Pie XII: La commission mixte n´a pas fait son travail et s´auto-suspend

Les Européens, premiers concernés, sous-représentés dans la commision

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CITE DU VATICAN, Mercredi 25 juillet (Zenit.org) – La Commission mixte faite d´experts juifs et catholiques constituée en 1999 pour examiner les 12 volumes d´archives concernant l´activité du Saint-Siège et de Pie XII pendant la dernière guerre mondiale n´a pas fait son travail, déclare le cardinal Kasper dans un entretien avec « Inside the Vatican » (ITV). La presse italienne annonce aujourd´hui l´auto-suspension de ses travaux. Motif: le Vatican n´aurait pas laissé accéder à d´autres archives. Mais la composition même de la commission était en cause dès le début, en particulier parce que les Européens, premiers concernés, y étaient sous-représentés.

Le 21 juin dernier, le cardinal Walter Kasper, président de la Commission du Vatican pour le dialogue avec le Judaïsme, avait sollicité la rédaction d´un rapport final par une lettre où il répondait aussi à la demande de la commission que les archives après 1923 ne sont pas encore directement accessibles (autrement que par les volumes publiés) pour des motifs techniques.

Le 20 juillet, les cinq historiens (Eva Fleishner, professeur émérite de la Montclair State University dans le New Jersey avait déjà démissionné), lui ont adressé cette réponse: « sans une réponse positive à notre respectueuse demande pour le matériel des archives non encore publiées, nous ne pouvons pas conserver notre crédibilité face aux nombreuses voix, juives, catholiques, et autres qui ont demandé un plus grand accès. C´est pourquoi nous ne voyons pas la possibilité de présenter le rapport final que vous demandez et nous croyons devoir suspendre nos travaux ».

Pour le professeur de l´université de Toronto, Michael Marrus, un des trois experts juifs de la commission, plus de « déplaisir » que de « colère ». « Cela ne signifie pas nécessairement, dit-il, la fin de notre travail. Je crois que nous devrons continuer à un certain niveau, mais le soutien du Saint-Siège sur ce thème aurait été très utile ».

Eugen Fischer, coordinateur catholique de la commission et conseiller de la conférence épiscopale américaine, a expliqué que pour le moment les documents datant d´après 1923 n´ont pas encore été catalogués: deux archivistes travaillent sur ce matériel et la progession du travail est militée à leurs forces. Fischer précise: « La question n´est pas de savoir si les documents seront publiés, mais quand. Ce n´est qu´une question de temps ».

Le P. Gerald Fogarty, autre expert catholique, ne croit pas, pour sa part, que le Vatican cache des preuves d´une faute de la part de Pie XII qui soit à même de ralentir son procès de béatification. « J´ai la ceritude, dit-il, que l´ouverture des archives clarifierait beaucoup de positions. Mais je doute que les documents cachent un « pistolet fumant ». »

Mais Seymour Reich, coordinateur juif de la commission, se dit « très déçu du manque de réponse positive du Vatican à une commission d´experts nommé pour moitié par le Saint-Siège ».

Cependant certains observateurs, comme ITV, n´hésitent pas à poser la question: la commission a-t-elle fait le travail pour laquelle elle avait été nommée? Non, explique à ITV le cardinal Kasper. « La commission, dit-il, n´a pas fait ce qu´elle était supposée faire: lire les 11 volumes du Vatican publiés sur le pontificat de Pie XII. Il devaient lire les 11 volumes publiés à la demande de Paul VI par des historiens catholiques. Ils n´ont jamais fait le travail qui leur était demandé de manière appropriée ».

Cette tâche n´aurait jamais été vraiment acceptée par les six historiens, remarque ITV.Certains faisaient valoir qu´ils étaient absorbés par d´autres tâches, d´autres qu´ils ne connaissaient pas l´italien, – or, c´est la langue originale de la majorité des manuscrits du Vatican de l´époque -, et des traducteurs avaient été appelés à la rescousse, mais ils aviaent parfois des compétences insuffisantes, d´autres voulaient surtout que cette commission ait un accès direct aux archives du Vatican. Finalement, les experts se mirent d´accord pour dépouiller chacun deux volumes. Ils pourraient ensuite poser des questions.

Avant même que ce processus soit achevé, ils ont remis au Vatican un « rapport préliminaire » comportant 47 questions. Le P. Peter Gumpel, sj, qui est famillier de ces volumes, avait péparé en deux semaines, travaillant nuit et jour, des réponses précises à ces 47 questions. Il les avait présentées le 24 octobre 2000, aux six experts au cours d´une séance de travail de 3 heures et demi (présentant une dizaine de réponses), alors qu´il autrait fallu « trois jours » (pour les 37 autres), selon Gumpel, mais ce fut sans suite. La séance de travail – inachevée – a été enregistrée.

Pour le P. Gumpel, les questions étaient fondées sur une lecture partielle des volumes en question, et de nombreuses informations soi-disant manquantes pouvaient soit être trouvées ailleurs, soit n´être trouvées nullepart du fait qu´elles n´existent pas. Il rappelait que les éditeurs de 12 volumes étaient des experts sérieux et honnêtes et qu´ils ont vraiment consigné dans ces volumes tous les documents concernant la période. Tout expert un peu compétent saurait trouver les réponses à ces 47 questions, ajoutait Gumpel.

Dès le début en effet, des experts comme Pierre Blet, sj, historien français et l l´une des chevilles ouvrières des 12 volumes, et Peter Gumpel, renommés pour leurs travaux dans le domaine, furent suspects d´être partisans et ont été écartés.

La composition de la commission soulève ainsi quelque perplexité dans la mesure, remarque le cardinal Kasper – toujours selon la même source -, où les trois experts catholiques sont Nord-Américains. Il se demande pourquoi l´on n´a pas choisi des Européens, au moins un de Hollande ou d´Allemagne, pays qui ont des experts de premier ordre pour cette période de l´histoire.

Le cardinal Kasper exprimait aussi sa préoccupation sur le fait que les fameuses « 47 questions » avaient été communiquées aux media en octobre dernier, avant même qu´elles ne soient communiquées au Vatican. Au cours de l´été 2000 en effet, le quotidien israélien HaAretz signalait la circulation du dossier en Europe.

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ZENIT Staff

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