CITE DU VATICAN, Mercredi 23 mai 2001 (ZENIT.org) – Les instruments de la collégialité existent, il faut perfectionner leur usage: c´est ainsi qu´on pourrait en substance résumer plusieurs vœux émis par de nombreux cardinaux au cours de ce consistoire à propos de l´exercice de la collégialité dans l´Eglise. Ce fut en particulier l´un des points abordés dans plusieurs media internationaux par le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles. Pour le primat de Belgique, ce qu´il faut favoriser c´est une culture du « débat » dans l´Eglise.
Le cardinal Danneels a ainsi repris une idée qu´il porte depuis longtemps: offrir à l´évêque de Rome une consultation plus fréquente des évêques qui sont « sur le terrain ». Pour cela, il souhaite que les évêques du monde élus par leurs conférences épiscopales respectives (quelques centaines sur plus de 4.000 évêques) se réunissent en synode « autrement ».
Le consistoire, rappelons-le, réunit actuellement 153 des 183 cardinaux du monde. Jamais ils n´ont été si nombreux en consistoire. Les consistoires, les synodes, les conférences épiscopales, mais aussi la curie et le pontife romain lui-même, font partie des instruments de ce rapport harmonieux entre Eglise universelle et Eglises particulières.
Au cours des années, cette idée a mûri chez le cardinal Danneels, et s´est confrontée à l´expérience des synodes continentaux que Jean-Paul II a régulièrement réunis en vue de la préparation au Grand Jubilé, parfois à un rythme de deux par an (Asie et Océanie en 1998, Europe en 1999: on attend la publication des exhortations apostoliques correspondantes).
Le prochain synode aura lieu du 30 septembre au 27 octobre, sur le thème de l´identité et du ministère de l´Evêque. Le pape lui-même soulignait, samedi dernier encore, en recevant les évêques du Pakistan, que la sollicitude pastorale des évêques devait s´exercer non seulement au niveau local, mais national et au niveau de l´Eglise universelle. Autrement dit au niveau du diocèse, des conférences épiscopales et au niveau de la collégialité dans l´Eglise universelle, autour du Successeur de Pierre.
Mais le cardinal n´est pas autant entré dans les détails qu´en mai 1997. On se souviendra peut-être qu´alors le cardinal confiait au bi-mensuel italien « Il Regno » cette idée que « la curie romaine ne doit pas être un organe de commandement ». A propos de la Primauté de Pierre, « il n´y a qu´une chose qu´on ne peut changer, disait le cardinal, c´est la volonté du Christ pour ce qui concerne l´Eglise. C´est une question de dogme que le pape soit le successeur de Pierre et détienne la primauté dans l´Eglise. C´est la partie théologique à laquelle on ne peut toucher ».
Mais le cardinal soulignait le « fort processus de centralisation » du deuxième millénaire et souhaitait le lancement d´un ample processus de décentralisation », déjà en acte dans les faits.
Pour ce qui est de l´amélioration de la collégialité, elle est en particulier rendue possible en raison de « meilleures possibilités de communication », remarquait le Primat de Belgique. Il souhaitait « plus de consultations sérieuses de tout l´épiscopat sur des questions déterminées ayant trait à des grands thèmes théologiques, ecclésiologiques et moraux ».
Pour ce qui est des synodes, il souhaitait que « leur fonction de collaboration et de participation à l´exercice de la primauté » soit plus marquée. « Je pense, disait le cardinal Danneels, que le Pape n´y serait pas contraire. Le synode tel qu´il fonctionne à l´heure actuelle n´est pas satisfaisant: quatre semaines, des exposés mais peu de possibilité d´approfondissement et de réflexion, pour arriver à des « propositions » qui sont rédigées en une nuit ou en vingt-quatre heures ». La quatrième semaine en effet la plupart du temps très éprouvante, avec le travail de nuit qu´elle implique: une semaine « massacrante », dit-on en italien.
Et pour ce qui est des conférences épiscopales, « elles peuvent être nécessaires, en tant qu´instruments de contact entre les évêques », disait-il, émettant cependant des réserves pour préserver l´autonomie des diocèses. Il ajoutait: « Elles sont utiles à la communication, à la construction du consensus, mais je ne leur donnerais pas trop d´importance, parce que j´ai toujours peur que l´on réduise l´Eglise aux églises nationales. Pour moi la conférence épiscopale est un instrument valide mais je suis pour l´autonomie des diocèses ».
Et de préciser sa pensée: « Je ne voudrais pas, par exemple, que la conférence épiscopale dise: nous avons voté à la majorité et toi, évêque de ce diocèse, tu dois faire ce que nous avons décidé ».
Mais déjà, le cardinal Danneels songeait à limiter le rôle de la curie romaine, en affirmant: « Elle doit se cantonner à son rôle: un instrument pour le Pape et rien d´autre. Et donc ne pas aller outre. Je comprends que cela puisse arriver, parce que le Pape ne peut pas suivre tout: il voyage, il a le souci des Eglises (…). Mais on doit empêcher que la curie devienne un organe de commandement qui assume une partie de l´autorité du Pontife ». On pense que ces propos seront d´autant plus d´actualité que l´état de santé du pape, et le rythme intense de ses activités publiques, lui imposent de beaucoup « déléguer ».
Pourtant, le cardinal soulignait la nécessité d´un « contact plus fréquent entre les chefs des dicastères et le Pape ». Enfin, il souhaitait autour du pape la formation d´une forme de « conseil de la couronne » composé de six ou sept évêques ou cardinaux du monde entier, ayant la fonction de « conseillers ».
Dans ses différentes interventions, le cardinal Danneels a également évoqué une crise touchant la dimension sacramentelle de l´Eglise. Et pour la formation des pasteurs, il soulignait l´importance de la connaissance des richesses de la culture contemporaine. Enfin, comme le cardinal Carlo Maria Martini dans sa fameuse lettre pastorale, prenant appui sur une réflexion de Dostoïevski, sur cette « beauté » qui « sauvera le monde », il insistait sur l´importance catéchétique de la voie du Beau pour conduire à Dieu.