CITE DU VATICAN, Jeudi 5 juillet 2001 (ZENIT.org) – « L’euthanasie : un recul pour la civilisation », c´est le titre d´un communiqué des évêques de Belgique en date du 3 juillet. En voici le texte intégral.
– Communiqué –
Le Sénat va bientôt entamer la discussion d’un projet de loi concernant l’euthanasie et les soins palliatifs. En cette circonstance, nous voulons, une fois de plus, déclarer expressément que la mise en place d’un cadre légal pour l’euthanasie est, selon nous, moralement inacceptable. Une telle loi contredit, en effet, ce qui est le cœur même d’une société respectueuse de la vie humaine et soucieuse des personnes les plus vulnérables.
Un traitement qui met fin à la vie, même à la demande du patient, signifie toujours la mise à mort consciente d’une personne humaine. Nous ne comprenons pas que l’on veuille légiférer en une telle matière au moment même où, en de nombreuses parties du monde, l’on est devenu particulièrement sensible à la protection de la vie de chaque individu. Sans compter que la médecine dispose aujourd’hui de plus de connaissances et de techniques que jamais afin de contrôler la douleur.
1. Ce que nous refusons particulièrement
Est-on conscient que le projet de loi à discuter prochainement au Sénat va très loin ? En effet, il entend autoriser la pratique délibérée de l’euthanasie, non seulement pour celui qui souffre physiquement d’une maladie incurable, mais encore pour celui qui, dans une situation similaire, endure une souffrance de nature psychique jugée intolérable.
De plus, dans ces diverses situations, il ne sera même pas requis que le patient ayant sollicité l’euthanasie doive mourir à brève échéance.
En outre, l’euthanasie sera rendue possible pour des personnes qui ne sont plus en mesure d’exprimer leur volonté, mais qui l’auront antérieurement signifiée par écrit.
On objectera que, si elle est votée, la loi n’imposera à personne de recourir à l’euthanasie. Certes non, du moins pas de manière directe. Mais nous avons toutes les raisons de craindre que la possibilité légale de mettre fin à la vie ne déclenche une pression sociale sur les plus faibles. Cette pression sournoise aboutira à ce que certains se sentent plus vite ‘indésirables’ et expriment, de ce fait, le désir d’en finir avec la vie afin de ne plus être à charge d’autrui. Des signaux venus du terrain confirment cette appréhension.
En outre, une telle réglementation, si elle est votée, modifiera substantiellement, et de manière négative, la vocation des médecins et du personnel soignant. Car ce sont eux qui devront exécuter l’euthanasie. Et leur relation de confiance avec le patient et sa famille, si essentielle à leur missions, s’en trouvera gravement perturbée. Ceux qui réclament l’euthanasie au nom de la liberté individuelle devraient se rendre compte que cette dernière n’autorise pas à changer si profondément le sens de toute la profession médicale.
2. Ce que nous proposons
Il serait abusif de conclure de notre opposition à ce projet de la loi que notre idée est d’abandonner les personnes proches de la mort à une souffrance inutile et sans espoir. Une telle interprétation nous blesserait profondément. En effet, depuis des siècles, l’Église investit de nombreux moyens et consacre beaucoup de ressources humaines à l’accompagnement des personnes qui souffrent et qui agonisent.
Elle s’est aussi, à plusieurs reprises, opposée résolument à l’acharnement thérapeutique.
Par ailleurs, l’Église soutient énergiquement la mise en place progressive de soins palliatifs. Elle le fait avec une obstination particulière dans notre pays, qui compte tant d’institutions hospitalières d’inspiration chrétienne.
Si nous persistons à proclamer que l’euthanasie est une erreur, ce n’est donc manifestement pas par indifférence. C’est, au contraire, pour éviter d’en venir à une société froide et pragmatique, une société sans tendresse où, trop facilement, l’on ne proposerait d’autre issue à la souffrance de fin de vie que la mise à mort de celui qui souffre.
Au-delà de ses aspects strictement médicaux, la problématique de l’euthanasie nous confronte inévitablement à la question du sens de la souffrance et de la vie elle-même. Pour nous, combattre la souffrance n’est pas seulement une affaire de technique médicale. Ce combat implique également que nous accordions l’attention requise aux questions essentielles que se pose la personne qui souffre. Oui ou non, notre société a-t-elle encore la ferme volonté d’exercer correctement cette authentique solidarité ?
Nous souscrivons pleinement à la recommandation du Conseil de l’Europe de juin 1999, où il est déclaré que toute la gamme des soins palliatifs doit être accessible à tous, que les gens ont le droit d’être informés sur leur état, qu’ils ne doivent pas être traités contre leur gré, qu’ils ont le droit à la lutte contre la douleur et qu’ils ne doivent pas redouter d’être à charge de leur famille et de la société. Nous applaudissons donc à la volonté du Sénat de s’occuper des soins palliatifs. Mais nous ne pouvons marquer notre accord pour que cela aille de pair avec une dépénalisation de l’euthanasie. Pour cette raison également, nous nous rallions à la recommandation du Conseil de l’Europe susmentionnée, laquelle rejette sans équivoque la décision délibérée de mettre fin à la vie de personnes incurables et proches de la mort.
Bruxelles, le 3 juillet 2001
Les évêques de Belgique
Une déclaration plus détaillée sur la question a déjà été publiée par les évêques de Belgique en 1994, sous le titre : L’accompagnement des personnes à l’approche de la mort. On peut se la procurer à l’adresse suivante : Secrétariat de la Conférence épiscopale, rue Guimard 1, 1040 Bruxelles, tél. : +32 2 509 96 93. On la trouvera aussi sur le site internet (www.catho.be).