CITE DU VATICAN, Jeudi 17 mai 2001 (ZENIT.org) – La liberté économique, recommande Jean-Paul II, ne doit jamais être séparée du « devoir d´équité dans la distribution de la richesse ». Le pape encourage dans ce sens une fondation italienne, pour qu´elle intègre dans le domaine de l´économie « les perspectives et les indications du magistère et de la doctrine sociale de l´Eglise »: il explique pour cela ce qu´il entend par « qualité globale ». Le pape affirme en particulier qu´il est possible de « guérir » la « plaie planétaire du chômage ».
Le pape Jean-Paul II a reçu ce matin en audience en la salle Clémentine du palais apostolique les participants d´une rencontre promue par la récente Fondation italienne » Ethique et économie » de Bassano del Grappa, conduite par M. Tullio Chiminazzo. La Fondation rassemble des personnes du monde entier et de différentes cultures.
La Fondation promeut en effet une initiative , explique le pape, pour « approfondir de différents points de vue, le projet exigent d´une réflexion articulée sur la mondialisation, la solidarité et la libre initiative économique, sur les bases de solides valeurs éthiques et spirituelle ». Mondialisation de la solidarité: le thème est d´actualité puisqu´il est à l´agenda du prochain consistoire.
Les membres ont en commun, souligne le pape de vouloir « conjuguer liberté, développement et équité, selon les principes évangéliques de la solidarité ». Une tâche, disait Jean-Paul II « d´autant plus nécessaire à notre époque, marquée par de profonds changements sociaux ».
Certes la mondialisation, observe le pape, offre des perspectives de « croissance » et de « production de richesses ».
Mais beaucoup admettent, continue Jean-Paul II, qu´en soi, elle n´assure pas l´équité de la distribution des biens entre citoyens d´un même pays ni entre les citoyens de différents pays ».
« En réalité, la richesse produite demeure souvent concentrée entre un petit nombre de mains avec comme conséquence une ultérieure perte de souveraineté des Etats nationaux déjà suffisamment faibles dans les régions en voie de développement, et débouche sur un système mondial gouverné par quelques centres aux mains de particuliers. Le libre marché est, certes, un caractère indubitable de notre époque. Mais il existe cependant des besoins humains impératifs, qui ne peuvent être laissés à la merci de cette perspective, avec le risque d´être phagocytés ».
L´enseignement de l´Eglise enseigne, rappelle Jean-Paul II que « la croissance économique doit être intégrée à d´autres valeurs, de façon à devenir croissance en qualité, c´est-à-dire avec équité, stabilité, respect des individualités culturelles et sociales, et écologiquement supportable « . Elle ne peut, insiste le pape, « être séparée d´un investissement fait aussi dans les personnes, les capacités créatives et innovatrices de l´individu, première ressource de toute société ».
Développant ce thème de sa Lettre « Novo millennio ineunte », le pape soulignait que cette mondialisation doit inclure tout le monde. « Il faut par conséquent, disait-il, s´efforcer d´éliminer les poches persistantes de marginalisation sociale, économique et politique ».
Le pape relève l´ambiguïté du phénomène de la globalisation, « bien potentiel pour l´humanité » et « mal social non sans graves conséquences ». Il suggère de l´orienter dans « un sens positif » grâce à la « globalisation de la solidarité », grâce à une « nouvelle culture », des « règles nouvelles », des « institutions nouvelles au niveau national et international ».
Il recommande en particulier la collaboration entre politique et économie, pour protéger les éventuelles victimes des processus de la mondialisation, au niveau planétaire. Et de préciser qu´il pense en particulier aux « instruments qui puissent alléger le pesant fardeau de la dette extérieure des pays en voie de développement, ou à des législations qui protègent l´enfance de l´exploitation provoquée par la mise prématurée d´enfants au travail »
Le pape insiste aussi sur la « qualité » des produits, mais rappelle le primat de qui produit sur le produit lui-même. Il élabore ainsi un concept de « qualité totale » qu´il définit comme « la condition globale de l´homme dans le processus de production ». Et d´affirmer, ce qui rappelle un thème présent dès « Laborem exercens »: « C´est seulement si l´homme est protagoniste et non esclave des mécanismes de la production que l´entreprise de vient une vraie communauté de personnes. Voilà l´un des défis lancé aux nouvelles technologies, qui ont déjà soulagé une partie de la fatigue humaine, mais lancées aussi aux employeurs, direct et surtout indirect, autrement dit à toutes les forces dont dépendent les orientations de la finance et de l´économie ».
Le pape souhaite par ailleurs que soient trouvées « des solutions efficaces au problème du chômage » dont il répète qu´il constitue une « plaie planétaire que l´on pourrait guérir si les parcours du capital ne perdaient jamais de vue le bien de l´homme comme l´objectif à atteindre ».