Philippines: Les chrétiens pour le dialogue avec la rébellion communiste

Appel des « pèlerins pour la paix » au gouvernement

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CITE DU VATICAN, Mercredi 20 novembre 2002 (ZENIT.org).- Des responsables chrétiens demandent au gouvernement des Philippines de ne pas rompre les négociations avec la rébellion communiste, classée par les Etats-Unis comme organisation terroriste, indique l’agence des Missions étrangères de Paris, « Eglises d’Asie » (EDA, http://eglasie.mepasie.org).

Regroupés dans une alliance baptisée « Les pèlerins pour la paix », un ensemble de responsables chrétiens, catholiques et protestants, ont lancé un appel au début du mois de novembre 2002 à la présidente des Philippines afin que le gouvernement philippin ne rompe pas les négociations avec la rébellion communiste sous prétexte que les Etats-Unis, comme différents pays européens, ont placé le Parti communiste des Philippines (CPP) et sa branche armée, l’Armée pour un peuple nouveau (NPA), sur la liste des organisations considérées comme terroristes. Mgr Antonio Ledesma, évêque catholique d’Ipil et président de la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux, a déclaré le 4 novembre dernier que l’Eglise souhaitait que les pourparlers soient repris « quelle que soit l’étiquette placée sur ces groupes ».

L’alliance des « Pèlerins pour la paix » rassemble dix évêques catholiques, vingt évêques protestants, environ 70 congrégations religieuses, 1 100 prêtres et religieuses, 10 écoles catholiques ainsi que des ONG locales et étrangères. Elle estime que la confrontation armée sur le terrain cessera dès que les négociations avec le gouvernement seront poursuivies. Le 20 octobre dernier, elle a fait paraître une page de publicité dans un grand journal local appelant à « reprendre les négociations de paix maintenant ». Opposée à une « solution de type purement militaire », l’alliance a exprimé de « sérieuses réserves » quant au soutien inconditionnel que le gouvernement philippin apporte aux Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme et la guerre totale déclarée au CPP-NPA.

Depuis 1969, date du début de l’insurrection communiste aux Philippines, 40 000 personnes ont trouvé la mort du fait des affrontements entre les rebelles marxistes et les forces armées gouvernementales. Ces dernières années, l’intensité du conflit est allé en diminuant et, de manière quasi-rituelle, à l’approche de Noël, l’une ou l’autre des parties a déclaré un cessez-le-feu avant que des combats ici et là ne rompent la trêve ainsi établie.

Fondé en 1968, le Parti communiste des Philippines s’est donné pour objet de mener « la révolution contre le féodalisme et l’impérialisme américain ». Les négociations avec le gouvernement ont commencé après la chute du régime Marcos en 1986. En 1992, les deux parties ont signé la Déclaration commune de La Haye, ouvrant la voie à des pourparlers officiels de paix. Mais, après divers incidents, les négociations ont été rompues en 2001, peu après que les communistes eurent revendiqués l’assassinat de deux législateurs philippins, accusés par eux d’avoir commis des « crimes contre le peuple ».

Le 31 octobre dernier, Blas Ople, secrétaire aux Affaires étrangères, est revenu d’une tournée en Europe et a annoncé que l’Union européenne ainsi que l’Australie avaient classé Jose Maria Sison, qui vit en exil aux Pays-Bas depuis quinze ans, ainsi que l’état-major du Front national démocratique, le bras politique du Parti communiste, et la NPA, parmi les organisations terroristes.

Les Etats-Unis avaient fait de même en août dernier. Selon Blas Ople, le fait que « les avoirs de M. Sison et de ses organisations terroristes vont être gelés », qu’il « est devenu interdit de lui apporter une aide matérielle » et que « lui donner asile devient impossible » va convaincre les responsables du mouvement d’« abandonner la lutte armée pour rejoindre la vie politique normale des Philippines ».

Le 2 novembre dernier, le quotidien The Philippine Daily Inquirer écrivait que Jose Maria Sison avait déclaré que l’inscription des organisations communistes sur la liste des groupes terroristes ne ferait que provoquer « une révolution armée plus virulente ».
© EDA

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ZENIT Staff

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