ROME, Mardi 3 juillet 2001 (ZENIT.org) – La Caritas Bangladesh a lancé une campagne de prévention contre la traite des femmes et des enfants, indique la revue des Missions étrangères de Paris, « Eglises d´Asie », dans son édition du 1er juillet (n.334, www.eglasie.org), qui dénonce un trafic organisé d´enfants et de femmes en vue de la prostitution et des transplantations d´organes.
Pour sa campagne nationale de mobilisation sur le problème de la traite des femmes et des enfants, Caritas Bangladesh vient de distribuer des milliers d’affiches et de tracts dans tout le pays. « Chaque année, de plus en plus de femmes et d’enfants sont exportés du Bangladesh vers d’autres pays par des bandes organisées », dénonce Benedict Alo D’Rozario, directrice de Caritas Bangladesh pour la gestion et l’aménagement des catastrophes. 20 000 tracts et 10 000 affiches ont été distribués aux 250 antennes locales de la Caritas Bangladesh à travers tout le pays pour lutter contre ce trafic et inviter les gens à en parler, a-t-elle précisé. Ni les paroisses ni les lieux où des projets de Caritas sont en voie de réalisation n’ont été oubliés. Les affiches représentent deux mains noires, symboles des trafiquants, dirigées vers deux enfants, un garçon et une fille, et une femme sous lesquelles on peut lire en bengali le slogan suivant : « Sauvons les enfants et les femmes des mains des trafiquants ».
D’après le tract, diffusé à partir de mai dernier, « des milliers de femmes et d’enfants sont enlevés au Bangladesh et emmenés en Inde, au Pakistan et en différents pays du Moyen-Orient ». Pour combattre ces « très graves violations des droits de l’homme », des rencontres, une formation pour les filles, l’enregistrement des mariages et des naissances et l’organisation de comité de défense dans les régions frontalières à hauts risques sont parmi les mesures préconisées. La campagne suggère également que l’administration et la police soient informées à propos de la manière d’aider et de sauver ces femmes et ces enfants et que soit bien comprise par tous l’importance pour leur réhabilitation d’un bon accueil social et familial.
Les tracts avertissent que ce sont les orphelins, les enfants pauvres, les jeunes veuves et les femmes divorcées qui sont les cibles privilégiées des trafiquants. Des femmes et des enfants plus ou moins handicapés physiques ou mentaux, les enfants non désirés, les victimes de viol et les toxicomanes sont des proies favorites pour les trafiquants qui leur promettent du travail, un mariage, une bonne nourriture et des vêtements, des jouets ou des conditions de vie meilleure. Les femmes sont prostituées de force et les enfants travaillent comme domestiques, esclaves ou jockeys dans les courses de chameaux. Certains même sont vendus pour fournir les organes dont les chirurgiens ont besoin pour leurs greffes, affirment encore ces tracts.
D’Rozario a expliqué que la campagne visait les régions de Rajshahi, Dinajpur et Khulna, proches de la frontière indienne et moins surveillées. Les zones à risque, précisent encore les tracts, sont les gares, les trains, les gares maritimes et routières, les camps de réfugiés et les villages surpeuplés. Il rapporte le cas d’une jeune fille : Shetara, 17 ans, qui a été emmenée en Inde par un groupe d’hommes ; reprise après s’être échappée, elle fut ensuite vendue à une maison close du Bangladesh pour 600 takas (10,40 dollars US) ; elle a raconté qu’elle et les autres filles qui partageaient son sort étaient battues si elles n’acceptaient pas d’avoir des relations sexuelles avec les clients. Elle a aussi raconté qu’elle était souvent emmenée de l’autre côté de la frontière pour des « spectacles de danse », à Calcutta, en Inde.
Les tracts signalent que, bien qu’illégal, ce trafic est en augmentation : le gouvernement comme les organismes non gouvernementaux n’ont pas réussi à l’endiguer. La loi bangladaise contre la torture des femmes et des enfants, votée en l’an dernier, stipule que ce trafic est puni de 20 ans de prison et même de la prison à vie dans certains cas. La campagne de Caritas Bangladesh contre la traite des femmes et des enfants est soutenue par l’Association asiatique pour le développement de l’homme, basée à Bangkok, et 42 autres organisations non gouvernementales. Un rapport publié par l’UNICEF et le gouvernement bangladais estime à 4 500 le nombre des femmes et des enfants victimes des trafiquants chaque année. Selon d’autres estimations, le chiffre réel serait en fait quatre fois supérieur.
© Eglises d´Asie