Le prof. Edmond Malinvaud traitera de la mondialisation financière

Session de l’Académie pontificale des sciences

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CITE DU VATICAN, Vendredi 2 mai 2003 (ZENIT.org) – Le prof. Edmond Malinvaud traitera de la mondialisation financière au cours de la session de l’Académie pontificale des Sciences, indique un communiqué de l’Académie.

L’Académie Pontificale des Sciences Sociales tient sa neuvième Session Plénière au Vatican du 2 au 6 mai. La session doit être suivie par la plupart des 35 académiciens, venant de tous les continents, spécialisés chacun dans une ou deux des principales sciences sociales.

L’Académie a été instituée en janvier 1994 par le Pape Jean-Paul II avec l’objectif de promouvoir l’étude et le progrès des sciences sociales, économiques, politiques et juridiques, et d’offrir ainsi les éléments dont l’Eglise pourra se servir pour approfondir et développer sa doctrine sociale. Après avoir étudié deux grands thèmes, d’abord le travail et l’emploi dans les trois sessions des années 1996, 1997 et 1999, puis la démocratie surtout dans les sessions de 1998 et 2000, l’Académie a entrepris l’examen de la globalisation. Elle va considérer à nouveau ce même thème, sur lequel elle a déjà publié à trois reprises: The Social dimension of globalisation (2000), Globalization, ethical and institutional concerns (2001), Globalisation and inequalities (2002).

Organisée comme lors des trois précédentes réunions sous la présidence du professeur Louis Sabourin (Montréal), cette quatrième étape du programme concerné porte sur la gouvernance de la globalisation. Le sujet est aujourd’hui reconnu comme crucial. Il intéresse particulièrement le Saint Père qui a souvent insisté sur son importance notamment quand il s’est adressé à l’Académie. Ainsi en avril 1997 il s’exprima dans les termes suivants: « Il faut reconnaître que dans le cadre d’une économie ‘mondialisée’, la régulation éthique et juridique du marché est objectivement plus difficile. Pour y parvenir efficacement, en effet, les initiatives politiques internes des différents pays ne suffisent pas ; mais il faut une concertation entre les grands pays et la consolidation d’un ordre démocratique planétaire avec des institutions où les intérêts de la grande famille humaine soient équitablement représentés ».

Pour profiter au mieux de la multidisciplinaire des sciences sociales, l’Académie a décidé d’adopter successivement cette année les divers points de vue exprimés sur le sujet par la science politique, le droit, la philosophie, la sociologie et l’économie, puis de consacrer la dernière après-midi de la session à rechercher comment faire une utile synthèse des diverses perspectives ainsi envisagées.

La première matinée, consacrée aux perspectives politiques a été ouverte par Mgr Renato Martino, Président du Conseil Pontifical Justice et Paix, c’est-à-dire du dicastère appelé à suivre directement les travaux de l’Académie. Jusqu’en 2002 Mgr Martino occupait une position particulièrement favorable à la réflexion sur la gouvernance de la globalisation et sur la doctrine de l’Eglise à son sujet: il était à New York le représentant permanent du Saint Siège auprès des Nations Unies. Ensuite le professeur Sabourin présentera lui-même le défi que pose à tous la gouvernance de la mondialisation.

L’après-midi du 2 mai, consacrée au point de vue des juristes, a été organisée par les académiciens spécialistes du droit, sous la présidence de Mary Ann Glendon, professeur à Harvard. Deux contributions principales y ont été examinées. Le professeur Joseph Weiler, détenteur d’une Chaire Jean Monnet à la New York University, a examiné le dilemme posé par la gouvernance internationale: elle est indubitablement bénéfique mais manque de légitimité démocratique. Il a exposé comment, selon lui, nous pouvons envisager la réinvention de la démocratie dans ce nouveau contexte. L’académicien Paul Kirchhof a traité de la subsidiarité et de la souveraineté à l’âge de la mondialisation. Cela l’a amené à considérer les divers aspects de la gouvernance, notamment la lutte pour la paix, l’organisation de l’économie mondiale, les normes sociales, la culture.

Dans la matinée du 3 mai, consacrée aux perspectives éthiques et philosophiques, l’académicien Roland Minnerath exposera d’abord comment la position de l’Eglise a mûri au cours du XXe siècle quant à la constitution d’une autorité publique à compétence universelle. Actuellement cette position est en accord avec les idées ambiantes en ce qu’elles placent les droit international et reconnaissent le principe de subsidiarité. Mais un sérieux problème subsiste dans l’opposition entre le relativisme éthique, qu’admet la priorité donnée à la recherche du consensus, et l’enseignement de l’Eglise basé sur l’existence d’une norme morale transcendante accessible à la raison. La matinée se prolongera par une communication du professeur Jerôme Bindé, chargé à l’UNESCO de la « division de la prospective, de la philosophie et des sciences humaines ».

L’après-midi du 3 mai concentrera l’attention sur le point de vue des sociologues. Les deux contributions principales seront présentées par deux professeurs du département de sociologie de l’Université de Warwick (Angleterre). L’académicienne Margaret Archer partira de l’observation que, durant deux siècles dans les Etats-nations, les démocraties ont tiré parti d’une régulation mutuelle entre les deux faces de leur intégration: la construction d’une système institutionnel et le développement de liens sociaux. La mondialisation brise ce processus, la déréglementation allant de pair avec la délitescence des liens sociaux. Recréer une régulation mutuelle positive se heurte à bien des difficultés, à commencer par le manque d’une autorité chargée de la gouvernance globale. L’espoir pourrait venir des mouvements transnationaux qui émergent de plus en plus dans la société civile. Mais il faudrait que ces mouvements perçoivent le besoin d’œuvrer en commun dans les structure démocratiques.

Danièle Joly traitera d’un des plus importants problèmes sociaux que pose aujourd’hui cette gouvernance: l’immigration et l’intégration des immigrants dans la société qui les reçoit Afin de mettre en valeur d’une part l’importance de l’arrière-plan historique il la perception de ce problème, d’autre part la convergence des préoccupations et des pratiques, elle examinera les cas des deux anciennes puissances coloniales que sont l’Angleterre et la France.

Le programme scientifique de la session reprendra dans l’après-midi du 5 mai où le professeur Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie enseignant à l’Université Columbia (New York), présentera à l’Académie certaines conclusions tirées tant de ses recherches de plusieurs décennies que de son travail dans les pays en développement, dans le « Council of economic advisers » du président Clinton et, comme « Chief economist », à la Banque Mondiale. Le titre de sa communication est « Globalization and the world economic institutions ».

La matinée du 6 mai prolongera l’étude du point de vue des économistes, déjà bien entamée par le Professeur Stiglitz, une étude dont l’organisation a été confiée à l’académicien Juan José Llach, ancien ministre d’Argentine, actuellement professeur à l’Université Australe à Buenos Aires. Le professeur Alan Winters, University of Sussex, examinera les relations entre la libéralisation du commerce international, la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. Il rendra compte de l’abondante littérature dont ce sujet a été l’objet et en fournira une interprétation synthétique. Il présentera aussi de nouveau résultats provenant de ses recherches sur les liens entre la libéralisation du commerce et la pauvreté.

L’académicien français Edmond Malinvaud traitera de la mondialisation financière
, cherchant surtout à amorcer un débat sur ce que pourrait être une éthique chrétienne des opérations financières dans le monde moderne. Alors que les principes à mettre en avant dans les relations avec les pays les plus pauvres semblent peu discutables, l’éthique est plus difficile à dégager dans les opérations financières internationales qui concernent les pays dits émergents, dont les populations souffrent beaucoup de l’instabilité financière mondiale.

Dans la dernière après-midi de la session, un rapport sera fait par chaque responsable ayant organisé les échanges sur un point de vue disciplinaire précis. Interviendront ainsi les académiciens Louis Sabourin, Mary Ann Glendon, Roland Minnerath, Margaret Archer, Juan José Llach. Ces rapports donneront lieu à commentaires par les participants et seront suivis d’une discussion sur les suites à donner par l’Académie.

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ZENIT Staff

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