Message de Jean-Paul II pour la Xe Journée mondiale du malade

« La réponse chrétienne à la douleur n´est jamais la passivité »

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CITE DU VATICAN, Dimanche 10 février 2002 (ZENIT.org ) – Voici le message de Jean-Paul II pour la Xe Journée mondiale du malade (11 février 2002), en date du 6 août 2001. « La réponse chrétienne à la douleur et à la souffrance n´est jamais la passivité », écrit le pape.

Le pape demande avant tout la prière des fidèles pour les malades: « La Journée mondiale du Malade commencera par un moment d´intense prière pour tous ceux qui souffrent, qui sont infirmes ». Il appelle aussi au soulagement des souffrances et rappelle le sens chrétien de ces souffrances.

-Message de Jean-Paul II –

1. Depuis quelques années, le 11 février, date à laquelle l´Eglise commémore l´apparition de la Madone à Lourdes, est associé de façon opportune à un événement important: la célébration de la Journée mondiale du Malade. L´année 2002 marque la dixième célébration de ce genre, qui aura lieu dans le célèbre centre de pèlerinage marial du sud de l´Inde, le Sanctuaire de la « Madone du Salut » à Vailankanny, connu sous le nom de « Lourdes de l´Orient » (Angelus, 31 juillet 1988, cf. ORLF n. 31 du 2 août 1988). Sûrs de l´aide de la Mère Divine à l´égard de leurs besoins, avec une profonde dévotion et confiance, des millions de personnes se rendent vers ce sanctuaire situé sur les rives du Golfe du Bengale, dans le calme environnant des palmeraies.

Vailankanny attire non seulement les pèlerins chrétiens, mais aussi de nombreux fidèles d´autres religions, en particulier les hindous, qui voient dans la Madone du Salut la Mère bienveillante et compatissante de l´humanité qui souffre. Dans un pays à la religiosité si antique et profonde tel que l´Inde, ce sanctuaire dédié à la Mère de Dieu est véritablement un point de rencontre pour les membres de différentes religions, et un exemple exceptionnel d´harmonie et d´échange interreligieux.

La Journée mondiale du Malade commencera par un moment d´intense prière pour tous ceux qui souffrent, qui sont infirmes. De cette façon, nous exprimerons notre solidarité envers ceux qui souffrent, une solidarité qui naît de notre conscience de la nature mystérieuse de la souffrance et de sa place dans le projet d´amour de Dieu pour chaque personne.

La Journée se poursuivra par une réflexion et une étude approfondies sur la réponse chrétienne au monde de la souffrance humaine, qui semble croître de jour en jour, en particulier en raison des catastrophes naturelles et des choix hasardeux opérés par certaines personnes et certaines sociétés. En examinant à nouveau le rôle et la mission des structures médicales, des hôpitaux et du personnel de santé chrétiens, cette réflexion soulignera et réaffirmera les authentiques valeurs chrétiennes qui devraient les inspirer.

Marcher sur les traces de Jésus, le Divin Thaumaturge, qui est venu « pour qu´ils aient la vie et qu´ils l´aient surabondante » (Jn 10, 10) – thème de la réflexion de la Journée – implique une prise de position sans ambiguïté en faveur de la culture de la vie et un engagement total en défense de la vie, de sa conception à sa mort naturelle.

2. Chercher des moyens nouveaux et efficaces de soulager la douleur est une quête juste, mais la souffre demeure toutefois un élément fondamental de la vie humaine. D´une certaine façon, elle est aussi profonde que l´homme lui-même et touche jusqu´à son essence (cf. Salvifici doloris, n. 3). La recherche et les traitements médicaux n´expliquent ni ne vainquent entièrement la souffrance. Dans sa profondeur et sous ses multiples formes, elle doit être considérée dans une perspective qui transcende son aspect purement physique. Les différentes religions de l´humanité ont toujours cherché à répondre à la question du sens de la souffrance, et elles reconnaissent le besoin de faire preuve de compassion et de bonté envers tous ceux qui souffrent.

C´est pourquoi les convictions religieuses ont donné naissance à des pratiques médicales visant à traiter et à soigner les maladies, et l´histoire des diverses religions témoigne de formes organisées d´assistance médicale remontant à des temps très anciens.

Bien que l´Eglise considère que les interprétations non-chrétiennes de la souffrance possèdent de nombreux éléments valides et nobles, sa compréhension de ce grand mystère humain est unique. Afin de découvrir le sens fondamental et définitif de la souffrance, « nous devons tourner nos regards vers la révélation de l´amour divin, source ultime du sens de tout ce qui existe » (Salvifici doloris, n. 13).

La réponse à la question de la signification de la souffrance a été « donnée par Dieu à l´homme dans la Croix de Jésus-Christ » (ibid., n. 13). La souffrance, séquelle du péché originel, revêt un sens nouveau; elle devient participation à l´oeuvre salvifique de Jésus-Christ (cf. Catéchisme de l´Eglise catholique, n. 1521). A travers la souffrance sur la Croix, le Christ a vaincu le mal et nous a permis également de le surmonter. Nos souffrances acquièrent un sens et une valeur lorsqu´elles sont unies aux siennes.

En tant que Dieu et homme, le Christ a assumé les souffrances de l´humanité et en lui, la souffrance humaine elle-même acquiert une signification rédemptrice. Dans cette union entre l´humain et le divin, la souffrance produit le bien et remporte la victoire sur le mal. En exprimant ma profonde solidarité avec tous ceux qui souffrent, je prie sincèrement pour que la célébration de la Journée mondiale du Malade représente pour eux un moment providentiel qui ouvre un nouvel horizon de signification pour leur vie.

La foi nous enseigne à rechercher la signification ultime de la souffrance dans la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ. La réponse chrétienne à la douleur et à la souffrance n´est jamais la passivité. Poussée par la charité chrétienne, qui trouve son expression suprême dans la vie et dans l´oeuvre de Jésus qui « a passé en faisant le bien » (Ac 10, 38), l´Eglise va à la rencontre des malades et de ceux qui souffrent, leur apportant réconfort et espérance. Il ne s´agit pas d´un simple exercice de bienfaisance, mais d´un geste motivé par la compassion et la sollicitude, qui conduit à l´assistance et au service dévoué. Cela comporte en ultime analyse le don généreux de soi aux autres, et en particulier à ceux qui souffrent (cf. Salvifici doloris, n. 29).

La parabole évangélique du Bon Samaritain explique bien les très nobles sentiments et la réponse d´une personne confrontée à un autre être humain qui souffre et qui est dans le besoin. Un Bon Samaritain est quelqu´un qui s´arrête pour répondre aux besoins de tous ceux qui souffrent.

3. Je pense ici aux innombrables hommes et femmes, partout dans le monde, qui sont engagés dans le domaine de la santé, tels que les directeurs de centres de soins médicaux, les aumôniers, les médecins, les chercheurs, les infirmières, les pharmaciens, le personnel paramédical et les volontaires.

Comme je l´ai mentionné dans mon Exhortation post-synodale Ecclesia in Asia, en de nombreuses occasions, lors de mes visites aux Eglises dans les différentes parties du monde, j´ai été profondément ému par l´extraordinaire témoignage chrétien de divers groupes de personnes travaillant de le domaine de la santé, en particulier de ceux qui travaillent auprès des handicapés et des malades en phase terminale, ainsi que ceux qui se battent contre la diffusion des nouvelles maladies comme le SIDA (n. 36).

A travers la célébration de la Journée mondiale du Malade, l´Eglise exprime sa gratitude et sa reconnaissance pour le service désintéressé des nombreux prêtres, religieux et laïcs engagés dans le secteur de la santé, qui s´occupent généreusement des malades, des personnes qui souffrent et des mourants, puisant force et inspiration dans leur foi dans le Seigneur Jésus et dans l´image évan
gélique du Bon Samaritain.

Le commandement du Seigneur lors de la dernière Cène: « Vous ferez cela en mémoire de moi », outre au partage du pain, se réfère également au corps donné et au sang versé par le Christ pour nous (cf. Lc 22, 19-20), en d´autres termes, au don de soi aux autres. Une expression particulièrement significative de ce don de soi se trouve dans le service aux malades et aux personnes qui souffrent. C´est pourquoi ceux qui se consacrent à ce service trouveront toujours dans l´Eucharistie une source inépuisable de force et un encouragement à une générosité toujours nouvelle.

4. Dans son approche des malades et des personnes qui souffrent, l´Eglise est guidée par une vision précise et complète de la personne humaine, « créée à l´image de Dieu et dotée par Dieu de dignité et de droits humains inaliénables » (Ecclesia in Asia, n. 33). Par conséquent, l´Eglise insiste sur le principe que tout ce qui est technologiquement faisable n´est pas moralement admissible. Les progrès remarquables accomplis récemment dans le domaine de la science et des techniques médicales nous confère à tous une immense responsabilité en ce qui concerne le don de la vie qui vient de Dieu et qui demeure toujours un don, à toutes ses étapes et dans toutes ses conditions. Nous devons être vigilants face à toute violation et suppression possibles de la vie. « Nous sommes […] les gardiens de la vie, et non ses propriétaires […] Dès le moment de la conception, la vie humaine implique l´action créatrice de Dieu et elle a pour toujours un lien spécial avec le Créateur, source de la vie et son terme unique » (Ecclesia in Asia, n. 35).

Solidement ancrées dans la charité, les institutions médicales chrétiennes poursuivent la mission de Jésus de prendre soin des faibles et des malades. En tant que lieux où la culture de la vie est affirmée et assurée, je suis certain qu´elles continueront à répondre aux attentes que chaque membre souffrant de l´humanité a placées en elles. Je prie pour que Marie, Santé des Malades, continue d´accorder sa protection bienveillante à tous ceux qui sont blessés dans leur corps et leur esprit, et intercède pour ceux qui prennent soin d´eux. Puisse-t-elle nous aider à unir nos souffrances à celles de son Fils tandis que nous nous acheminons avec une joyeuse espérance vers le salut de la Maison du Père.

De Castel Gandolfo, le 6 août 2001

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ZENIT Staff

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