Carême: Une mobilisation pénitentielle pour la paix

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Messe et imposition des cendres dans la basilique Sainte-Sabine

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CITE DU VATICAN, Vendredi 14 mars 2003 (ZENIT.org) –  » Il n’y aura pas de paix sur terre tant que perdureront les oppressions des peuples, les injustices sociales et les déséquilibres économiques encore existants. Mais pour les grands changements structurels souhaités, les initiatives et les interventions extérieures ne suffisent pas; il faut avant tout une conversion commune des cœurs à l’amour », disait le pape lors de la messe des Cendres.

« Jean-Paul II nous invite à préparer dès aujourd’hui la paix de demain », souligne L’Osservatore Romano en français du 12 mars (cf. www.vatican.va) qui publie cette traduction intégrale de l’italien de l’homélie de Jean-Paul II.

Dans l’après-midi du mercredi 5 mars 2003, le Pape Jean-Paul II a présidé la célébration pénitentielle du Mercredi des Cendres, dans la basilique romaine Sainte-Sabine sur l’Aventin à Rome, inaugurant ainsi le début du Carême. Au cours de la cérémonie, le Cardinal Josef Tomko a imposé les cendres sur le front du Saint-Père. Nous publions ci-dessous l’homélie prononcée par le Saint-Père à cette occasion:

1. « Sonnez du cor à Sion! Prescrivez un jeûne, publiez une solennité, réunissez le peuple, convoquez la communauté » (Jl 2, 15-16).

Ces paroles du prophète Joël mettent en lumière la dimension communautaire de la pénitence. Certes, le repentir ne peut provenir que du cœur, siège, selon l’anthropologie biblique, des intentions profondes de l’homme. Toutefois, les actes de pénitence exigent d’être vécus également avec les membres de la communauté.

En particulier dans les moments difficiles, à la suite de difficultés ou face à un danger, la Parole de Dieu, à travers la bouche des prophètes, appelait les croyants à une mobilisation pénitentielle: tous sont convoqués, sans aucune exception, des personnes âgées aux enfants; tous unis pour implorer de Dieu la compassion et le pardon (cf. Jl 2, 16-18).

2. La communauté chrétienne écoute cette puissante invitation à la conversion, au moment où elle s’apprête à entreprendre l’itinéraire quadragésimal, qui est inauguré par l’antique rite de l’imposition des cendres. Ce geste, que certains pourraient considérer comme appartenant à d’autres temps, contraste certainement avec la mentalité de l’homme moderne, mais cela nous pousse à en approfondir le sens en découvrant sa force et son impact particuliers.

En déposant les cendres sur le front des fidèles, le célébrant répète: « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Retourner à la poussière est le destin qui apparemment lie les hommes et les animaux. Toutefois, l’être humain n’est pas seulement chair, mais également esprit; si la chair a pour destin la poussière, l’esprit est voué à l’immortalité. En outre, le croyant sait que le Christ est ressuscité, remportant également dans son corps une victoire sur la mort. Lui aussi marche dans l’espérance vers cette perspective.

3. Recevoir les cendres sur le front signifie donc se reconnaître comme créatures, faites de glaise et destinées à la glaise (cf. Gn 3, 19); cela signifie dans le même temps se proclamer pécheurs, ayant besoin du pardon de Dieu pour pouvoir vivre selon l’Evangile (cf. Mc 1, 15); cela signifie, enfin, raviver l’espérance de la rencontre définitive avec le Christ dans la gloire et dans la paix du Ciel.

Cette perspective de joie engage les croyants à faire tout leur possible pour anticiper dans le temps présent une partie de la paix future. Cela suppose la purification du cœur et l’affermissement de la communion avec Dieu et les frères. C’est à cela que visent la prière et le jeûne auxquels, face aux menaces de guerre qui pèsent sur le monde, j’ai invité les fidèles. A travers la prière, nous nous plaçons entièrement entre les mains de Dieu, et ce n’est que de Lui que nous attendons la paix authentique. A travers le jeûne, nous préparons notre cœur à recevoir la paix du Seigneur, don par excellence et signe privilégié de la venue de son Royaume.

4. La prière et le jeûne doivent donc être accompagnés par des œuvres de justice; la conversion doit se traduire en accueil et en solidarité. A ce sujet, l’ancien prophète admoneste : « N’est-ce pas plutôt ceci le jeûne que je préfère: défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs? » (Is 58, 6).

Il n’y aura pas de paix sur terre tant que perdureront les oppressions des peuples, les injustices sociales et les déséquilibres économiques encore existants. Mais pour les grands changements structurels souhaités, les initiatives et les interventions extérieures ne suffisent pas; il faut avant tout une conversion commune des cœurs à l’amour.

5. « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12). Nous pourrions dire que le message de la célébration d’aujourd’hui se résume dans cette exhortation implorante de Dieu à la conversion du cœur.

Cette invitation est répétée par l’Apôtre Paul dans la seconde lecture: « Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu […] Le voici maintenant le moment favorable; le voici maintenant le jour du salut » (2 Co 5, 20; 6, 2).

Chers frères et sœurs, voici le moment favorable pour revoir notre attitude à l’égard de Dieu et de nos frères.

Voici le jour du salut, au cours duquel nous examinons profondément les critères qui nous orientent dans notre conduite quotidienne.
Seigneur, aide-nous à retourner de tout cœur à Toi, Chemin qui conduis au salut, Vérité qui rends libres, Vie qui ne connais pas la mort.

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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