"Le tourisme, au service de la paix et du dialogue"

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Message de Jean-Paul II pour la Journée mondiale du Tourisme

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CITE DU VATICAN, 11 juillet (zenit.org) – L’OR en français du 10 juillet publie le message de Jean-Paul II à l´occasion de la XXIIe Journée mondiale du Tourisme qui a pour thème: « Le tourisme, un instrument au service de la paix et du dialogue entre les civilisations ». Nous le republions aujourd’hui en raison de l’actualité.

Message

1. A l´occasion de la XXII Journée mondiale du Tourisme, dont le thème est
« Le tourisme, un instrument au service de la paix et du dialogue entre les
civilisations », j´adresse volontiers mes salutations à tous ceux qui, de
diverses manières, oeuvrent dans cet important domaine social. En effet,
le tourisme concerne toujours plus la vie des personnes et des nations.

Les moyens modernes de communication facilitent la mobilité de millions de
voyageurs en quête de repos ou d´un contact avec la nature, ou encore
désireux de connaître d´une manière plus approfondie la culture d´autres
peuples. L´industrie touristique, qui répond à ces aspirations, multiplie
les offres de voyages qui donnent la possibilité de nouvelles expériences.
On peut dire que les barrières qui isolaient les peuples et qui les
rendaient étrangers les uns aux autres sont pratiquement tombées.

Conformément à la décision des Nations unies de proclamer l´an 2001 « Année
internationale du dialogue entre les civilisations », le thème choisi par
l´Organisation mondiale du Tourisme pour la Journée de cette année
constitue une invitation à réfléchir sur la contribution que le tourisme
peut apporter au dialogue entre les civilisations. J´ai moi-même consacré
à ce thème plusieurs passages du Message pour la Journée mondiale de la
Paix de cette année. Il s´agit en effet d´un sujet qui mérite une grande
attention, car c´est dans le dialogue entre les cultures que se trouve « la
voie nécessaire à l´édification d´un monde réconcilié, capable de regarder
avec sérénité son propre avenir » (Message pour la Journée mondiale de la
Paix 2001, n. 3, ORLF n. 1 du 2 janvier 2001).

2. L´industrie touristique révèle comment est le monde: toujours plus
mondialisé et toujours plus interdépendant. Le développement du tourisme,
particulièrement du tourisme culturel, est sans aucun doute un bienfait
pour ceux qui le pratiquent et pour la communauté qui accueille les
visiteurs et les touristes. Il existe une profonde conscience de
l´importance des grandes oeuvres d´art comme signes de l´identité des
civilisations, et l´on ressent toujours davantage l´exigence de leur
protection, notamment de la part de la Communauté internationale. Mais en
certains lieux, le tourisme de masse a engendré une forme de sous-culture
qui avilit à la fois le touriste et la communauté qui l´accueille: on
tend à exploiter à des fins commerciales les vestiges de « civilisations
primitives » et les « rites d´initiation encore vivants » dans certaines
sociétés traditionnelles.

Pour les communautés d´accueil, le tourisme devient très souvent une
occasion de vendre des produits dits « exotiques ». Surgissent ainsi des
centres de vacances sophistiqués, éloignés de tout contact réel avec la
culture du pays d´accueil ou caractérisés par un « exotisme superficiel » à
l´usage des curieux, avides de nouvelles sensations. Hélas, ce désir
effréné va parfois jusqu´à des aberrations humiliantes, comme
l´exploitation de femmes et d´enfants pour un commerce sexuel sans
scrupule, qui constitue un scandale intolérable. Il faut faire tout ce qui
est possible pour que le tourisme ne devienne en aucun cas une forme
moderne d´exploitation, mais qu´il soit une occasion d´échange utile
d´expériences et de dialogue bénéfique entre civilisations différentes.

Dans une humanité mondialisée, le tourisme est parfois un facteur
important de mondialisation, susceptible de provoquer des mutations
radicales et irréversibles dans les cultures des communautés d´accueil.
Sous la pression de la société de consommation, il peut transformer la
culture, les cérémonies religieuses et les fêtes ethniques en biens de
consommation, les appauvrissant toujours davantage pour répondre aux
désirs d´un plus grand nombre de touristes. Pour satisfaire ces exigences,
on a recours à une « ethnicité reconstituée », qui est le contraire de ce
que devrait être un vrai dialogue entre les civilisations, respectueux de
l´authenticité et des réalités de chacun.

3. Il ne fait aucun doute que, correctement orienté, le tourisme devient
une occasion de dialogue entre les civilisations et les cultures, et, en
définitive, un service précieux rendu à la paix. La nature même du
tourisme comporte certains éléments qui prédisposent à ce dialogue. En
fait, la pratique du tourisme permet un détachement par rapport à la vie
quotidienne, au travail et aux obligations auxquelles nous sommes
nécessairement tenus. Dans ce cas, l´homme parvient à « considérer d´un
autre oeil son existence et celle des autres: libéré des occupations
quotidiennes pressantes, il a la possibilité de redécouvrir sa dimension
contemplative, en reconnaissant l´empreinte de Dieu sur la nature et
surtout sur les autres êtres humains » (Angelus du 21 juillet 1996, ORLF n.
30 du 23 juillet 1996).

Le tourisme met en contact avec d´autres modes de vie, d´autres religions,
d´autres façons de voir le monde et son histoire. Cela conduit l´homme à
se découvrir lui-même et à découvrir les autres comme individus et comme
collectivité, immergés dans la vaste histoire de l´humanité, héritiers et
solidaires d´un univers à la fois familier et étranger. Il en découle une
nouvelle vision des autres, qui libère du risque de repli sur soi.
En voyageant, le touriste découvre d´autres lieux, d´autres paysages, de
nouvelles couleurs, des formes différentes, des façons diverses de
percevoir la nature et d´y vivre. Habitué à sa maison, à sa ville, aux
paysages de toujours et aux voix familières, le touriste adapte son regard
à d´autres images, apprend de nouveaux mots, admire la diversité d´un
monde que personne ne peut jamais saisir complètement. Dans cet effort, il
appréciera toujours plus ce qui l´entoure, prenant davantage conscience
qu´il est nécessaire de le protéger.

Au contact des merveilles de la création, le voyageur perçoit dans son
coeur la présence du Créateur et il est conduit à s´exclamer, avec des
sentiments de profonde gratitude: « Comme toutes ses oeuvres sont
attirantes, jusqu´à la plus petite étincelle qu´on peut apercevoir! » (Si
42, 22).

Au lieu de s´enfermer dans leur propre culture, les peuples sont invités
aujourd´hui plus que jamais à s´ouvrir à d´autres peuples, en se
confrontant à des modes de pensée et de vie différents. Le tourisme
constitue une occasion favorable pour ce dialogue entre les civilisations,
car il encourage l´inventaire des richesses spécifiques qui distinguent
une civilisation d´une autre, il favorise le renvoi à une mémoire vivante
de l´histoire et de ses traditions sociales, religieuses et spirituelles,
ainsi qu´un approfondissement réciproque des richesses de l´humanité.

4. C´est pourquoi, à l´occasion de la Journée mondiale du Tourisme,
j´invite tous les croyants à réfléchir sur les aspects positifs et
négatifs du tourisme, afin de témoigner de manière efficace de leur
foi, dans ce domaine si important de la réalité humaine.

Que personne ne cède à la tentation de faire du temps libre un temps de
« repos des valeurs » (cf. Angelus du 4 juillet 1993, ORLF n. 27 du 6
juillet 1993). Il est au contraire nécessaire de promouvoir u
ne éthique du
tourisme. Dans ce contexte, le Code éthique mondial pour le tourisme
mérite une grande attention. Il est le résultat de la convergence d´une
vaste réflexion réalisée par les nations, par diverses associations de
tourisme et par l´Organisation mondiale du Tourisme (OMT). Ce document
constitue un pas important en avant visant à considérer le tourisme non
seulement comme l´une des nombreuses activités économiques, mais comme un
instrument privilégié en vue du développement individuel et collectif.
Grâce à lui, en effet, le patrimoine culturel de l´humanité peut être
mieux utilisé, notamment au bénéfice du dialogue entre les civilisations
et de la promotion d´une paix stable.

Il convient de souligner que ce Code éthique mondial prend en
considération les différents motifs qui incitent les hommes à parcourir la
planète en long et en large, avec une référence spéciale aux voyages pour
motifs religieux, tels que les pèlerinages et les visites de
sanctuaires.

5. La connaissance réciproque entre individus et peuples, grâce à des
rencontres et des échanges culturels, contribue sûrement à l´édification
d´une société plus solidaire et plus fraternelle. Le tourisme implique de
vivre de façon temporaire avec d´autres personnes, de rassembler des
informations sur leurs conditions de vie, sur leurs problèmes et leur
religion; il suppose le partage des aspirations légitimes d´autres
peuples; il favorise les conditions pour les reconnaître de manière
pacifique.

Une juste éthique du tourisme influe sur le comportement du touriste; elle
en fait un collaborateur solidaire, exigeant avec lui-même et avec ceux
qui organisent son voyage; elle en fait un agent de dialogue entre les
civilisations et les cultures, pour bâtir une civilisation de l´amour et
de la paix. De tels contacts permettent de tisser plus aisément les
relations de paix entre les peuples qui ne peuvent naître que d´un
« tourisme solidaire », fondé sur la participation de tous. Seule une
participation d´ »égal à égal » peut faire en sorte que les contacts
interculturels soient une chance pour la compréhension, pour la
connaissance réciproque et pour des relations détendues entre les hommes.
Voilà pourquoi il faut encourager toutes les formes de participation
efficaces entre les cultures. Il est nécessaire d´impliquer les habitants
des localités touristiques dans l´organisation de l´activité touristique,
en précisant bien ses limites économiques, écologiques ou culturelles.

Il sera également utile que toutes les structures du pays d´accueil
tendent à réaliser une activité touristique qui soit toujours au service
des personnes et de la communauté.

Le tourisme se place de la sorte au service de la solidarité entre tous
les hommes, de la rencontre entre les civilisations; il facilite la
compréhension entre personnes et entre nations, et il constitue une
occasion pour réaliser un avenir de paix.

Les chrétiens, agents du tourisme ou simples touristes, doivent toujours
donner à l´activité touristique un esprit évangélique, se souvenant de
l´exhortation du Seigneur: « Dans toute maison où vous entrerez, dites
d´abord: « Paix à cette maison! » S´il y a là un ami de la paix, votre paix
ira reposer sur lui, sinon, elle reviendra sur vous » (Lc 10, 5-6). Ils
doivent être des témoins de la paix et apporter la sérénité à ceux qu´ils
rencontrent.

Je prie le Seigneur pour que ce domaine fondamental de l´activité humaine
soit toujours imprégné de valeurs chrétiennes et devienne un moyen
d´évangélisation. A cette fin, j´invoque la protection maternelle de
Marie, Mère de l´humanité tout entière, et de tout coeur j´envoie à tous
ceux qui travaillent dans le domaine touristique une Bénédiction
apostolique particulière.

IOANNES PAULUS PP. II

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ZENIT Staff

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