Religions: "La spiritualité du dialogue", par Jean-Paul II

Le Nom de Dieu, Nom de la Paix

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CITE DU VATICAN, Mardi 20 novembre 2001 (ZENIT.org) – « La spiritualité du dialogue », sous ce titre, L´Osservatore Romano en français publie aujourd´hui, 20 novembre, la traduction du discours de Jean-Paul II aux membres de l´assemblée plénière du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, un dicastère présidé par le cardinal Francis Arinze. « Le nom du Dieu unique doit devenir toujours plus ce qu´il est, un nom de paix et un impératif de paix », disait le pape en citant sa Lettre apostolique pour le IIIe milléanire.

Dans la matinée du vendredi 9 novembre 2001, le pape Jean-Paul II a en effet reçu en audience, dans la Salle Clémentine, les participants à l´Assemblée plénière du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux qui avait pour thème: « La spiritualité du dialogue ». Le pape leur a adressé le discours suivant:
– Discours de Jean-Paul II sur la « spiritualité du dialogue » –

Cher Cardinal Arinze,
Très chers frères et soeurs dans le Seigneur,

1. C´est avec un grand plaisir que je vous salue, vous tous qui participez à l´Assemblée plénière du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux: « A vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus-Christ » (1 Co 1, 3).

Votre Assemblée réfléchit actuellement sur le progrès du dialogue interreligieux à un moment où toute l´humanité est encore sous le choc des événements du 11 septembre dernier. Certains ont dit que nous assistons à un véritable conflit entre religions.

Toutefois, comme je l´ai déjà affirmé à de nombreuses occasions, cela signifierait défigurer la religion elle-même. Les croyants savent que, loin de devoir accomplir le mal, ils sont obligés de faire le bien, d´oeuvrer pour soulager la souffrance humaine et, dans le même temps, d´édifier ensemble un monde juste et harmonieux.

2. S´il est impératif que la Communauté internationale promeuve de bons rapports entre les personnes appartenant à diverses traditions ethniques et religieuses, il est d´autant plus urgent que les croyants eux-mêmes promeuvent des rapports caractérisés par l´ouverture et la confiance, qui conduisent à une préoccupation commune pour le bien-être de toute la famille humaine.

Dans ma Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j´ai écrit: « Dans un contexte de pluralisme culturel et religieux plus marqué, tel qu´il est prévisible dans la société du nouveau millénaire, un tel dialogue est important pour assurer aussi les conditions de la paix et éloigner le spectre épouvantable des guerres de religion qui ont ensanglanté tant de périodes de l´histoire humaine. Le nom du Dieu unique doit devenir toujours plus ce qu´il est, un nom de paix et un impératif de paix » (n. 55). Nous savons combien il est difficile d´atteindre cet objectif, et nous en faisons l´expérience chaque jour. En effet, nous comprenons que la paix ne sera pas le résultat de nos efforts. Il ne s´agit pas de quelque chose que le monde peut donner. C´est un don du Seigneur. Pour le recevoir, nous devons préparer notre coeur. Lorsque des conflits naissent, la paix ne peut être que le résultat d´un processus de réconciliation, qui exige humilité et générosité.

3. En ce qui concerne le Saint-Siège, c´est votre Conseil qui, dès son institution par mon prédécesseur le Pape Paul VI en tant que Secrétariat pour les Non-Chrétiens, a reçu la tâche particulière de promouvoir le dialogue interreligieux. Au cours des années, le Conseil a contribué à approfondir des contacts avec les représentants des diverses religions, dans un esprit croissant de compréhension et de coopération, un esprit qui est apparu de façon évidente, par exemple, à l´occasion de l´Assemblée interreligieuse qui s´est déroulée ici, au Vatican, à la veille du grand Jubilé. Au cours de la cérémonie de conclusion de cette Assemblée, j´ai rappelé que l´une des tâches fondamentales que nous devons accomplir con-siste à montrer de quelle façon la croyance religieuse inspire la paix, encourage la solidarité, promeut la justice et soutient la liberté (cf. Discours à l´Assemblée interreligieuse, Place Saint-Pierre, 28 octobre 1999; cf. ORLF n. 44 du 2 novembre 1999).

4. Je formule ces brèves observations en rappelant le thème choisi pour votre Assemblée plénière, « La spiritualité du dialogue ». Vous avez choisi de réfléchir sur l´inspiration spirituelle qui devrait soutenir ceux qui sont engagés dans le dialogue interreligieux.

Lorsque, nous chrétiens, nous considérons la nature de Dieu telle qu´elle est révélée dans les Ecritures et surtout en Jésus-Christ, nous comprenons que la communion du Père, du Fils et de l´Esprit Saint est le modèle parfait et éminent du dialogue entre les êtres humains. La Révélation nous enseigne que Dieu a toujours entretenu un dialogue avec l´humanité, un dialogue qui imprègne l´Ancien Testament et qui atteint son point culminant dans la plénitude des temps, quand Dieu parle directement à travers son Fils (cf. He 1, 2). Par conséquent, dans le dialogue interreligieux, nous devons garder à l´esprit l´exhortation de saint Paul : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5). L´Apôtre poursuit ensuite en soulignant l´humilité de Jésus, sa kenosis. C´est dans la mesure où, comme le Christ, nous sommes capables de nous dé-pouiller de nous-mêmes, que nous serons vraiment en mesure d´ouvrir notre coeur aux autres et de marcher avec eux comme des compagnons de voyage vers le destin que Dieu a préparé pour nous.

5. Cette référence à la kenosis du Fils de Dieu sert à nous rappeler que le dialogue n´est pas toujours facile, ni exempt de souffrances. Des incom-préhensions peuvent naître, des préjugés peuvent également faire obstacle à l´accord commun et la main tendue en signe d´amitié peut être refusée. Une authentique spiritualité du dialogue doit prendre en considération ces situations et fournir des motivations pour continuer, même face à des oppositions ou lorsque les résultats apparaissent médiocres. Une grande patience sera toujours nécessaire, car les fruits viendront en leur temps (cf. Ps 1, 3), lors-que ceux qui auront semé dans les larmes moissonneront dans la joie (cf. Ps 126, 5).

Dans le même temps, le contact avec les fidèles d´autres religions est souvent une source de grande joie et d´encouragement. Il nous conduit à découvrir de quelle façon Dieu est à l´oeuvre dans l´esprit et dans le coeur des personnes, ainsi que dans leurs rites et leurs coutumes. Ce que Dieu a semé de cette façon peut être purifié et perfectionné à travers le dialogue (cf. Lumen gentium, n. 17). La spiritualité du dialogue cherchera donc à discerner soigneusement l´action de l´Esprit Saint et rendra grâce pour les fruits d´amour, de joie et de paix que l´Esprit apporte.

6. Que Marie, Mère de Jésus et Mère de l´Eglise, intercède pour vous tous, que le Père céleste vous emplisse de sagesse et de force, afin que vous suiviez et encouragiez les autres à suivre le chemin authentique du dialogue! Avec gratitude, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.

©L´Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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