CITE DU VATICAN, Lundi 7 janvier 2002 (ZENIT.org) – L´arrêt Perruche et ses conséquences n´ont pas laissé indifférente la communauté juive, souligne la revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune genethique.org. Dans un article du 13 décembre dernier (« Actualités juives hebdo »), le grand rabbin Gilles Bernheim exprime en effet son indignation. Il dénonce les « pressions eugéniques » mises en oeuvre.
Un point de vue dont ne peuvent pas ne pas tenir compte les directeurs de cabinet des ministères de la justice, de l´emploi et de la solidarité, de la santé et de la famille qui ont décidé de présenter un texte mettant fin à la « jurisprudence Perruche ».
Cette affaire devrait inspirer compassion et conduire la société à encourager la solidarité nationale, estime en substance le rabbin. Or cette décision remet en cause les bases de la solidarité naturelle qui devrait s´exercer à l´égard des personnes handicapées, tout en offensant leur dignité.
Gilles Bernheim estime qu´une telle décision va encourager les médecins à prescrire au moindre doute des avortements (dont certains entraîneront aussi la suppression d´enfants « normaux »).
Il craint également « l´élaboration de normes qui déterminent qui a le droit d´exister et qui n´a pas ce droit ». « Impossible de nier qu´il ne s´agisse de normes eugéniques » ajoute t-il.
Or, il dénonce les pressions eugéniques déjà mises en oeuvre par l´État, qui bien que non imposées, sont suffisamment pressantes pour inciter les citoyens à y céder. « La liberté d´avorter – dans la société française- devrait être appréciée au regard de ces pratiques, génératrices de consensus mous contre lesquelles résister suppose d´être héroïque. Le droit n´est pas fait pour les héros », ajoute-t-il, « et il se doit de nous protéger contre nos pulsions mortifères et d´accepter les personnes telles qu´elles sont, et non telles que la société désire qu´elles soient ».
Les réactions de l´opinion publique montrent que la société attend une autre justice qui refléterait « plus profondément les interrogations de notre société. Telle est la démarche du débat talmudique : les rabbins du Talmud s´expriment au nom d´un projet d´humanité et non pas seulement en fonction des urgences de l´heure ».
Réunis vendredi dernier, 4 janvier, les directeurs de cabinet des ministères français de la justice, de l´emploi et de la solidarité, de la santé et de la famille ont décidé de présenter un texte mettant fin à la « jurisprudence Perruche », indique aujourd´hui la même revue de presse.
Le texte retenu par le gouvernement pose trois principes : l´enfant ne pourra plus demander une indemnisation en cas de faute médicale ayant privé la mère de la possibilité d´avorter ; les parents en revanche pourront continuer à le faire; enfin la sécurité sociale ne pourra plus récupérer l´argent avancé au titre des soins et des allocations.
Dans le cas d´erreur de diagnostic, du type de celle de Nicolas Perruche, le gouvernement propose : » lorsque le handicap n´a pas été décelé pendant la grossesse en raison d´une faute, les parents peuvent demander une indemnité destinée à la personne handicapée sans préjudice des aides prévues au titre de la solidarité nationale. »
Demain, mardi 8 janvier, le premier ministre français, Lionel Jospin, doit officiellement donner sa position sur ce texte qui sera expliqué, le même jour, aux députés socialistes et jeudi à l´Assemblée nationale lors du débat sur la loi « relative à la solidarité nationale et à l´indemnisation des handicaps congénitaux « .
Néanmoins, les professionnels de l´échographie pré-natale, réunis samedi 5 janvier à Paris, à l´hôpital Necker, pour leurs états généraux, sont toujours inquiets. Le Pr Yves Ville, praticien et organisateur de ces journées, explique » en l´état, le texte de la proposition de loi ne nous met pas à l´abri d´autres arrêts Perruche. De plus il renforce les inégalités devant le handicap « .
Nicolas Gombault renchérit « le texte stipule que « les parents peuvent demander une indemnité destinée à la personne handicapée « , c´est une phrase alambiquée qui réintroduirait au contraire Perruche « .
Un communiqué commun a donc été rédigé, reposant sur cinq principes qui, s´ils sont refusés le jeudi 10 janvier entraîneraient l´arrêt du dépistage prénatal.