ROME, Lundi 30 juillet (ZENIT.org) – Annuler la dette internationale des pays pauvres ne suffit pas, il faut la « transformer en ressources pour le développement » écrit en substance, dans la Civiltà Cattolica, le P. Gianpaolo Salvini, qui rappelle la nécessité de cette initiative jubilaire, pour soulager les économies des peuples accablés sous le poids de cette dette dont ils ne réussiront pas à payer les intérêts. Oui, mais pas sans la mise en place de mécanismes qui garantissent un usage correct des ressources libérées.
Le P. Salvini rappelle entre autres qu´au cours des siècles – voire des millénaires, comme la Bible en témoigne – les règles de la dette, du crédit et de l´intérêt ont été l´objet d´ajustements continuels. Et peu à peu ces règles se sont préoccupées de la protection du débiteur jusqu´à faire entreprendre, récemment, la lutte contre les déviations du système, comme l´usure.
Pourtant, regrette l´auteur, le monde actuel « se montre encore incapable de créer l´équivalent de ces dispositifs au niveau international ». « Vingt ans après l´éclatement de la crise, écrit le P. Salvini, les pays pauvres se trouvent encore écrasés d´un poids insupportable ».
Pourtant, reconnaît-il, des tentatives ont été faites pour résoudre la question, mais aucun n´a enclenché le « cercle vertueux » visé par les intentions. Les juristes se sont divisés sur certaines éventualités: l´entreprise privée insolvable peut être mise en faillite, mais un Etat? Et puis: est-il juste que la somme prêtée soit restituée par toute la collectivité, alors qu´un petit nombre en a bénéficié? C´est en effet là que réside l´un des « noeuds » du problème: souvent, les gouvernements des pays en voie de développement n´ont pas jusqu´ici offert les garanties nécessaires sur la destination des ressources obtenues.
De fait, aujourd´hui, toujours selon la même source, personne ne peut interdire à un gouvernement de « gâcher » les fonds reçus en dépenses somptuaires ou même destructrices « comme le commerce des armes ». C´est pourquoi la mise en oeuvre de la remise de la dette ne peut être faite de façon superficielle. Même si elle pouvait « résoudre l´urgence du moment », elle pourrait aussi hypothéquer l´avenir si elle ne s´accompagne pas de la garantie que la Nation pauvre accomplisse le « saut qualitatif » nécessaire.
Le P. Salvini souligne par conséquent la nécessité de mettre en place des mécanismes qui garantissent un usage correct des ressources libérées. Il recommande non d´annuler la dette purement et simplement, mais de la transformer en ressources pour le développement. Il prône la mise en place de « commissions mixtes » pour assurer que cela se passe effectivement.
Prêter de l´argent, observe le P. Salvini est un acte plus complexe qu´un acte de charité envers celui qui souffre. La situation n´a pas seulement besoin de « bons samaritains ». Il faut des dispositifs permettant aux Etats pauvres de retrouver la dignité de l´autosuffisance. Le mot « crédit », conclut-il, a la même racine que le mot « credo »: il signifie « croire dans l´avenir de celui à qui l´on prête ».