chrétienne de Rome peuvent, en particulier, s’appliquer au sens large à toute l’Eglise, qui est, précisément, la servante de Jésus Christ, apostolique par vocation et choisie pour annoncer l’Evangile de Dieu (cf. Rm 1, 1).
J’exprime ma plus vive et cordiale reconnaissance au Cardinal Jan Pieter Schotte et au Secrétariat général du Synode des Evêques, ainsi qu’à tous ceux qui ont coopéré au déroulement de l’Assemblée synodale pour l’Europe de 1999, fournissant ensuite les bases pour ce Document.
Je salue les Cardinaux, les Archevêques et les Evêques présents, ainsi que les prêtres, les religieux, les religieuses et les laïcs réunis pour cette solennelle célébration. J’étends mon salut fraternel également à la délégation envoyée par le Patriarche oecuménique, Sa Sainteté Bartholomaios I, et guidée par le vénéré Archevêque d’Amérique Dimitrios. Nous sommes réconfortés par la conscience qu’eux aussi partagent les mêmes préoccupations que nous pour la sauvegarde et la promotion des valeurs morales dans la nouvelle Europe.
3. « Jésus Christ vivant dans son Eglise ». Le fait que le Christ soit vivant dans son Eglise ressort de l’histoire bimillénaire du christianisme. De la rive orientale de la Méditerranée, le message évangélique se diffusa en rayonnant à travers l’empire romain, pour ensuite se greffer sur les multiples ramifications ethniques et culturelles présentes sur le continent européen. A toutes celles-ci, l’Eglise – précisément appelée « catholique » – a transmis le message unique et universel du Christ.
La « Bonne Nouvelle » a été et continue d’être source de vie pour l’Europe. S’il est vrai que le christianisme ne peut être réduit à aucune culture en particulier, mais qu’il dialogue avec chacune afin de les orienter toutes à exprimer le meilleur d’elles-mêmes dans chaque domaine du savoir et de l’action humaine, les racines chrétiennes sont pour l’Europe la principale garantie de son avenir. Un arbre sans racines pourrait-il vivre et se développer? Europe, n’oublie pas ton histoire!
4. « Jésus Christ, source d’espérance pour l’Europe ». La pureté de la sève évangélique a malheureusement connu, au cours des siècles, la souillure due aux limites et aux péchés de certains membres de l’Eglise. C’est pourquoi j’ai ressenti le besoin, au cours du grand Jubilé de l’An 2000, de me faire l’interprète d’une demande de pardon, en particulier pour certaines divisions douloureuses qui se sont produites précisément en Europe et qui ont blessé le Corps mystique du Christ.
Au cours du vingtième siècle, l’Esprit Saint a cependant suscité un nouveau printemps, rendu fécond par le témoignage de nombreux saints et martyrs. Un profond renouvellement spirituel est né grâce au Concile oecuménique Vatican II.
5. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » La profession de foi de Pierre n’a jamais fait défaut dans l’Eglise, malgré les difficultés et les épreuves qui ont marqué le chemin bimillénaire du peuple chrétien.
L’Exhortation apostolique post-synodale, que je remets ce soir symboliquement aux Evêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs d’Europe, est une invitation à renouveler cette adhésion sans réserve au Christ et à son Evangile. Toi seul, Jésus Christ, vivant dans ton Eglise, es source d’espérance!
Nous proclamons ta présence sur le continent européen, de l’Atlantique à l’Oural. Ensemble, nous nous engageons à témoigner de Toi, en suivant l’exemple, et grâce à l’aide, des Apôtres Pierre et Paul et des saints Patrons: Benoît, Cyrille et Méthode, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Edith Stein.
Que, du ciel, nous soutienne Marie, Reine des Apôtres et Mère du Christ, notre espérance. Amen!
(©L’Osservatore Romano – 1 Juillet 2003)