La mort confisquée ! Entretien avec Christian de Cacqueray

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CITE DU VATICAN, Mercredi 30 octobre 2002 (ZENIT.org) – Christian de Cacqueray, 40 ans, est le directeur du Service catholique des funérailles (SCF), fondé à Paris en 2000. En devenant, ce 1er novembre 2002, service de pompes funèbres, le SCF initie une expérience pilote qui propose une réponse chrétienne aux évolutions marchandes du secteur funéraire. Interview de Christian de Cacqueray auteur d’un « livre-événement » aux Editions CLD.

– Pourquoi dites-vous que la mort est confisquée?

Avant d’être confisquée, la mort est occultée. C’est le résultat de plusieurs tendances sociales lourdes des sociétés occidentales, dont la conception que nous avons de la médecine. Or l’occultation, en renvoyant les réalités de la mort aux marges de la vie sociale, favorise la professionnalisation à outrance des services funéraires. Puisque les solidarités de voisinage et l’intervention des cultes ne permettent plus de répondre aux besoins des familles en deuil, les structures de pompes funèbres occupent le terrain laissé vacant. C’est logique, mais cela favorise des réponses souvent très pauvres symboliquement. C’est particulièrement sensible dans les lieux nouveaux d’accueil des morts et de leurs familles: funérarium, crématorium. En ce sens, on peut dire que la mort – notre mort- devient une réalité confisquée ! Et, comme vous pouvez-vous en douter, cette « confiscation » soulève des enjeux humains et religieux particulièrement graves!

– Mais, comment en êtes-vous arrivé à ce constat ?

Je fréquente le secteur funéraire, à titre professionnel, depuis plus de dix ans. D’abord comme directeur de la communication d’une grande entreprise de pompes funèbres, ensuite comme directeur du Service catholique des funérailles (SCF) que j’ai fondé, en 2000, à Paris, à la demande du cardinal Jean-Marie Lustiger. A partir du 1er novembre 2002, le SCF devient service de pompes funèbres.

– C’est-à-dire ?

Cela signifie que le SCF, comme une entreprise, mais en restant une association, propose, désormais, toutes les prestations funéraires en cas de décès. Le fait que le SCF soit une association signifie que la logique marchande n’est pas notre préoccupation première.

– Vous dites que la mort est une réalité de plus en plus confisquée, comment voyez-vous l’avenir?

En France, nous sommes à un tournant. Face à des générations de plus en plus déchristianisées, la proposition rituelle de l’Eglise catholique saura-t-elle s’adapter sans se laisser inféoder à des logiques d’organisation et d’argent? La pastorale des funérailles devient si dépendante de ces systèmes qu’elle risque d’en être dénaturée. Il y a donc matière à agir, en inventant, et en passant à une pastorale de propositions.

– Concrètement ?

Le SCF du diocèse de Paris apporte une réponse modeste et simple : puisque les structures de pompes funèbres ont un rôle prépondérant dans l’organisation des obsèques, nous avons décidé de doter l’Eglise d’une structure équivalente. Les bénéfices que l’on peut attendre sont de trois ordres. Pour les familles, c’est un signe concret de la sollicitude de l’Eglise à l’égard des personnes endeuillées.
Pour la pastorale de l’Eglise, c’est un moyen concret de faire passer dans l’opinion ce qu’elle préconise.
Pour le secteur funéraire, c’est une approche du métier différente qui constitue potentiellement un instrument de régulation face aux dérives toujours possibles.

Christian de Cacqueray, « La mort confisquée, essai sur le déclin des rites funéraires », préface du cardinal Lustiger, Editions CLD, octobre 2002, 142 pages, 13 euros.
Disponible en librairie ou à défaut : CLD, 42 avenue des Platanes, BP 203, 37 172 Chambray-lès-Tours (tél. en France: ++ 33 (0)2 47 28 20 68).
Par correspondance : ajouter 3,40 euros de port.

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ZENIT Staff

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