CITE DU VATICAN, Lundi 16 juin 2003 (ZENIT.org) – Jean-Paul II a nommé le cardinal Jozef Tomko son envoyé spécial à la translation des reliques du bienheureux évêque ukrainien Théodore Romzha. La célébration aura lieu le 28 juin en Ukraine, à Uzhorod, lieu de la fameuse « union » avec le Successeur de Pierre, au XVIIe s.
Le cardinal Tomko est président du comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux et préfet émérite de la congrégation pour l’Evangélisation des peuples.
La lettre du pape, en latin et publiée aujourd’hui par la salle de presse du Saint-Siège, est en date du 21 mai. La foi du peuple chrétien se fortifie par la prière et le sacrifice des saints y souligne en substance Jean-Paul II. Bienheureux les peuples qui peuvent ainsi, écrit-il, vénérer ses saints dévotement.
Le cardinal Tomko est ainsi chargé par le pape d’exhorter les clercs et les fidèles à suivre l’exemple de leur grand pasteur et patron en restant en communion avec l’Eglise de Rome, et en grandissant dans la dévotion filiale envers la Vierge Marie, en recevant le sacrement de la réconciliation et l’eucharistie fréquemment.
Mgr Romzha avait été consacré évêque en la cathédrale d’Uzhorod le 24 septembre 1944. Mais Uzhorod est aussi la ville de la fameuse » union d’Uzhorod », à laquelle le pape Jean-Paul II a consacré une lettre apostolique en 1996, à l’occasion du 350e anniversaire: « un moment important sur la route d’une Eglise qui a voulu par cet acte rétablir sa pleine unité avec l’évêque de Rome », souligne le pape dans sa lettre.
C’est en effet le 24 avril 1646, que 63 prêtres byzantins de l’Eparchie de Mukachevo, conduits par le moine basilien Partenius Petrovy, furent reçus dans la pleine communion avec le Siège de Pierre par l’évêque de Eger, Georges Jakusics, dans l’église du château d’Uzhorod.
Mgr Théodore Romzha (1911-1947) fut administrateur apostolique de ce diocèse gréco-catholique de Mukacevo, dans la période la plus critique de son histoire: il est mort martyr à l’âge de 36 ans. « Mourir pour le Christ signifie vivre éternellement », disait-il.
Il était né à Velikij Byckiv, en Transcarpatie. Son père était employé de chemin de fer. Les dons du jeune Théodore commandèrent le choix de l’université grégorienne de Rome pour ses études de philosophie et de théologie. A Noël 1936, il était prêtre. On lui confia la charge pastorale de villages de montagne. A l’autonne 1939, l’école supérieure de théologie d’Uzhorod l’accueillait comme directeur spirituel et professeur de philosophie. Le 24 septembre 1944, il était évêque.
Or, l’Eglise catholique devait être « supprimée »: ordre personnel de Staline. Les catholiques de rite oriental – byzantin – avaient l’obligation de rejoindre l’Eglise orthodoxe. L’évêque refusa de renier l’union avec le Successeur de Pierre et prépara clercs et fidèles à la résistance.
Arrestations de prêtres, et remise par la force des églises aux Orthodoxes s’ensuivirent.
Mais l’évêque rassembla quelque 83.000 pèlerins pour la fête de l’Assomption (3.000 orthodoxes mais 80.000 catholiques) provoquant l’ire de Moscou.
L’évêque fut victime d’un soi-disant « accident » de voiture au cours d’une visite pastorale. Blessé et hospitalisé à Mukacevo, il était bien conscient que sa confession de foi lui coûterait la vie. Le 1er novembre 1947, le général de la police d’Etat le fit empoisonner: une infirmière « de confiance » du régime remplaça d’autorité les religieuses qui veillaient sur lui et lui fit l’injection mortelle.
L’évêque martyr a été béatifié par Jean-Paul II en Ukraine, lors d’une messe en rite byzantin-ukrainien, le 27 juin 2001, à Lvov, devant un million de fidèles, signe éclatant de la renaissance de la jeune communauté catholique de rite oriental, autorisée de nouveau officiellement en 1989.
Le cardinal Tomko sera accompagné de Mgr Tymon Tytys Chmielecki, secrétaire de la nonciature de Kiev, du P. Pavel Sabov, curé des paroisses du district d’Uzhorod, Strypa et Jarok, et du P. Andrij Vaskov, attaché à la cathédrale d’Uzhorod.