Ouverture anticipée des archives vaticanes: délais et enjeux

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Par le Préfet des Archives secrètes du Vatican, le P. Sergio Pagano

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CITE DU VATICAN, Lundi 18 février 2002 (ZENIT.org) – L´ouverture anticipée des archives vaticanes, a été décidée par Jean-Paul II pour l´an prochain, sur les relations entre le Vatican et l´Allemagne sous le pontificat de Pie XI (1922-1939): archives de la Secrétairerie d´Etat et Archives secrètes. Suivront les Archives relatives au pontificat de Pie XII, et surtout la publication des données relatives aux prisonniers de la seconde guerre. Le Préfet des Archives secrètes du Vatican, le P. Sergio Pagano explique l´enjeu de ces décisions au micro de Radio Vatican.

– Quelle importance revêt cette décision?
– L´importance de cette ouverture saute d´autant plus aux yeux si l´on tient compte du fait que le Nonce en Allemagne, de 1920 à1929, était Eugenio Pacelli, le futur pape Pie XII. On peut donc étudier à travers ces documents la figure du futur pontife, sous un pontificat tout aussi intéressant comme le fut celui de Pie XI. On peut supposer que le Saint-Père ait voulu aller à la rencontre de la demande de certains chercheurs, d´historiens surtout, qui voudraient avoir accès aux sources des Archives pontificales dans une chronologie un peu plus récente.

– Vous faisiez allusion aux nombreuses demandes d´accès à cette documentation parce qu´elle concerne une période particulièrement importante et complexe?

-Je pense que oui. Il y a évidemment les vicissitudes historiques qui ont intéressé l´Europe et divers gouvernements européens, qui sont toutes object d´observation de la part des historiens. On présume que ces nouvelles sources que le Saint-Père met à la disposition soient un premier pas pour une ouverture progressive et pour les contributions historiographiques progressives qui viennent de ces documents.

– Est-ce qu´il pourra en sortir quelque chose de nouveau?

– Cela, honnêtement, je ne peux pas le dire. Nous sommes encore en train d´étudier, d´inventorier cette documentation. On présume que quelque chose de nouveau pourrait en sortir, mais je ne crois pas qu´il y aura des révolutions historiographiques, parce que les historiens aussi savent bien que les documents s´entrecroisent et que ce qui se trouve dans la documentation vaticane se reflète ensuite sur d´autres archives.

– Une seconde décision, non moins attendue et importante: la publication des données relatives aux prisonniers de la seconde guerre mondiale contenues dans les Archives du Vatican et relatives à la grande oeuvre humanitaire accomplie par Pie XII à leur égard?

– Il s´agit d´un fonds rassemblant surtout les documents du Bureau d´informations institué par Pie XII au cours de la seconde guerre mondiale: on y a conservé les fameux modules de requêtes remplis par les familles des prisonniers de guerre ou des exilés, des prisonniers des camps de concentration dont on n´avait pas de nouvelles. Nous possédons environ deux millions et demi de fiches de prisonniers de guerre, y compris des Juifs, on y précise les prénoms, noms, patries, âges, adresses des camps de concentration éventuels, et là je pense que d´une manière sérieuse et objective, on a une connaissance de l´énorme recherche de nouvelles que le Saint-Siège a faite en faveur des familles des prisonniers.

En 1984, le pape Jean-Paul II avait ouvert les archives aux chercheurs jusqu´en 1922 (pontificat de Benoît XV). Rappelons que le travail d´archives sur le pontificat de Pie XI devait prendre encore trois ans, mais la décision de la semaine passée avance les délais de façon à « contribuer à faire maître un terme à des spéculations injustes et ingrates », comme l´indique la note du Saint-Siège expliquant la décision (cf. ZF020215).

Pour la même raison la note annonçait l´ouverture des documents du Vatican concernant les relations entre le Vatican et l´Allemagne sous le pontificat de Pie XII (1939-1958). Une ouverture, indique la même note, qui tient « très à coeur » à Jean-Paul II parce que la période couvre la seconde guerre mondiale et avec lui « la déportation des Juifs et la tragédie de la Shoah ». A ce sujet, la note annonce également la publication des données concernant les prisonniers de guerre entre 1939 et 1945.

Evoquant les « inévitables déceptions » de certains chercheurs qui auraient voulu voir les archives s´ouvrir plus rapidement, la note affirmait que ces décisions constituent les « prémices solides d´études à venir et d´enquêtes qui pourront s´étendre d´ici trois ans à tous les fonds des Archives vaticanes jusqu´en 1939 et ensuite, avec le temps nécessaire aussi au-delà ».

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ZENIT Staff

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